Il a fait chaud cet été, mais ce n’est rien par rapport aux cinq prochaines années

Ce n'est pas une surprise : le monde va "dans la mauvaise direction" face au changement climatique et ses conséquences catastrophiques. Ce sont les conclusions d'un rapport publié mardi 14 septembre par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) de l'ONU sur l'état de la science climatique. Un document qui avance que les concentrations de gaz à effet de serre continuent d'augmenter avec de nouveaux records et que les émissions liées aux énergies fossiles se retrouvent désormais au-dessus des niveaux pré-pandémie de Covid-19. 

Une tendance qui aura de lourdes conséquences dans les années à venir : les auteurs du rapport estiment ainsi qu'il existe une probabilité de 93% pour qu'au moins l'une des cinq prochaines années soit plus chaude que l'année la plus chaude jamais enregistrée en 2016 dans le monde. Un constat inquiétant alors que le rapport affirme que les sept dernières années ont déjà été les plus chaudes jamais enregistrées.

Selon les probabilités, durant la période 2022-2026, les températures moyennes annuelles dépasseront celles de l'ère préindustrielle (1850 - 1900) de 1,1 à 1,7°C. Le rapport United Science pointe ainsi une probabilité de 48% pour "que la température moyenne mondiale durant au moins l'une des cinq prochaines années dépasse de 1,5°C celle qui prévalait entre 1850 et 1900". Ainsi, compte tenu de la persistance du réchauffement climatique, les auteurs de l'étude estiment que "nous ne pouvons pas exclure un franchissement de points de bascule dans le système climatique".

Le rapport distingue deux périodes : la saison de mai à septembre et celle de novembre à mars. Pour la première, les températures moyennes à travers la planète devraient être plus élevées dans les cinq années à venir que durant celles de la période 1850-1900, avec une tendance particulièrement visible dans l'hémisphère nord et notamment en Europe. Le scénario semble être similaire pour la saison de novembre à mars avec des anomalies de température trois fois plus élevées en Arctique par rapport au reste de la Terre.

Des hausses de températures qui devraient avoir des conséquences dramatiques. "Inondations, sécheresses, canicules, tempêtes violentes, feux de forêt... La situation va de mal en pis et les sombres records se succèdent à un rythme alarmant", a souligné le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux où il s'inquiète d'un rapport qui "montre que le changement climatique est en train d’atteindre une portée destructrice inouïe". De son côté, le secrétaire général de l'OMM explique que "les climatologues montrent de plus en plus clairement que, dans beaucoup de cas, si les phénomènes météorologiques extrêmes actuels sont devenus plus probables et plus intenses, c’est à cause du changement climatique induit par des activités humaines". 

Selon les estimations du rapport United Science, établies avec une probabilité de 66%, au XXIe siècle, si les pays de la planète continuent sur cette voie, le réchauffement climatique devrait se situer entre 2,3 et 3,3 degrés et l'accord de Paris sur le climat - qui prévoit de limiter le réchauffement bien en dessous de 2°C, voire à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle - "sera définitivement compromis". 

D'où l'appel lancé par le secrétaire général de l'ONU pour que tous les pays augmentent "leurs ambitions climatiques nationales chaque année, jusqu'à ce que nous soyons sur les rails" et que "le G20, qui est responsable de 80% des émissions mondiales" montre le chemin.