Changement climatique : l'appel des scientifiques à se préparer au pire

Annick Berger avec AFP
Publié le 2 août 2022 à 21h18

Source : JT 20h Semaine

Dans une étude publiée mardi, des scientifiques appellent le monde à envisager le pire concernant le changement climatique, pour mieux s'y préparer.
Selon le rapport, trop peu de travaux sont consacrés aux risques "catastrophiques" et "irréversibles" pour l'humanité.

Le monde doit se préparer au pire pour mieux faire face aux catastrophes annoncées liées au changement climatique. C'est l'appel lancé par plusieurs scientifiques, ce mardi. Dans un rapport, ils estiment que l'éventualité d'un enchaînement de catastrophes à cause du réchauffement de la planète est "dangereusement sous-exploré" par la communauté internationale.  L'étude a été publiée dans la revue PNAS ( (Proceedings of the National Academy of Sciences).

Selon le document, trop peu de travaux ont ainsi été consacrés, ces dernières années, aux mécanismes susceptibles d'entraîner des risques "catastrophiques" et "irréversibles" pour l'humanité. Les scientifiques citent notamment de possibles hausses de températures pires que prévues ou une cascade d'événements encore non envisagée, voir les deux. 

Crises financières, épidémies et conflits

"C'est sur les scénarios qui comptent le plus que nous en savons le moins", écrit Luke Kemp, du Centre d'étude du risque existentiel de Cambridge. Plus les recherches sur les points de basculement du climat de la Terre - comme la fonte irréversible des calottes glaciaires ou la perte de la forêt amazonienne - se multiplient, plus il devient nécessaire de prendre en compte les scénarios à haut risque dans la modélisation du climat, explique de son côté Johan Rockström, directeur de l'Institut de Potsdam sur les impacts climatiques et co-auteur.

"Les voies de la catastrophe ne se limitent pas aux impacts directs des températures élevées, tels que les événements météorologiques extrêmes. Les effets d'entraînement tels que les crises financières, les conflits et les nouvelles épidémies pourraient déclencher d'autres calamités, et entraver le rétablissement après des catastrophes potentielles telles que la guerre nucléaire", ajoute Luke Kemp.

Les "quatre cavaliers" de "l'apocalypse climatique"

Au-delà d'alerter la communauté internationale, l'équipe à l'origine de cette étude propose également des solutions. Elle recommande ainsi la mise en place d'un programme de recherche pour aider les gouvernements à lutter ce qu'elle nomme les "quatre cavaliers" de "l'apocalypse climatique" :  la famine et la malnutrition, les phénomènes météorologiques extrêmes, les conflits et les maladies à transmission vectorielle.

Quatre cavaliers d'autant plus dangereux que, selon les auteurs de l'étude, les rapports scientifiques successifs des experts climat de l'ONU (Giec) se sont principalement concentrés sur les effets prévus d'un réchauffement de 1,5 à 2°C. Mais les actions actuelles des gouvernements placent plutôt la Terre sur la trajectoire d'un réchauffement de 2,7 °C d'ici la fin du siècle, loin des 1,5 °C visés par l'accord de Paris en 2015. 

Une tendance à "privilégier le moins pire scénario", selon l'étude la revue PNAS qui ne permet pas de se préparer suffisamment aux impacts potentiels d'un réchauffement bien plus important, de 3°C ou plus. Ainsi, selon les chercheurs, d'ici à 2070, les zones de chaleur extrême, avec une température moyenne annuelle supérieure à 29°C, pourraient concerner deux milliards de personnes. Une situation qui poserait alors un risque majeur de "pannes de grenier" dues à des sécheresses comme celle qui frappe actuellement l'Europe occidentale et à des vagues de chaleur comme celle qui a frappé la récolte de blé en Inde en mars/avril.


Annick Berger avec AFP

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