Selon une étude, les émissions de gaz à effet de serre de chaque individu augmentent avec l'âge.La raison : les personnes âgées vivent dans des ménages peu nombreux et concentrent leurs dépenses "sur des biens à forte intensité carbone".Le pic des émissions individuelles se situerait autour de 75 ans.
Et si nos émissions de CO2 étaient liées à notre âge ? C'est en tout cas ce qu'avance une étude réalisée par l'Institut national d'études démographiques (Ined) publiée mercredi 27 septembre. Plusieurs chercheurs se sont penchés sur le lien entre démographie et changement climatique en Europe avec un constat : les émissions de gaz à effet de serre de chaque individu augmentent avec l'âge au sein de l'UE. "Nos résultats révèlent l'effet déterminant de l'âge : les émissions individuelles sont plus élevées aux âges avancés", écrivent les trois auteurs de l'étude.
À l'échelle du ménage, les émissions de CO2 augmentent avec l'âge de la personne de référence avant d'atteindre "un pic entre 45 et 59 ans", puis de diminuer progressivement, soulignent les chercheurs. En revanche, à l'échelle individuelle, les émissions continuent d'augmenter au fer et à mesure que la personne avance en âge, avec un pic calculé autour de 75 ans.
Les urbains moins émetteurs ? Pas si simple
Des résultats qui s'expliquent par le mode de vie des personnes âgées qui résident "dans des ménages peu nombreux" ne leur permettant pas de mutualiser les émissions et "concentrent leurs dépenses sur des biens à forte intensité carbone", comme la santé, le logement - avec des constructions plus anciennes - ou encore le chauffage, le gaz et l'électricité. Par ailleurs, pointe l'étude, elles ont "moins de facilités à adapter leurs habitudes de consommation que les jeunes générations, puisque leurs dépenses sont fortement contraintes (peu sensibles au revenu)".
Cet éclairage sur les émissions de gaz à effet de serre en fonction des différentes étapes de la vie présente un défi de plus pour l'Europe, dont la population est vieillissante. "La part des émissions imputables aux personnes âgées augmentera dans les années à venir, car elles émettent davantage et seront plus nombreuses", soulignent les auteurs de l'étude qui rappellent "l'importance pour les politiques publiques de prendre en compte les inégalités entre les générations".
Autres inégalités dans les émissions de gaz à effet de serre : le lieu de résidence. L'étude de l'Ined montre qu'en milieu urbain, "les logements moins spacieux, les ménages moins nombreux et les infrastructures disponibles (transports publics) vont dans le sens d'une réduction des émissions de ménages". Autant de données qui permettent de limiter les rejets de CO2 par rapport aux résidents des milieux ruraux. "En revanche, les revenus des citadins, souvent plus élevés, encouragent la consommation et augmentent donc leurs émissions", tempère l'étude.
Des données "cruciales" pointe l'Ined pour les "stratégies d'atténuation du changement climatique" alors que l'Europe s'est fixé l'objectif "Fit for 55" pour 2030 prévoyant une réduction de 55% de ses émissions nettes de gaz à effet de serre d'ici 2030 avant d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Une trajectoire primordiale pour lutter contre le changement climatique dû aux activités humaines et limiter la hausse des températures mondiales en dessous des 2°C.