CONSENSUS - La COP 24 a réuni près de 200 pays à Katowice en Pologne. Après deux semaines de négociations, les signataires de l'Accord de Paris sur le climat ont réussi à surmonter leurs divisions pour se mettre d'accord sur les règles de sa mise en oeuvre. engagements de réduction des gaz à effet de serre. Mais pour de nombreux défenseurs de l'environnement, ces règles ne vont pas assez loin.
Après son adoption en décembre 2015, son entrée en vigueur en novembre 2016, il manquait encore à l'accord de Paris un "manuel d'utilisation". C'est dorénavant chose faite. Les 200 pays signataires se sont mis d'accord sur les outils qui permettront de limiter la hausse de la température mondiale à moins de deux degrés Celsius par rapport à l'époque pré-industrielle.
"Il n'est pas facile de se mettre d'accord sur un texte aussi spécifique et aussi technique. Grâce à ce texte, vous avez
fait ensemble un millier de petits pas en avant. Vous pouvez être fiers", a déclaré aux délégués le Polonais Michal Kurtyka
qui présidait les débats de la 24e conférence (COP24) de la Convention-cadre de l'ONU sur le changement climatique (CCNUCC).
Ce règlement, compilé en 156 pages, fixe notamment les modalités de suivi des actions nationales. On y trouve par exemple une section sur la manière dont les pays rendront compte de leurs engagements en matière de réduction de gaz à effet de serre. Une flexibilité et une aide financières a été accordée aux pays en développement.
Un goût d'inachevé
Mais face à l'urgence d'agir, ces règles permettent-elles d'avoir un accord sur le climat solide ? Pas vraiment. Tout d'abord parce que l'unité des négociations de Paris s'était déjà fissurée depuis la signature du traité. Les Etats-Unis notamment, un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre, avaient fait connaître leur intention de sortir du traité.
Une passe d'arme sur la reconnaissance ou non des conclusions du Giec avait également donné le ton durant cette COP24, Etats-Unis, Arabie Saoudite et Russie refusant la mention "accueille favorablement" dans la décision finale. La Pologne a de son côté irrité certains avec sa ligne pro-charbon.
Ce samedi encore, des désaccords sur les mécanismes d'échange de quotas d'émissions carbone ont bien failli mettre en péril l'accord. Les ministres de l'Environnement ont finalement réussi à sortir de cette impasse impliquant notamment le Brésil, en reportant l'essentiel de cette discussion à l'année prochaine. De fait, ils ont manqué une occasion d'envoyer un signal fort aux entreprises d'accélérer leurs actions en la matière.
La finalisation de l'accord laisse donc un sentiment d'inachevé. Le président français Emmanuel Macron s'est dit satisfait sur Twitter mais reconnait que "le combat continue". "Le chemin est encore long et difficile mais nous sommes maintenant
collectivement mieux armés pour le parcourir", a ajouté François De Rugy.
Ce manuel d'utilisation "est suffisamment clair pour opérationnaliser l'Accord de Paris et c'est une bonne nouvelle", a commenté la ministre espagnole de l'Environnement Teresa Ribera. "Dans les circonstances actuelles, continuer à construire notre bâtiment est déjà une réussite", a-t-elle ajouté, même si comme beaucoup d'autres, elle aurait aimé des "messages beaucoup plus forts" sur l'ambition.
Du côté des ONG, on regrette également que les États se soient limités à boucler les règles qui permettront d'appliquer l'accord sans arriver à s'engager à faire plus et plus vite. "Ce manque de réponse au rapport du Giec, c'est choquant", a ainsi réagi Jennifer Morgan, de Greenpeace: "Vous ne pouvez pas vous réunir après ça, et dire que vous ne pouvez pas faire plus!".
"Un immense gouffre se creuse entre ce qui est requis pour contenir le réchauffement climatique et ce que les Etats font", a déclaré Maxime Combes, porte-parole d'Attac France sur les questions climatiques dans un communiqué. "A ce rythme, un record d'émissions de GES sera battu chaque année jusqu'en 2030, alors qu'il faudrait les réduire en valeur absolue au plus tard dans les deux ans. Il est temps d’arrêter de faire comme si les politiques économiques néolibérales et productivistes, injustes et insoutenables, pouvaient résoudre la crise climatique qu'elles nourrissent inlassablement."
Les scientifiques du Giec ont en effet envoyé un message alarmant il y a quelques semaines en expliquant, études à l'appui, que pour rester en-deça d'une hausse de 1,5°C par rapport à la période industrielle, il faudrait réduire les émissions de CO2 de
près de 50% d'ici 2030 par rapport à 2010. Hélas, si l'on s'en tient aux engagements actuels, nous n'y arriverons pas. Les experts tablent plutôt sur une hausse de 3°C avec son lot de conséquences irréversibles et notamment des tempêtes, sécheresses et inondations.
Dans un message lu samedi soir en plénière, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, venu trois fois à Katowice pour mettre la pression sur les négociateurs, a assuré que le combat n'était pas terminé. "Désormais mes cinq priorités seront ambition, ambition, ambition, ambition et ambition", a-t-il martelé dans l'optique de son sommet climat de septembre 2019.
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