La canicule prévue pour la fin de la semaine pourrait atteindre des températures records.Sous l'effet du changement climatique, les épisodes de chaleur se font plus intenses et plus précoces ces dernières années.Certains climatologues pensent que le dérèglement du climat pourrait multiplier les pics de chaleur brefs et intenses.
Trop chaud, trop tôt : le mercure atteindra des sommets inédits pour un mois de juin cette fin de semaine, avec la barre des 40°C atteinte voire franchie dès jeudi dans une partie de l'Hexagone. Cet épisode caniculaire, qui s'avère être l'un des plus précoces jamais observés depuis les premiers relevés météo, constitue un symptôme très concret des effets du changement climatique, qui explique en grande partie son intensité et sa précocité selon les climatologues.
"C'est véritablement lors de phénomènes extrêmes de ce type que l'on perçoit réellement le réchauffement climatique. Mais il ne faut pas être surpris : ce que prévoyaient les rapports du Giec il y a 20 ans est seulement en train de se réaliser", explique à TF1info le climatologue Jean Jouzel, ancien vice-président du conseil scientifique de ce Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Les travaux de celui-ci ont en effet montré que la multiplication des émissions à effet de serre à cause des activités humaines a entraîné un réchauffement de l'atmosphère.
Son dernier rapport, rendu en deux volets entre 2021 et 2022, a insisté en particulier sur le lien quasi certain entre le changement climatique et la multiplication des phénomènes de forte chaleur. "Les extrêmes chauds, partout, sont plus fréquents et plus intenses du fait du réchauffement planétaire résultant des activités humaines", déclare sur Twitter celle qui a piloté cette publication l'an passé, la climatologue Valérie Masson-Delmotte, citant une précédente canicule précoce en 2019.
Saisons bouleversées et "effets en cascade"
Conséquence : d'ici 2050, les canicules seront deux fois plus fréquentes et/ou intenses, sous l'effet direct du dérèglement climatique, relève le CNRS sur son site. "La saisonnalité des vagues de chaleur va changer dans les années à venir : on les observera plus tôt et plus tard dans l’année, c'est-à-dire de juin à septembre, voire octobre", explique à TF1info Davide Faranda, climatologue au CNRS et chercheur à Institut Pierre Simon Laplace (IPSL).
À l'instar de températures de cette fin de semaine, qui pourraient grimper jusqu’à 15°C au-dessus des normales de saison, les épisodes de chaleur vont aussi se faire de plus en plus intenses dans les années à venir. Depuis l'ère pré-industrielle, la température moyenne globale a augmenté de 1,2°C sur Terre, recoupant en fait des pics de température locaux qui peuvent être très dangereux pour la santé humaine et le cycle de la biodiversité, notamment pour les cultures.
"Chaque degré de plus n'a pas des conséquences linéaires sur le climat : les vagues de chaleurs se multiplient rapidement, à cause des effets en cascade de la chaleur. Au-delà de 35°C par exemple, la végétation peine à réaliser la photosynthèse (processus par lequel les plantes rejettent de l'oxygène dans l'air, NDLR), les forêts ne nous rafraichissent plus mais peuvent rapidement s'enflammer. Et les incendies augmentent la température dans l'air et rejettent du gaz à effet de serre", détaille le climatologue.
En bref, à cause de ce cercle vicieux, quelques degrés de plus à l'échelle globale peuvent faire monter le mercure jusqu'à 45 ou 50 degrés localement. Et ces pics de chaleur se multiplient partout, que ce soit dans des pays comme l'Inde ou le Pakistan, qui ont affronté jusqu'à 50°C ces dernières semaines, ou le Canada, qui a atteint ce seuil l'an dernier, faisant des centaines de morts. La France n'est pas épargnée par la multiplication de ces épisodes : en 20 ans, entre 2000 et 2020, l'Hexagone a connu 26 vagues de chaleur selon le CNRS, contre 17 en plus de 50 ans, entre 1947 et 2000.
De plus en plus de "canicules-flèche" ?
Mais s'il est prouvé que les vagues de forte chaleur se multiplient et s'intensifient sous l'effet du réchauffement climatique et que le phénomène va s'accélérer, les climatologues cherchent à comprendre quelle sera la forme que ces vagues seront les plus susceptibles de prendre à l'avenir. Davide Faranda estime ainsi que le changement climatique pourrait être à l'origine de phénomènes météorologiques qui entraînent des pics de chaleur intenses et courts, comme c'est le cas cette semaine en France, plutôt que de longues périodes de chaleur légèrement moins forte. "L'augmentation globale des températures ne suffit pas à justifier des chaleurs si précoces, la circulation atmosphérique joue aussi", pointe le spécialiste.
Contrairement à la canicule de 2003, provoquée par un anticyclone stationné au-dessus de l'Hexagone, l'actuelle vague de chaleur s'explique ainsi par la combinaison d'un petit cyclone au large du Portugal, un phénomène appelé goutte froide, et un anticyclone dans le Sud de la France, qui fait remonter de l'air très chaud venu d'Afrique. Ce qui provoque une "canicule-flèche", intense mais plutôt brève.
"On est en train d’étudier le phénomène : notre hypothèse est que cette circulation bipôle est plus fréquente ces dernières années que dans le passé", explique le climatologue, citant la canicule précoce de juin 2019, provoquée par une même "structure cyclone-anticyclone". Une structure également à l'origine du déclenchement de violents orages, phénomènes "imbriqués" aux épisodes caniculaires, eux aussi multipliés par le réchauffement climatique, comme tout évènement météorologique extrême.
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