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Sortir du charbon : comment Emmanuel Macron a dû reculer de cinq ans la fermeture des centrales

Publié le 25 septembre 2023 à 11h00, mis à jour le 25 septembre 2023 à 14h02

Source : Le JT

Le chef de l'État a annoncé, dimanche lors de son interview sur TF1 et France 2, que la France sortira du charbon en 2027.
La fermeture des deux dernières centrales de l'Hexagone était déjà une promesse de campagne du président.
Entretemps, la crise énergétique a contraint le gouvernement à revoir ses ambitions.

L'annonce est présentée comme la "première mesure très concrète" de la planification écologique. Dimanche soir, lors de son interview sur TF1 et France 2, Emmanuel Macron a annoncé la sortie de la France du charbon d'ici quatre ans. "D'ici à 2027, que va-t-on faire ? On a encore deux centrales à charbon, Cordemais (ouest) et Saint-Avold (est), on va complètement les convertir à la biomasse", a-t-il indiqué. Présentée comme une avancée dans la lutte conte le changement climatique dû aux activités humaines, cette promesse date en réalité d'il y a six ans, lors du premier mandat d'Emmanuel Macron.

En décembre 2017, alors qu'il venait d'être élu pour la première fois, le président avait affirmé : "D'ici la fin du quinquennat, j'aurais fermé toutes les centrales à charbon (...) Je ne laisserai pas cette tâche à mon successeur". Les sites français devaient ainsi fermer leurs portes en... 2022, une mesure ensuite confirmée et détaillée en janvier 2020 par le gouvernement.

Faire face aux besoins de l'hiver

Mais deux ans plus tard, cette "avancée majeure" connaît un coup d'arrêt : seuls deux centrales à charbon sur quatre ferment effectivement leurs portes. Si celles du Havre (Seine-Maritime) et de Gardanne-Meyreuil (Bouches-du-Rhône) ont bien fermé leur unité charbon, celles de Saint-Avold (Moselle) et de Cordemais (Loire-Atlantique) ont vu leur date de clôture repoussée. La première, fermée en mars 2022, a rouvert son unité de production en août de la même année pour faire face aux besoins de l'hiver, dans un contexte de crise énergétique liée à la guerre en Ukraine et aux difficultés d'approvisionnement en électricité, plusieurs réacteurs nucléaires ayant dû être mis à l'arrêt. Une mesure "temporaire", avait promis le gouvernement, assurant qu'elle serait "neutre pour l'environnement" via des compensations.

Mais en août dernier, le ministère de la Transition énergétique prolonge via un décret cette mesure temporaire : la centrale de Saint-Avold, tout comme celle de Cordemais, reçoivent l'autorisation de fonctionner jusqu'en 2024 "par précaution". Une échéance qu'Emmanuel Macron vient de prolonger, actant la fin des centrales à charbon en France avec... cinq ans de retard. Si la production de ces sites ne représente que 0,6% du mix énergétique de l'Hexagone, ils peuvent émettre plus d'un million de tonnes de CO2 alors que la France doit diminuer de 55% ses émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990.

Un "recul", a dénoncé dimanche soir dans un communiqué Greenpeace, qui rappelle que "la France aurait dû sortir du charbon il y a des années". "Cette sortie du charbon en 2027 est un aveu d'échec pour Emmanuel Macron, qui tente de la déguiser en progrès (...) S'il était véritablement ambitieux et précurseur, Emmanuel Macron aurait également annoncé des dates de sortie du pétrole et du gaz fossile", a fustigé Nicolas Nace, chargé de campagne Transition énergétique pour l'ONG de défense de l'environnement.

Le charbon, énergie parmi les plus émettrices de carbone au monde avec le pétrole et le gaz, produit 0,986 tonne d'équivalent CO2 (eCO2) par mégawatt, selon RTE, contre 0,429 tonne d'eCO2 pour le gaz et 0,494 pour les bioénergies. En juillet dernier, l'Agence internationale de l'énergie avait alerté sur une consommation en hausse de charbon à travers le monde, avec une augmentation de 3,3% en 2022 pour atteindre 8,3 milliards de tonnes, du jamais-vu.


Annick BERGER

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