Les émissions de gaz à effet de serre ont poursuivi leur baisse au deuxième trimestre en France.Ce sont les conclusions du baromètre publié par le Citepa, ce mardi.Une tendance qui doit encore se confirmer d'ici la fin de l'année, alors que la France doit réduire de 55% ses émissions d'ici 2030.
C'est un chiffre encourageant. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France ont continué de baisser au deuxième trimestre 2023 par rapport à la même période l'an passé. Selon les données du baromètre du Citepa, l'organisme mandaté pour réaliser l'inventaire français des émissions, publiées ce mardi 3 octobre, les émissions de GES ont diminué de 4,3% sur les six premiers mois de l'année. Un chiffre qui confirme la baisse observée en 2021 et 2022 (-2,7%) après la fin du rebond post-Covid. Cette tendance à la baisse s’observe même depuis 2018, "les émissions après la crise du Covid-19 n’ayant connu qu’un rebond partiel" restant "inférieures au niveau de 2019", souligne le Citepa dans un communiqué.
Bon point pour l'énergie, résultat mitigé pour les transports
Trois secteurs ont particulièrement contribué à cette diminution : l'industrie (-10%), la production d'énergie (-8%) et les bâtiments (-7%). Concernant ce dernier, la baisse des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement de la planète sont, comme en 2022, liés à la hausse des prix de l'énergie. "Les émissions de GES du chauffage résidentiel entre le premier semestre 2022 et le premier semestre 2023 ont baissé de 8%, avec une baisse de consommation du gaz naturel", pointe l'organisme qui précise que le début de l'année 2023 a pourtant été plus froid qu'en 2022.
Le secteur de l'industrie a également été fortement impacté par la crise énergétique avec une baisse des émissions particulièrement importante chez les métallurgistes des métaux ferreux (-22%). Concernant la production d'énergie, le Citepa met en avant le développement des moyens de production électrique décarbonés pour expliquer la baisse des émissions de GES et "notamment les centrales nucléaires et hydroélectriques". "En comparant les 6 premiers mois de 2022 aux 6 premiers mois de 2023, on constate une baisse des émissions de 15%, liée à une augmentation de 2,6% de la production d’électricité nucléaire et à une moindre production des centrales thermiques (-17% entre les deux périodes)", pointe l'organisme.
Pour le transport routier, après deux années de hausse en 2021 (+12%) et en 2022 (+2%), les émissions de gaz à effet de serre ont légèrement diminué sur les six premiers mois de l'année (-1,5%), alors que le secteur est responsable de 32% des émissions françaises, selon le Haut-Conseil pour le Climat devant l'agriculture (19%), l'industrie (18%) et les bâtiments (16%). Autre point noir : le trafic aérien a poursuivi sa hausse avec +25% d'émissions de GES sur un an pour les vols domestiques et +34% pour les vols internationaux.
D’où proviennent les émissions de gaz à effet de serre en #France ? 📘 https://t.co/1TbK4qVOAt pic.twitter.com/YV3sj6sQLR — Haut conseil pour le climat (@hc_climat) October 2, 2023
Ces bons résultats ont été salués par Agnès Pannier-Runacher qui s'est félicitée du fait que "la stratégie écologique et énergétique" du gouvernement "continue de produire des résultats". "Je tiens à remercier les Français qui se sont mobilisés pour continuer à adopter, même en été, des comportements sobres en consommation d'énergie. La relance du nucléaire et l’accélération sur toutes les énergies renouvelables, la sobriété et l’efficacité énergétique : voilà les piliers qui nous permettront d’atteindre nos objectifs climatiques. Vous pouvez compter sur moi pour continuer le combat", a indiqué la ministre.
Inquiétude autour des puits de carbone français
À noter que cette baisse calculée par le Citepa n'est qu'une pré-estimation et les chiffres devront être confirmés et affinés. "L'évaluation de certains sous-secteurs n'est pas pré-estimée (une partie des émissions de l’agriculture, des déchets ainsi que le puits de carbone)", pointe l'organisme. Et si la France baisse bien ses émissions de gaz à effet de serre depuis quelques années, elle reste encore trop juste pour atteindre ses objectifs, ont averti, le 14 septembre dernier, Réseau Action Climat et l'Ademe dans leur baromètre. En cause notamment : l'état des forêts et des sols de l'Hexagone qui ne leur permettent pas de remplir pleinement leur rôle de puits de carbone, certaines forêts étant même devenues émettrices de CO2 ces dernières années.
La réduction des émissions de gaz à effet de serre est cruciale pour lutter contre le changement climatique et tenter de limiter la hausse des températures en dessous des deux degrés à l'échelle mondiale. Fin septembre, Emmanuel Macron avait présenté les grands axes de sa "planification" écologique pour tenter de mettre la France sur cette voie et tenir ses objectifs : une baisse de 55% des émissions à l'horizon 2030 par rapport à 1990. Un but qui demande à la France, selon le chef de l'État, d'aller "deux fois plus vite" concernant la réduction des émissions françaises à l'avenir.