Alors que la COP 27 se termine, certains acteurs s'inquiètent de l'abandon de l'objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.C'est le cas notamment de l'Union européenne qui s'attache à ce que cette ambitieuse position de l'Accord de Paris soit conservée.Pourtant, des scientifiques assurent qu'il n'est déjà plus possible à tenir.
C'est un objectif ambitieux qui pourrait aujourd'hui être remis en question. Alors que la COP 27 a été rallongée de 24 heures afin de parvenir à un accord entre les États participants, certains acteurs se sont inquiétés d'un possible abandon de maintenir le réchauffement global de la planète en dessous de 1,5°C. Cette ambition avait été réaffirmée lors de la COP26 de Glasgow l'an dernier.
Cette COP ne doit pas être celle du renoncement
Agnès Pannier-Runacher
"Il y a un risque que l'objectif d'1,5°C meurt aujourd'hui", alerte samedi la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, "cette COP ne doit pas être celle du renoncement". Une position partagée par l'Union européenne, qui, par la voix du vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a affirmé qu'elle préférait quitter les négociations plutôt qu'obtenir un "mauvais accord".
Un objectif fixé en 2015
Cet objectif, présenté donc comme non négociable pour l'Union européenne, est un engagement majeur de l’Accord de Paris, conclu en 2015. Lors de cette COP21, les différents pays du monde qui ont participé à ce sommet se sont entendus sur la nécessité de limiter le réchauffement climatique, en se donnant un objectif précis : "limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2 °C, de préférence à 1,5 °C, par rapport à l’ère préindustrielle".
Loin d'éviter des impacts climatiques, la limitation du réchauffement global de la planète à 1,5°C a été défendue afin que ces impacts soient également limités. Comme le rapportait le Giec, "les impacts du réchauffement seront bien plus faibles à + 1,5 °C qu’à + 2 °C".
Pour autant, cet objectif est aujourd'hui jugé irréalisable par certains. C'est le cas notamment de plus de 1000 scientifiques, qui fin octobre, ont tenté de faire réagir en affirmant dans une tribune que cette limite serait en fait dépassée dans moins de 10 ans. Selon les chercheurs, pour respecter cet engagement, "les émissions mondiales doivent atteindre un pic avant 2025 et être réduites de 43 % d'ici 2030".
Irréaliste, faute de changements "majeurs"
Or ce n'est effectivement pas la dynamique qui est observée aujourd'hui, les émissions de CO2 étant sur le point d'augmenter cette année, générées par une consommation d'énergies fossiles qui ne se réduit pas. Elles devraient atteindre 40,6 milliards de tonnes, selon le Global Carbon Project, un consortium international d’une centaine de scientifiques, dans une étude publiée le 11 novembre.
Avant l'ouverture de la COP 27, le chef de l’ONU Antonio Guterres n’était, lui-même, guère optimiste quant à la réalisation de cet objectif, estimant lors de son discours lors de l'Assemblée générale des Nations Unies qu'il était actuellement "sous respirateur artificiel".
Le dernier rapport du Giec, publié en avril, jugeait, lui, encore techniquement possible la réalisation de cet engagement, mais seulement au prix de changements "majeurs". Il a notamment appelé à une très forte réduction de l’usage des énergies fossiles, à l’essor des renouvelables, à la limitation de la demande ou encore à l’aide de l’innovation technologique.
Un renoncement de la part de la COP 27 de cet engagement, comme semblent le pousser certains pays émergents tels que l'Inde, la Chine ou certains pays arabes, est donc vu comme un mauvais signal dans la lutte contre le réchauffement climatique. L'Alliance des petits États insulaires, dont certains pourraient disparaître à cause de la montée des eaux, a dénoncé ce possible retour en arrière.
Selon le climatologue Jean Jouzel, interrogé par Le Monde, l'objectif reste par conséquent "nécessaire" pour maintenir l’action la plus ambitieuse possible. Le risque d'un tel renoncement pourrait également entrainer à terme un abandon d'autres objectifs, mettant alors en échec la lutte contre le réchauffement. "Dans dix ans, on arrêtera aussi de discuter de 2 °C, puis de 2,5 °C", craint-il. Quelle voie la COP 27 prendra-t-elle ? Les États n'ont plus que quelques heures pour décider.
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