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À l'été 2022, 60.000 personnes sont mortes en Europe à cause des canicules

par Sarah BOUMGHAR
Publié le 11 juillet 2023 à 10h41

Source : Sujet TF1 Info

Des chercheurs ont évalué le nombre de décès causés par les vagues de chaleur qu'a connu le continent européen à l'été 2022.
Les scientifiques appellent à prendre les mesures nécessaires pour éviter une escalade du nombre de victimes dans les années à venir.

Elles sont une conséquence directe du réchauffement climatique. Les vagues de chaleur se font plus fréquentes et plus intenses en Europe ces dernières années. Entre le 30 mai et le 4 septembre 2022, il y aurait eu 61.672 décès attribuables à la chaleur sur le Vieux continent, selon l'analyse de scientifiques de l'Institut national français de la santé (l'Inserm) et de l'Institut de Barcelone pour la Santé Globale (ISGlobal), parue dans la revue Nature Medicine. Publiée ce lundi, elle appelle par ailleurs à redoubler d'efforts pour faire face aux canicules à venir

Les scientifiques estiment que la période entre le 18 et le 24 juillet, pendant laquelle s'est produite une vague de chaleur particulièrement intense, est la plus meurtrière, puisque 11.637 décès y sont associés. "C'est un nombre de décès très élevé", déplore Hicham Achebak, chercheur à l'Inserm et co-auteur de l'étude. "On connaissait les effets de la chaleur sur la mortalité avec le précédent de 2003, mais avec cette analyse, on voit qu'il reste beaucoup de travail à faire pour protéger les populations". Plus de 70.000 personnes sont mortes lors de la canicule de 2003 sur le continent européen. 

68.000 morts dans les années à venir

L'année dernière, la France a enregistré la plus forte augmentation de température par rapport aux moyennes de saison, avec +2,43ºC au-dessus des valeurs moyennes de la période 1991-2020. Elle est suivie de la Suisse (+2,30ºC), l'Italie (+2,28 ºC), la Hongrie (+2,13 ºC) et l'Espagne (+2,11 ºC). Mais, en valeur absolue, le pays avec le plus grand nombre de morts a été l'Italie, avec 18.010 décès, suivi de l'Espagne (11.324) et de l'Allemagne (8.173). La France arrive en 4e position, avec 4.807 décès. L'agence Santé publique France avait chiffré à 3.000 le nombre de décès excédentaires enregistrés à l'été 2022 dans le pays, pour les seuls trois pics de chaleur l'été dernier. 

Les estimations faites par les équipes de recherche suggèrent qu’en l'absence d'une réponse efficace, le continent fera face à une moyenne de plus de 68.000 décès excédentaires chaque été à l'horizon 2030 et de plus de 94.000 à l'horizon 2040. "Ces prédictions sont basées sur le niveau de vulnérabilité actuelle et les températures du futur", précise Hicham Achebak. "Si on prend des mesures très efficaces, la vulnérabilité peut se réduire", a-t-il ajouté. 

Les personnes âgées et les femmes particulièrement vulnérables

"Cette étude prouve que les stratégies de prévention face à la chaleur doivent être réévaluées, en tenant particulièrement compte du sexe et de l'âge", explique Chloe Brimicombe, chercheuse sur le climat à l'Université de Graz (Autriche), dans une note du Science Media Center britannique. Elle illustre "un besoin urgent de protéger les populations les plus vulnérables", a aussi souligné Raquel Nunes, professeure à l'Université de Warwick (Angleterre). L’étude précise que la grande majorité des décès se concentre chez les 80 ans et plus. La mortalité est 63% plus élevée chez les femmes, particulièrement au-delà de 80 ans, avec un taux de mortalité supérieur de 27% à celui des hommes.

L'été 2022 est le plus chaud jamais enregistré en Europe, selon le service européen Copernicus sur le changement climatique. À la mi-juin l'année dernière, une vague de chaleur extrême et précoce s'est abattue sur le sud et le centre du continent. Les températures ont atteint jusqu'à 43°C sur le territoire hexagonal. Des records ont par ailleurs été battus en Allemagne et en Autriche. Puis, au mois de juillet, c'est l'ouest de l'Europe qui a, à nouveau, été concerné. Au Royaume-Uni, pour la première fois, le seuil des 40°C est franchi, quand la France et l'Espagne connaissaient des feux de forêts dévastateurs. Les émissions de gaz à effet de serre accroissent la puissance, la durée et le rythme de répétition du phénomène, tout particulièrement sur le continent, "région du monde qui se réchauffe le plus rapidement", explique l'Organisation météorologique mondiale (OMM). 


Sarah BOUMGHAR

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