Emmanuel Macron présente, ce lundi, sa stratégie nationale pour la Planification écologique et énergétique.Un plan dans lequel le gouvernement va demander des efforts à tous les secteurs pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.TF1info vous guide pour savoir comment, à votre échelle, il est possible de limiter votre empreinte carbone.
Une feuille de route pour tenter de limiter nos émissions de gaz à effet de serre et lutter contre les effets du changement climatique dû aux activités humaines. C'est le but de la Planification écologique qu'Emmanuel Macron doit officiellement présenter, lundi 25 septembre. Un plan national attendu depuis plus d'un an qui doit préciser les actions à mener pour réduire l'empreinte carbone de la France. Des entreprises aux particuliers, un effort devrait être demandé à tous. Car les ménages français peuvent, eux aussi, faire la différence en modifiant quelques habitudes de consommation. TF1info fait le point sur ces gestes du quotidien qui peuvent aider à sauver la planète.
Viande, artichaut et vin : l'alimentation au coeur des actions
"Si on pense à nos vies quotidiennes, il y a trois secteurs qui représentent à peu près deux tiers de l'empreinte carbone des Français, c'est la mobilité, l'alimentation et le logement", détaille pour TF1info Laura Brimont, consultante sur les modes de vie durable.
Un repas sans viande plutôt que du bœuf : 6,6 kg d'eCO2 économisés. Et nos assiettes représentent un secteur important pour limiter nos émissions de CO2. En premier lieu, le choix de nos repas et notre consommation de viande. Question déjà bien connue, limiter la consommation de bœuf ou de poulet est capital pour réduire son empreinte carbone. "Par exemple, manger un repas avec de la viande rouge, c'est environ 7 kg en équivalent CO2 (eCO2), alors que si vous mangez un repas avec du poulet, c'est 1,6 kg d'eCO2 émis par repas et si vous passez à un repas végétarien, c'est 0,5 kg d'eCO2, dont ça a vraiment de l'importance", pointe Florence Clément, chargée de la communication à l'Ademe. Passer d'un repas avec du bœuf à un repas sans permet ainsi d'économiser 6,6 kg d'eCO2, un chiffre important quand on sait que pour limiter le réchauffement planétaire, il faudrait que les Français limitent leurs émissions de CO2 à deux tonnes par an et par personne, contre environ 8 aujourd'hui.
Mais attention à ne pas remplacer le bœuf par du poulet ou une autre viande blanche - des viandes dont la consommation est en hausse de 23% ces dix dernières années - elles aussi néfastes pour le climat, car l'élevage des poulets émet de grandes quantités de protoxyde d'azote, utilisé pour produire les engrais nécessaires à les élever. "Même si un poulet n'émet pas autant qu'une vache, toute la chaîne pour le nourrir utilise beaucoup d'engrais azotés et de pesticides qui posent problème", pointe Laura Brimont. Et Laurence Clément de conseiller : "Si on a besoin de garder de la viande à chaque repas, dans ces cas-là, il vaut mieux diminuer les portions, ce qui est vraiment important pour diminuer notre consommation".
Manger un kilo d'aubergine plutôt que d'artichaut : -3,4 kg d'eCO2. La viande n'est pas le seul axe à développer pour limiter son empreinte carbone, le choix des fruits et légumes est aussi déterminant. Selon les chiffres de l'Ademe, consommer un kilo d'artichaut émet 3,9 kg d'eCO2 contre 0,5 pour l'aubergine, 0,4 pour un kilo de carottes ou d'épinard. À l'opposé, la mangue (11 kg d'eCO2 par kilo), les noisettes (4,7 kg d'eCO2 par kilo) ou les haricots verts (7 kg d'eCO2 par kilo) augmente fortement l'empreinte carbone.
Un litre café plutôt qu'un de chocolat chaud : 0,6 kg d'économies. Concernant les boissons, pour le matin, le verre de lait est bien plus émetteur de CO2 que le café, qui permet d'économiser 0,6 kg d'eCO2 par litre. "Si vous arrêtez de manger de la viande bovine, mais que vous continuez à consommer du lait, il y a un problème, car pour faire du lait, il faut produire des veaux", pointe Laura Brimont. Autre boisson qui permet de limiter son empreinte carbone : le thé, qui ne consomme que 0,04 kg d'eCO2 par litre, soit une économie de 1,16 kg d'eCO2 par litre par rapport au lait. Hors boissons chaudes, un litre de vin est tout aussi émetteur qu'un litre de lait avec 1,2 kg d'eCO2 émis et un litre de bière produit, lui, 1,1 kg d'eCO2.
