En décembre dernier, la SNCF a été épinglée pour publicité mensongère concernant sa communication sur la pollution de ses trains.Si le train reste le moins polluant pour se déplacer, il faut inclure dans le calcul le poids des constructions.Le nombre de passagers reste néanmoins un élément important pour choisir son mode de transport.
"Voyager en train à grande vitesse c’est 50 fois moins de CO2 émis que pour un voyage en voiture et 80 fois moins qu’en avion." Pour inciter les Français à préférer le train à l’avion ou à la voiture, la SNCF insiste sur l’aspect écoresponsable de son moyen de transport et l’illustre même en chiffre. Or, l’entreprise a justement été épinglée en décembre pour cette campagne publicitaire.
Pour le Jury de déontologie publicitaire, saisi par une plainte de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM), le message porté par cette publicité est de nature à tromper le public en omettant dans ses calculs "l’incidence de la construction et de la maintenance des infrastructures", et donc une part de l’empreinte carbone liée à un trajet en train. Le Jury note aussi que ce calcul se révèle être une moyenne, ce qui n’est indiqué nulle part sur la publicité.
Parfois plus de 70 fois plus polluant de prendre l'avion que le train
De son côté, la SNCF s’est défendue en renvoyant aux chiffres de 2020 de l’Ademe, l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, utilisés pour ses estimations. Depuis cet avis, elle a pourtant revu sa copie et nous a transmis d’autres ordres de grandeur. Un voyage en TGV équivaudrait en fin de compte à "12 fois moins de CO2 émis qu’en voiture électrique, 26 fois moins de CO2 émis qu’en voiture thermique et 65 fois moins de CO2 émis qu’en avion".
Pour y voir plus clair, l’Ademe met à disposition son propre outil pour estimer la quantité d’émissions rejetées par ses déplacements, en fonction du trajet et du moyen de transport choisi. Par exemple, un voyage entre Paris et Toulouse est de loin le moins polluant en TGV (1,9 kg d’équivalent CO2 par personne), suivi du car (20 kg de cO2e), de la voiture électrique, (70 kg de CO2e), de l’avion (135 kg de CO2e) et enfin de la voiture thermique (148 kg de CO2e). Ce qui signifie que le passager d’un TGV rejette, entre Paris et Toulouse, 36 fois moins qu’en voiture électrique, 71 fois moins qu’en avion et 77 fois moins qu’en voiture thermique.
Mais ce calcul ne tient pas compte du coût des infrastructures… soit l’ensemble des émissions liées aux travaux de construction ou aux opérations de maintenance. Une information qui serait jugée par l'Ademe moins utile pour les voyageurs. Si l’on inclut cet élément, le train devient alors moins vertueux sur le plan écologique puisque certaines lignes de trains régionaux ne sont toujours pas électrifiées en France (en gris sur la carte ci-dessous). "1415 km de lignes sont électrifiés, sur les 15.000 km de ‘petites lignes’ en France", assure cependant la SNCF, qui veut tendre à un objectif de neutralité carbone d’ici à 2050. Et donc à une "décarbonation du ferroviaire".
Or, la Cour des comptes le confirme, "si les émissions par passager des trains TER électriques sont négligeables, celles des trains TER motorisés au diesel sont très élevées lorsqu’ils sont peu occupés". Dans un rapport publié en 2019 sur l’ouverture à la concurrence, l’autorité indépendante prend l’exemple d’"un train TER diesel transportant 10 voyageurs (comme, par exemple, entre Saumur et La Roche-sur-Yon) (qui) émet 539 grammes de CO2 par voyageur-kilomètre, soit une pollution près de cinq fois plus élevée qu’une voiture occupée par 1,9 voyageur", ce dernier chiffre étant la fréquentation moyenne d’un véhicule de particuliers.
Ce que constate la Cour des comptes ici doit être pris en compte dans une comparaison des bilans carbone de chaque moyen de transport. Comme nous le développions dans un précédent article, les émissions liées à chaque mode de déplacement varient selon le nombre de passagers à bord, d’où l’intérêt grandissant pour le covoiturage. Par exemple, pour un trajet de 51 km en voiture thermique calculé par l’Ademe, l'empreinte carbone par passager passe de 11 kg de CO2e sans covoitureurs à 6 kg avec un covoitureur et tombe même à 2,8 kg de CO2e avec trois covoitureurs.
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