Un think tank climatosceptique défend les vertus du dioxyde de carbone, mais aussi du réchauffement climatique.Parmi les arguments évoqués, et erronés, le bienfait de la concentration de CO2 pour les plantes.
D’après une publication qui circule sur Telegram, la concentration de CO2 dans l’atmosphère, désignée comme grande responsable du changement climatique, serait en fait une bonne chose. D’ailleurs, ce polluant ne serait pour rien dans la hausse des températures, peut-on lire. Mais attention à cette série d’affirmations, qui ne trouvent aucun fondement et vont à l’encontre du consensus scientifique. Explications.
Cette publication est en fait tirée d’un article de l’édition française de The Epoch Times, journal sino-américain adepte de la désinformation, et signé Gregory Wrightstone pour CO2 Coalition. Avant de s’intéresser à son auteur, regardons de plus près les éléments déroulés.
"L’abondance de CO2 aide les plantes à retenir davantage d’eau, ce qui leur permet d’être moins arrosées"
Premier argument évoqué dans cet article, le fait que la hausse du niveau de CO2 dans l’atmosphère serait bénéfique pour la végétation, qui souffrirait alors moins de déshydratation. Une affirmation à nuancer car si, dans un premier temps, les plantes devraient bien tirer des avantages du dioxyde de carbone, et notamment pour leur croissance, très vite, d’autres facteurs, causés par le réchauffement climatique, viendront inévitablement se heurter à ce constat.
L’augmentation des périodes de sécheresse endommagent en effet fortement les récoltes et dégradent les terres cultivables. Ainsi, Réseau Action Climat rappelle que "les rendements des principales cultures telles que le maïs, le soja, le riz et le blé sont déjà impactés", avec "une perte de 9 à 10% de la production totale de céréales entre 1981 et 2010".
"Cela va à l’encontre de l’idée selon laquelle le dioxyde de carbone est à l’origine de l’augmentation de la température"
Vient ensuite un argument phare de la rhétorique climatosceptique : si le changement climatique existe bel et bien, il n’est en rien causé par le taux de concentration de CO2 dans l’air. En somme, les scientifiques ne trouveraient aucun lien entre les émissions de gaz à effet de serre (GES) et la hausse de la température de la Terre. Mettre en cause ce lien revient à douter de la responsabilité des activités humaines dans le dérèglement climatique. Or, il y a consensus sur ce sujet. Dans son sixième rapport publié en 2022, le Giec établit sans équivoque que le réchauffement de l’atmosphère, des océans et des terres est dû aux activités humaines.
Les travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, réunissant près de 300 chercheurs issus de 65 pays, se fondent sur des milliers d’articles scientifiques : à ce jour, ils constituent l’évaluation la plus complète et la plus actualisée des connaissances scientifiques sur le dérèglement climatique.
Dans leur dernier rapport, les spécialistes mettent l’accent sur la responsabilité de l’humain dans le phénomène, qui a provoqué un réchauffement planétaire d’environ 1°C au-dessus des niveaux préindustriels (1900). "En 2019, les concentrations atmosphériques de CO2 actuelles sont les plus hautes depuis au moins 2 millions d’années. Le rythme de réchauffement de la température à la surface de la Terre est sans précédent depuis au moins 2000 ans", insistent-ils.
"Le réchauffement permet des saisons de croissance plus longues"
Après la négation d’une responsabilité humaine, un autre argument de la sphère climatosceptique, déroulé ici, consiste à rejeter les conséquences désastreuses de la hausse des températures. Prenant exemple sur les réchauffements déjà observés à l’échelle planétaire, l’auteur minimise l’ampleur du réchauffement actuel : "Nous devrions craindre le froid et accueillir le chaud. C’est ce que nous dit l’histoire". D’abord, regarder le passé n’est pas un argument scientifique valable. Ensuite, les conséquences du dérèglement climatique sont documentées, anticipées… et pour certaines déjà visibles par tous.
De manière non exhaustive, la hausse des températures contribue à l'acidification des océans, à la montée du niveau de la mer, à la répétition et accentuation des épisodes climatiques extrêmes (incendies de cet été en France et en Europe, inondations au Pakistan...) Mais elle provoque aussi une perte de biodiversité avec la disparition d’espèces menacées : si le changement climatique se poursuit à ce rythme, le Giec prédit qu’un tiers des espèces pourrait disparaître d’ici à 2070.
CO2 Coalition et la "machine climatosceptique à plein régime"
Mais alors qui se cache derrière ces "révélations" ? Gregory Wrightstone se présente comme géologue mais est surtout le directeur exécutif de CO2 Coalition, un think tank ouvertement climatosceptique et chargé de défendre le dioxyde de carbone. En d’autres termes, les hydrocarbures. Selon le site spécialisé Influence Watch, la Coalition CO2 est financée par des dons de particuliers, de fondations et d'entreprises. Parmi celles-ci, on retrouve la Mercer Family Fondation, avec un don de 150.000 dollars en 2016, ou de Koch Industries avec des contributions équivalentes à 232.409 dollars.