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30 km en RER plutôt qu'en voiture : 6,8 kg d'eCO2 économisés
Le RER plutôt que la voiture : -6,8 kg d'eCO2 pour 30 km. Le secteur des transports est une autre levier important pour limiter ses émissions de CO2. "Par exemple, si vous avez à peu près 30 km à faire pour vous rendre au travail, si vous y allez en voiture, vous allez émettre 7 kg de CO2, donc autant qu'un repas avec de la viande. Si vous y allez en transport en commun, en RER ou en Transilien, c'est 0,2 kg de CO2", détaille Laurence Clémence, soit une économie de 6,8 kg d'eCO2 par trajet. Une solution qui vaut pour les habitants des grands centres urbains et non pour les territoires ruraux qui, eux, peuvent faire le choix d'une voiture électrique, qui permet d'économiser 3,9 kg d'eCO2 pour ce même trajet de 30 km.
Un scooter plutôt qu'une moto : une économie de 3,7 kg d'eCO2. Se déplacer en scooter ou à moto légère permet aussi de faire des économies : -1,4 d'eCO2 émis pour ces mêmes 30 km par rapport à la voiture thermique. Des économies qui ne valent que pour les deux-roues légers, une moto "classique", elle, émet davantage avec 6 kg d'eCO2 pour 30 km. Sans surprise, l'avion est le moyen de transport le plus polluant, et l'écart se creuse par rapport à la voiture au fer et à mesure que le trajet se rallonge. Pour 30 km, l'empreinte du trajet en avion est le même que celui en voiture, mais il émet 14 kg d'eCO2 de plus sur un trajet de 500 km.
"Si on veut limiter son empreinte, on peut aussi moins se déplacer, faire du télétravail ou mutualiser, c'est-à-dire, aller faire ses courses en revenant du bureau, ou ce type d'action", détaille également Laura Brimont qui pointe également la nécessité de développer le covoiturage "très intéressant dans les territoires périurbains ou ruraux". Selon l'Ademe, prendre un covoitureur sur un trajet permet d'économiser 3,7 kg d'eCO2 par rapport au même trajet seul (3,3 kg d'eCO2 émis contre 7 kg).
Ordinateur fixe et 5G : trop d'émissions
La qualité des vidéos regardées : jusqu'à 12,4 kg d'eCO2 d'économies. Les usages numériques peuvent également permettre de faire d'importantes économies de gaz à effet de serre. "On a des habitudes aujourd'hui de regarder beaucoup de vidéos en streaming, c'est une grosse partie des échanges de données", pointe Florence Clément. "Il y a une grosse différence entre le visionnage en haute définition, en basse définition, en Wi-Fi et en 4G. Par exemple, si vous regardez sur votre portable des vidéos environ 10h par semaine, ce qui n'est pas beaucoup, par an, vous arrivez à 15 kg de CO2. Alors que si vous regardez cette vidéo en basse definition, vous n'émettez que 3,6 kilos par an. Et si vous regardez cette vidéo en 4G, vous êtes à 39 kilos par an". Ainsi, 7h de streaming par semaine en 4G haute définition émet autant que 60 km en voiture ou 1,8 repas avec du bœuf.
Un ordinateur portable plutôt qu'un ordinateur fixe : une économie de 306 kg d'eCO2. Les équipements choisis jouent également un rôle dans l'empreinte carbone. Selon les chiffres de l'Ademe, un ordinateur fixe produit 468 kg d'eCO2 contre 162 pour un ordinateur portable. L'empreinte la plus importante pour ces équipements étant leur fabrication.
La solution : cumuler de petits gestes
Rénover son logement pour mieux l'isoler ou modifier ses habitudes de consommation pour acheter des habits ou du mobilier sont également des leviers pour diminuer son empreinte carbone. Sans surprise, sur la consommation d'énergie, se chauffer à l'électricité est bien meilleur pour la planète par rapport au fioul avec 47 kg d'eCO2 économisés par an, soit 218 km en voiture pour un usage normal. Deux ans de chauffage au fioul représentent trois ans de chauffage au gaz et 18 ans de chauffage électrique pour une consommation équivalente pour une surface moyenne de 113 m².
"Cumuler tous ces gestes va permettre aux Français de diminuer leur empreinte carbone et réussir à atteindre ces 2 tonnes d'eCO2 par an et par personne qui sont vraiment un enjeu capital pour réussir à limiter le réchauffement de la planète et atteindre cette neutralité carbone dont on entend parler", conclut Florence Clément. Et pour calculer son empreinte, plusieurs sites sont à disposition, et notamment celui développé par l'Ademe : nosgestesclimat.fr qui propose de personnaliser les calculs pour connaître exactement ses émissions de gaz à effet de serre au quotidien.