Selon une étude publiée mercredi 11 janvier, les océans du globe ont battu de nouveaux records de chaleur.Des températures qui ont une influence sur le climat.Et notamment sur l'apparition de phénomènes météo extrêmes.
La température dans les océans du globe a battu un nouveau record en 2022. C'est ce que pointe une étude, publiée mercredi 11 janvier dans la revue Advances in Atmospheric Sciences. Selon elle, ces grandes étendues d'eau continuent "de se réchauffer à l'échelle mondiale" en raison d'un "déséquilibre énergétique de la Terre, associé en premier lieu à une concentration croissante de gaz à effet de serre".
"La hausse du contenu de chaleur de l'océan, c'est finalement le meilleur symbole du changement climatique en cours", affirme à TF1info Laurent Bopp, directeur de recherche au CNRS. "C'est dans l'océan que l'on retrouve la chaleur additionnelle due à l'augmentation des gaz à effet de serre. Donc c'est une autre preuve, peut-être la meilleure, du changement climatique en cours. On regarde toujours la température de l'air, qui nous affecte plus directement, mais cette dernière varie de façon importante en fonction des années. Le contenu de chaleur dans l'océan, lui, augmente de manière beaucoup plus graduelle avec moins de variations".
Accélérateur du réchauffement
Et les effets de ce réchauffement sont particulièrement importants. Tout d'abord, parce que les océans sont des puits de carbone. Ils absorbent nos émissions de gaz à effet de serre, et notamment près de 25% des émissions de CO2 dues aux activités humaines. Selon le rapport du Giec - le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat - publié en 2019, les océans du globe ont absorbé plus de 90% de la chaleur emmagasinée par la Terre depuis 1970.
Problème : leur réchauffement réduit leur efficacité à pomper ce carbone. "L'une des conséquences du réchauffement des océans, c'est que les gaz sont moins solubles dans une eau plus chaude. Il faut donc s'attendre à une baisse d'efficacité de ces puits de carbone. Plus l'océan est chaud, moins il est capable d'absorber du CO2 et plus une part importante de nos émissions reste dans l'atmosphère", détaille Laurent Bopp. Une hausse des gaz à effet de serre dans l'atmosphère qui entraîne, à son tour, une accélération du réchauffement climatique à travers le monde.
Des phénomènes météo plus extrêmes
Par ailleurs, les océans et mers du globe sont en lien étroit avec l'atmosphère. S'ils se réchauffent, ils accroissent la température et l'humidité de l'air, ce qui crée des tempêtes et des ouragans plus puissants, et augmente les précipitations et les risques d'inondation.
"La chaleur qui reste dans l'océan de surface, qui est au contact de l'air, va en partie conduire à un réchauffement des basses couches de l'atmosphère, ce qui explique d'ailleurs qu'elle se réchauffe. Et plus il y a d'énergie dans l'océan, plus il y a de cyclones tropicaux, notamment. On sait que ces tempêtes sont générées dans des zones où la température de l'eau de mer est importante, au-delà de 29 degrés, donc avec une augmentation de la température des océans, on peut s'attendre à une hausse de fréquence ou de l'intensité de ces cyclones tropicaux", précise le chercheur.
Autre point important : avec le réchauffement des océans, l'atmosphère contient plus d'eau et de vapeur d'eau. "Avec ce phénomène, il faut s'attendre à des événements météorologiques extrêmes conduisant à des précipitations importantes", selon Laurent Bopp. Par exemple, la canicule subie par la Méditerranée cet été a pu amplifier les épisodes cévenols et méditerranéens cet automne sur les côtes de l'Hexagone.