INQUIÉTUDES - Dans un nouveau rapport publié ce jeudi, l'ONU appelle à des mesures immédiates pour s'approcher des objectifs fixés lors de l'Accord de Paris. "Notre avenir est en jeu", alerte le secrétaire général de l'organisation.
Changer notre système du tout au tout, ou subir. Selon un nouveau rapport de l'ONU publié ce jeudi 16 septembre, limiter le réchauffement climatique mondial à 1,5 °C est désormais impossible sans une réduction immédiate et massive des émissions de gaz à effet de serre. Alors que le changement climatique et ses conséquences ne cessent de s'aggraver, ce rapport annuel, "United in Science 2021", élaboré par plusieurs agences de l'ONU et des scientifiques associés, est diffusé quelques semaines avant la COP26. Il appelle à un réveil urgent des dirigeants du monde entier.
Quand les objectifs de l'Accord de Paris s'éloignent
L'Accord de Paris de 2015 sur le changement climatique, signé lors de la COP21, appelait à limiter le réchauffement planétaire à moins de 2 °C au-dessus du niveau pré-industriel, et dans l'idéal à 1,5 °C. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, estime que le rapport est "un diagnostic alarmant montrant à quel point nous avons dévié de la trajectoire" conduisant aux objectifs de l'Accord de Paris.
"Cette année, les émissions d'énergies fossiles ont rebondi, les concentrations de gaz à effet de serre continuent de monter, et des événements météorologiques graves dus à l'activité humaine ont affecté la santé, la vie et les moyens de subsistance sur tous les continents", écrit-il dans l'avant-propos du rapport. "À moins de réduire immédiatement et à grande échelle les émissions de gaz à effet de serre, limiter le réchauffement à 1,5 °C sera impossible, avec des conséquences catastrophiques pour les populations et la planète."
Le faible impact de la pandémie sur le climat
Les émissions de gaz à effet de serre ont atteint un pic en 2019, avant de baisser de 5,6% en 2020 à cause des restrictions sanitaires et du ralentissement économique liés à la pandémie. Mais pour l'ONU, "rien n’indique que la reprise s'accompagne d’une croissance plus verte". À part le transport aérien et maritime, les émissions mondiales moyennes durant les sept premiers mois de 2021 ont quasiment retrouvé leurs niveaux de 2019.
Et d'après le rapport, les concentrations des principaux gaz participant au réchauffement - le dioxyde de carbone, le méthane et le protoxyde d'azote - ont continué à grimper en 2020 et sur la première moitié de 2021. Globalement, la réduction des émissions en 2020 a probablement ralenti l'augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, mais l'effet a été "trop faible pour être distingué des variations naturelles" de ces concentrations, souligne le rapport.
Vers des événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents
Le nombre de pays s'engageant vers un objectif zéro émission est encourageant, selon le rapport, car aujourd'hui 63% des émissions mondiales sont concernées par ces objectifs, mais d'ici 2030 des actions de bien plus grande ampleur sont nécessaires pour pouvoir les atteindre. La température moyenne du globe au cours des cinq dernières années a été l’une des plus élevées jamais enregistrées. Entre 2017 et 2021 - en incluant les données moyennes de cette année jusqu'en juin - elle est estimée entre +1,06 °C et +1,26 °C par rapport à la période préindustrielle (1850-1900). Et selon le rapport, il y a de plus en plus de probabilités que les températures dépassent temporairement le seuil de 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels au cours des cinq prochaines années.
Le Canada a enregistré son record absolu de chaleur en juin, avec 49,6 °C à Lytton, en Colombie britannique. La vague de chaleur dans le nord-ouest du Pacifique fut certes un événement très rare, mais il aurait été "virtuellement impossible sans le changement climatique provoqué par les humains", indique le rapport. Quant aux graves inondations en juillet en Allemagne, le document estime que l'activité humaine "augmente la probabilité et l'intensité de tels événements".
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Le monde est à un "moment critique", et le rapport montre que "nous n'avons vraiment plus de temps à perdre", estime Antonio Guterres. "À moins d’une réduction immédiate, rapide et à grande échelle des émissions de gaz à effet de serre, il sera impossible de limiter le réchauffement à 1,5 °C, ce qui aura des conséquences catastrophiques pour les populations et la planète dont nous dépendons", déclare-t-il dans l’avant-propos du rapport.
"J'espère que tous ces problèmes seront abordés et résolus à la COP26", déclare le secrétaire général de l'ONU, qui appelle tous les pays à s'engager à un objectif zéro émission d'ici 2050, ajoute-t-il. "Notre avenir est en jeu." La COP26, prochain sommet de l'ONU sur le climat, se tiendra à Glasgow (Écosse, Royaume-Uni) du 31 octobre au 12 novembre.