Le Parlement européen et les États membres de l'UE sont parvenus à un accord, jeudi, sur un projet législatif clé sur la restauration de la nature et de la biodiversité.Le texte prévoit notamment d'imposer aux Vingt-Sept de restaurer au moins 30% des habitats abîmés d'ici à 2030.Ils devront également prendre des mesures pour améliorer l'état des forêts.
Le texte est une première en Europe. Jeudi 9 novembre, le Parlement européen et les États membres de l'Union européenne sont parvenus à s'entendre autour d'un projet législatif clé sur la restauration de la nature et la biodiversité. Une loi "historique qui définit des règles ambitieuses et praticables par tous", s'est réjoui sur X (ex-Twitter) Pascal Canfin, à la tête de la commission sur l'environnement au Parlement. Selon le communiqué publié par le Conseil européen, le texte va imposer aux 27 États membres de restaurer la nature sur au moins 20% des terres et des espaces marins de l'Union d'ici à 2030. Une mesure qui a pour but d'aligner l'Europe sur ses engagements pris lors de l'accord de Kunming-Montréal.
Insuffisante pour la biodiversité, cruciale pour l'océan
Le texte prévoit aussi d'imposer aux Vingt-Sept de restaurer d'ici à 2030 au moins 30% des habitats abîmés, puis 60% d'ici à 2040 et 90% d'ici à 2050. C'est la première fois que l'UE établit un calendrier clair sur ces enjeux alors que, selon Bruxelles, 80% des habitats naturels de l'UE - tourbières, dunes et prairies principalement - sont dans un état de conservation "mauvais ou médiocre" et que jusqu'à 70% des sols sont en mauvaise santé. Cette mesure pourra toutefois être "adaptée pour tenir compte de certaines spécificités nationales de façon à les rendre pertinentes au regard du contexte local".
Autres mesures : chaque État devra réaliser un plan de restauration pour donner à la Commission européenne ses objectifs quantitatifs et qualitatifs pour la remise en état des écosystèmes naturels comme les marais, les forêts, les zones humides ou les espèces protégées. Un plan qui devra être mis à jour en 2030, 2040 et 2050. Les espaces restaurés devront, par ailleurs, être protégés de toute dégradation et si certaines sont néanmoins indispensables, "elles devront être compensées par des mesures de restauration dans un type d’habitat équivalent (une zone humide dégradée devra donner lieu à une mesure de restauration équivalente d’une autre zone humide et non d’une parcelle forestière, ce qui ne ferait pas sens du point de vue de la biodiversité)", précise le communiqué.
Les terres agricoles sont également couvertes par cette nouvelle loi avec l'obligation d'augmenter progressivement les espaces réservés aux haies ou aux pollinisateurs ; tout comme les forêts, qui devront comporter des essences d'arbres plus diversifiées à l'avenir et devront être plus résilientes face au changement climatique. Enfin, concernant les espaces marins, le texte européen a "mis fin à une incohérence en matière de protection des écosystèmes marins", assure le communiqué. "Aujourd’hui, lorsque la France, par exemple, protège les dauphins dans le golfe de Gascogne, ces mesures ne s’appliquent pas aux pêcheurs espagnols qui continuent de pêcher dans la zone malgré l’interdiction faite aux pêcheurs français. Demain, les États auront l’obligation de s’entendre sur des mesures communes. À défaut, la Commission européenne pourra imposer des mesures de conservations applicables à tous".
Le texte a été salué par la ministre espagnole pour la Transition écologique, Teresa Ribera Rodriguez, qui s'est dit "fière" de la loi, "la première en son genre". "Elle nous aidera à reconstruire des niveaux sains de biodiversité et préserver la nature pour les générations futures, tout en combattant le changement climatique", a-t-elle ajouté. Toutefois, les ONG demandent à l'UE d'aller plus loin sur le dossier. Tatiana Nuno, haute responsable de la politique marine pour l'association environnementale Seas At Risk, estime ainsi que l'accord "est loin de ce qui est nécessaire pour faire face à la crise de la biodiversité, mais en ce qui concerne l'océan, c'est une étape cruciale vers la restauration de la précieuse vie marine qu'il abrite".