Pour un peu de contexte, la Mercer Family entretient des liens avec des groupes climatosceptiques américains. Cette fondation de subventionnement privée aurait dépensé plus de 3000 millions de dollars pour financer des organismes ayant ce type d’objectif, comme l’Institut Heartland. S’agissant de Koch Industries, cette multinationale américaine, avec des filiales dans le pétrole notamment, s’oppose farouchement aux énergies renouvelables. Et participe à la "machine climatosceptique", analysait déjà Greenpeace il y a dix ans.
Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse lesverificateurs@tf1.fr. Retrouvez-nous également sur Twitter : notre équipe y est présente derrière le compte @verif_TF1LCI.
Sur le
même thème
- Le changement climatique dû aux variations de l'orbite terrestre ? La Nasa n'a jamais défendu cette théoriePublié le 15 septembre 2022 à 18h07
- Réchauffement : fonte des glaces, corail... de dangereux "points de rupture" en passe d'être atteintsPublié le 9 septembre 2022 à 16h52
- Changement climatique : dans l'OCDE, ce sont les Français qui doutent le plus de l'impact de l'HommePublié le 24 août 2022 à 16h56
- Six "limites planétaires" dépassées par l'humanité : de quoi parle-t-on ?Publié le 12 juillet 2022 à 13h23
- Nouveau rapport du Giec : soyons plus efficaces dans le toujours... moins !Publié le 5 avril 2022 à 16h40
- Réchauffement climatique : les chiffres effrayants du nouveau rapport du GiecPublié le 4 avril 2022 à 19h17
- Le drame ukrainien peut-il déclencher un sursaut de lucidité climatique ?Publié le 7 mars 2022 à 16h06
- Réchauffement climatique : quelle est la responsabilité de l'activité humaine ?Publié le 26 juillet 2019 à 20h41
- Des impacts dévastateurs du réchauffement climatique guettent l'humanité bien avant 2050Publié le 23 juin 2021 à 10h35
- Ressources naturelles : le "jour du dépassement" de la Terre recule de trois semaines à cause de la pandémiePublié le 21 août 2020 à 11h03
Tout
TF1 Info
- 1Héritage : à la mort d'un parent, l'usufruit d’un bien immobilier disparaîtPublié le 25 janvier 2023 à 8h00
- 2INFO TF1/LCI - Le fils d'Éric Dupond-Moretti en garde à vue à CourchevelPublié hier à 12h33
- 7Arracher des souches peut vous coûter cherPublié le 26 janvier 2023 à 8h00
- 8VIDÉO - Corrèze : un village presque isolé après un éboulementPublié le 26 janvier 2023 à 18h08
- 9PHOTO - La Nasa capture une tête d'ours à la surface de MarsPublié aujourd'hui à 11h09
- 1EN DIRECT - Retraites : Darmanin accuse la gauche de vouloir "bordéliser le pays"Publié aujourd'hui à 20h24
- 2Des Russes qui ont fui la mobilisation bloqués dans un aéroport depuis trois moisPublié aujourd'hui à 20h06
- 3Il fête ses 25 ans ce samedi : le Stade de France en dix moments marquantsPublié aujourd'hui à 19h47
- 4Accompagnants d'enfants handicapés : les propos d'une députée Renaissance font polémiquePublié aujourd'hui à 19h05
- 5
- 6Les Stolpersteine, des pavés en hommage aux victimes du nazismePublié aujourd'hui à 18h31
- 7Hôtel, restaurants, visites : nos conseils pour découvrir et profiter de Madrid en un week-endPublié aujourd'hui à 18h20
- 8Rappel produit : du lait en poudre Gallia suspecté de "contamination bactériologique"Publié aujourd'hui à 18h13
- 9Du citron de l'entrée au dessert : un menu original pour 4 personnes à moins de 30 eurosPublié aujourd'hui à 18h11
- 10Mondial de handball : face au Danemark, les Bleus vont tenter de décrocher un 7e sacrePublié aujourd'hui à 18h05
- 1Retour précoce des chenilles processionnaires : comment s'en débarrasser ?Publié aujourd'hui à 8h00
- 2Pollution aux microbilles plastiques : le parquet de Brest ouvre une enquêtePublié hier à 15h29
- 3VIDÉO - Après 17 mois d'arrêt, le premier réacteur de la centrale nucléaire de Civaux a redémarréPublié aujourd'hui à 12h31
- 4Des centaines de dauphins échoués sur les plages françaises : comment expliquer ce phénomène ?Publié le 25 janvier 2023 à 20h12
- 5Zones à faibles émissions : des sanctions automatisées fin 2024 contre les véhicules polluantsPublié le 25 octobre 2022 à 15h35
- 6VIDÉO - Microbilles plastiques sur les plages de la côte atlantique : sur la piste du pollueurPublié le 26 janvier 2023 à 17h22
- 7"Point de bascule" : comment la déforestation en Amazonie déstabilise le Tibet et l'AntarctiquePublié le 26 janvier 2023 à 22h42
- 8Chasses illégales aux oiseaux : la Commission européenne menace de traîner la France en justicePublié le 26 janvier 2023 à 20h20
- 9
- InternationalMort de Tyre Nichols : la nouvelle affaire qui choque l'Amérique
- Sujets de sociétéRetraites : 31 janvier, 2e round de la contestation contre la réforme
- InternationalL'Occident se résout à livrer des chars à l'Ukraine
- TransportsUn "incendie volontaire" paralyse la gare de l'Est
- PolitiqueLe PS se déchire sur l'élection de son patron