Accord de Paris : seule une grande entreprise sur huit réduit suffisamment ses émissions de gaz à effet de serre

par Matthieu JUBLIN
Publié le 10 juillet 2019 à 13h33

Source : JT 20h WE

PRÉVOYANCE - Selon une étude du Grantham Research Institute réalisée pour un groupe de gros investisseurs, un quart des entreprises qui contribuent le plus au réchauffement climatique ne publient pas les chiffres de leurs émissions de gaz à effet de serre, et près de la moitié ne prennent pas en compte ce risque dans leurs décisions.

La majorité des entreprises les plus émettrices de gaz à effet de serre (GES) sont mal parties pour permettre à l'accord de Paris d'être respecté, et donc au réchauffement climatique d'être limité à 2 degrés. Ce sont les conclusions d'une étude réalisée par Grantham Research Institute de la London School of Economics, pour le compte du Transition Pathway Initiative (TPI), un groupe d'investisseurs dont les actifs représentent 14.000 milliards de dollars et qui évalue la capacité des entreprises à agir contre le réchauffement.

Parmi les 160 entreprises les plus émettrices, 1 sur 8 est en phase avec l'accord de Paris

L'étude porte sur les 274 entreprises les plus émettrices de GES, qui ont en commun de devoir publier certaines données financières. Parmi elles, environ un quart ne publie pas de décompte de leurs émissions de GES, et la moitié ne prennent pas en compte le réchauffement climatique dans leurs décisions.

En resserrant l'échantillon aux 160 entreprises les plus émettrices de GES, l'étude conclue que seules 20 - soit une sur huit - réduisent leurs émissions à un rythme permettant de rester sous les 2°C de réchauffement d'ici la fin du siècle. Parmi les entreprises suffisamment vertueuses, Reuters cite la compagnie énergétique allemande E.ON, ou l'espagnole Iberdrola, ainsi que l'entreprise californienne Edison International, ou le producteur de papier finlandais Stora Enso. 

Les investisseurs doivent se positionner d'urgence
Adam Matthews

"Ça fait plus de 3 ans que l'accord de Paris a été signé, et cette étude montre que le secteur privé améliore sa préparation et ses performances par rapport au réchauffement climatique, mais pas assez rapidement", a commenté Simon Dietz, le codirecteur du Grantham Institute, dans le Guardian. L'accord de Paris, obtenu à l'issue de la COP21, fixe comme objectif une limitation du réchauffement climatique de 2 degrés d'ici la fin du siècle par rapport à la moyenne pré-industrielle, mais les engagements actuels - qui sont loin d'être tenus - orientent plutôt le monde vers un réchauffement de 3 degrés.

"L'horloge tourne et le réchauffement climatique devient irréversible", a déclaré pour sa part Adam Matthews, coprésident du TPI. Et d'ajouter que "les investisseurs doivent se positionner d'urgence, sinon la fenêtre permettant d'assurer la transition disparaîtra".


Matthieu JUBLIN

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