Elisabeth Borne réunira cette semaine les partis politiques pour leur présenter la feuille de route du gouvernement sur la planification écologique.Dans les jours suivants, Emmanuel Macron doit présider un Conseil de planification.TF1info revient sur les grands enjeux d'un texte qui doit répondre à l'urgence climatique en France.
Le texte est attendu depuis des mois. La Première ministre Elisabeth Borne présente, lundi 18 septembre, les principes de la planification écologique aux partis politiques avant un Conseil de planification écologique (CPE) qui interviendra "dans les jours ou semaines qui vont suivre". Un rendez-vous particulièrement attendu alors qu'en avril 2022, Emmanuel Macron avait élevé l'urgence climatique au rang des priorités pour son second mandat. Cette feuille de route, qui devait initialement être adoptée et dévoilée avant l'été, doit articuler la politique de l'Hexagone face à la crise climatique avec un défi gigantesque : faire baisser les émissions de gaz à effet de serre de la France de 55%, par rapport à 1990, d'ici à 2030, et atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050. TF1info fait le point sur ce texte qui doit être le socle de la politique climatique du gouvernement.
Solaire, éolien et biogaz
Les grandes lignes de cette planification écologique ont été dessinées en juillet dernier lors d'un "tableau de bord" publié par le secrétariat général à la planification écologique (SGPE). De grands axes y ont déjà été dégagés et doivent désormais être complétés par des indicateurs plus complets. Le rapport cible notamment les énergies et les industries, qui ont le plus gros potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre, selon le gouvernement. La part totale des énergies renouvelables dans l'ensemble de la production électrique devra passer de 26% à 34% d'ici à 2030. L'énergie solaire devra être multipliée par trois, l'éolien offshore par près de quatre, tandis que l'éolien terrestre devra progresser de plus 55%. Le biogaz devra passer de 8 térawatt-heures en 2020 à 50 en 2030.
Des mesures sont également attendues concernant la décarbonation des sites industriels les plus polluants, alors que le SGPE préconise de réduire de près de 44% les émissions de l'industrie d'ici à 2030. Parmi les pistes : le développement de la méthode du captage de CO2, encore embryonnaire et décriée par plusieurs scientifiques.
Le défi de la rénovation énergétique
La rénovation énergétique dans les bâtiments et les écoles devrait également être au cœur de la planification écologique. Interrogé ce dimanche dans l'émission "Questions politiques" sur franceinfo, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a promis dans ce domaine une "aide ménage par ménage" avec parfois un taux d'aide qui s'élève "de 80 à 90%, voire 100% pour les ménages les plus modestes". Il faut dire que le bâtiment représente environ 25% des émissions de gaz à effet de serre en France, dont 18% liées à l'exploitation des bâtiments, et en particulier au chauffage. Pour limiter ces émissions, le gouvernement espère voir décupler le nombre de rénovations globales via MaPrimeRenov, alors que la part des résidences principales chauffées au fioul devra être divisée par trois entre 2020 et 2030, pour atteindre 3,6%.
Les mobilités en ligne de mire
Autre grand axe qui devrait être développé par le gouvernement : promouvoir les mobilités douces et encourager la transition vers la voiture électrique. Selon le SGPE, les véhicules particuliers étaient responsables, en 2021, de 66 millions de tonnes d'équivalent CO2 (eCO2). D'où la nécessite d'une action forte dans ce domaine, alors que les véhicules thermiques seront interdits dans l'UE à compter de 2035. La France vise ainsi "66% de véhicules 100% électriques roulant en 2030, contre seulement 15% aujourd'hui".
Pour atteindre cet objectif, le SGPE mise sur un durcissement des "malus" pour les véhicules les plus polluants, alors que le gouvernement a annoncé la mise en place d'un leasing social avec une offre de location longue durée pour les voitures électriques à 100 euros par mois pour les ménages les plus modestes. Les associations réclament aussi le développement des mobilités douces, des transports en commun et du covoiturage. "Tout un chacun doit avoir accès à ces mobilités-là", réclame l'association Réseau Action Climat. Parmi les pistes du gouvernement : 150.000 km de pistes cyclables en 2030 contre 61.000 fin 2023 et faire passer le nombre trajets covoiturés de 21.000 par jour cette année à 196.000 en 2030.
Le secteur aérien est également au cœur des préoccupations. "On demande des mesures sur le trafic aérien pour s'assurer de la fin des exemptions fiscales sur ce secteur par exemple, notamment sur la taxation du kérosène, sur tous les avantages fiscaux dont ils peuvent bénéficier", détaille Réseau Action Climat.
L'alimentation : le défi des années futures
La question de l'agriculture et de l'alimentation est également centrale. Le Giec estime que "la réduction de la consommation excessive de viande est l'une des mesures les plus efficaces pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre". Pour avancer sur cette question, le gouvernement a mis en place une "enveloppe de crise" de 60 millions d'euros pour aider les agriculteurs bio, alors que le SGPE recommande une multiplication par deux de la surface cultivée en agriculture biologique (passer de 21% en 2030 contre 11% en 2022), à rebours de la tendance actuelle.
Toujours concernant l'agriculture, le ministre Marc Fesneau a annoncé une augmentation de "près d'un milliard d'euros" pour ce secteur dans le budget 2024. Une somme qui doit notamment servir à alimenter un "fonds de souveraineté alimentaire et de transition écologique" pour "permettre aux exploitations agricoles d’adapter localement leur modèle économique aux exigences de décarbonation des activités, de développement de la production d’énergie renouvelable ou d’adaptation au changement climatique". Le gouvernement évoque également, pour réduire les émissions de carbone, moins de tracteurs au diesel et le doublement des cultures de légumineuses. Concernant l'élevage, les émissions de méthane (principalement les rots de vaches) devront être ramenées à 32,5 millions de tonnes par an contre 36,9 en 2022.
La question cruciale du financement
Ces trois grands secteurs ne seront pas les seuls qui devraient être au cœur de la planification écologique du gouvernement qui doit faire face à l'accélération du changement climatique dû aux activités humaines. La biodiversité, les forêts et les ressources en eau sont également au cœur des préoccupations alors qu'entre 20.000 et 30.000 hectares de sol sont artificialisés chaque année, et que certaines forêts françaises ont perdu leur rôle de puits de carbone, et émettent désormais du CO2. Autre enjeu : réduire la dépendance aux pesticides, dont l'usage est en hausse depuis quatre ans, selon les chiffres du ministère de l'Agriculture.
Autant de mesures que le gouvernement devra financer. En juillet dernier, Elisabeth Borne avait promis 60 milliards d'euros pour financer la planification écologique, dont 7 milliards engagés par l'État dans le cadre de son budget 2024. Il reste ainsi 53 milliards à trouver auprès des collectivités locales ou de la Caisse des dépôts. Un enjeu majeur qui inquiète. "Maintenant, il faut savoir comment on y arrive, et à ce sujet, on est plus inquiets sur la possibilité de faire correspondre objectifs, ambitions et mesures", pointe Réseau Action Climat.
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