Il n'en reste que 10 dans le monde : les marsouins du Pacifique finalement sauvés de l'extinction ?

A.B. avec AFP
Publié le 5 mai 2022 à 23h21

Source : JT 20h WE

On les croyait condamnés à l'extinction : les marsouins du Pacifique est aujourd'hui l'espèce de mammifères marins la plus menacée.
Les scientifiques estiment qu'il n'en reste qu'une dizaine dans les eaux du golfe de Californie.
Mais cet animal aquatique pourrait finalement être sauvé.

C'est une bonne nouvelle sur le front de la biodiversité. Alors qu'on les croyait condamnés à l'extinction, les marsouins du Pacifique pourraient finalement être sauvés. Cette espèce de mammifères marins est la plus menacée au monde : les scientifiques estiment qu'il n'en reste qu'une dizaine dans les eaux du golfe de Californie. Un nombre qui, pour beaucoup, fait poser un risque trop important de consanguinité pour leurs futures progénitures et condamne donc l'espèce à disparaître.

Mais cette théorie est aujourd'hui remise en cause. Une étude publiée jeudi par la prestigieuse revue Science assure en effet que, malgré leur faible nombre, les marsouins ne sont pas voués à disparaître pour des raisons génétiques. Du moins à une condition : que les pratiques de pêche à l'origine de leur déclin cessent complètement.

Un enjeu diplomatique

"Nous essayons d'aller à l'encontre de cette idée qu'il n'y a aucun espoir, qu'il n'y a rien que nous puissions faire pour les sauver", a déclaré à l'AFP Jacqueline Robinson, auteure principale de l'étude et chercheuse à l'Université de Californie à San Francisco. Une ultime tentative de sauvetage soutenue à travers le monde, et notamment par l'acteur Leonardo Di Caprio, alors que la question des marsouins du Pacifique est devenue un enjeu diplomatique, les États-Unis faisant pression sur le Mexique pour sauver l'espèce.

De la même famille que les dauphins, ces marsouins mesurent en moyenne un peu plus d'un mètre seulement, ce qui en fait la plus petite espèce de cétacés au monde. Appelé "vaquita marina" (petite vache marine) au Mexique, l'animal ne vit que dans une zone très restreinte, dans le nord du golfe de Californie. Au 20e siècle, il a été décimé par les larges filets maillants utilisés pour pêcher particulièrement un poisson lui-même menacé, le totoaba, très recherché dans certains pays. Bien que la pêche de ce poisson ait été déclarée illégale, l'interdiction n'est pas toujours respectée.

Or, les marsouins se prennent dans ces filets, causant leur mort. Lors de leur premier recensement, en 1997, ils n'étaient déjà plus que 570.  Aujourd'hui, l'espèce est au bord de l'extinction. Mais sa rareté pourrait la sauver. En effet, les chercheurs qui ont analysé le génome de ces animaux entre 1985 et 2017 ont déterminé que les marsouins du Pacifique avaient toujours été rares, leur population n'ayant jamais dépassé les quelques milliers sur les 250.000 dernières années.

Leur diversité génétique est ainsi très faible. "En général, on estime qu'une faible diversité génétique est une mauvaise chose. Mais dans ce cas, cela représente un avantage pour la possibilité de survie des marsouins du Pacifique", a expliqué Jacqueline Robinson. 

"Rester à l'abri de la sélection naturelle"

Dans le détail, la consanguinité est problématique lorsqu'elle engendre un nouvel animal héritant de deux copies génétiques très proches, ce qui peut provoquer des mutations néfastes dans le code génétique des nouveaux individus. Mais dans le cas des marsouins, leur nombre ayant toujours été très faible, ces mutations néfastes n'existent pas. "Donc ces mutations ont historiquement été éliminées bien plus efficacement que dans de grandes populations, où elles peuvent persister et rester à l'abri de la sélection naturelle." 

Si ce constat est une bonne nouvelle, le petit animal n'est pas sauvé pour autant. Pour sauver l'espèce, il faut également stopper totalement la pêche au filet, responsable d'un grand nombre de morts chez les marsouins. Si une telle mesure était prise, le risque d'extinction de l'espèce ne serait alors plus que de 6%. Mais il faut que toute activité cesse, car avec une réduction de 80% de cette pêche, les marsouins auraient toujours 62% de chances de disparaître.

Pour sauver le petit animal, il y a donc urgence. Mais "si nous les perdons, ce sera le résultat de choix humains, pas de facteurs génétiques", souligne dans un communiqué Christopher Kyriazis, de l'Université de Californie à Los Angeles et co-auteur de l'étude. Les scientifiques estiment que leurs simulations pourraient être appliquées à d'autres espèces rares, comme les tigres, la panthère de Floride ou encore le diable de Tasmanie...


A.B. avec AFP

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