Emmanuel Macron se rendra en Égypte à partir de lundi pour participer à la 27e édition de la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui débute le 6 novembre.À travers sa venue, le président français souhaite faire avancer plusieurs dossiers.
Une COP de l'action. Face aux bouleversements géopolitiques advenus depuis la dernière conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Glasgow, certains experts craignent que l'influence de la COP27 soit restreinte avant même son ouverture. Ce n'est pas l'avis de l'Égypte, qui préside et accueille ce sommet sur son sol et qui, à plusieurs reprises, a affirmé que cette conférence serait celle de la "mise en œuvre" de l'Accord de Paris.
Ce n'est pas non plus celui de la présidence française, qui se positionne déjà sur plusieurs dossiers, alors que le président de la République devrait être présent à Charm el-Cheikh lundi 7 novembre, au lendemain de l'ouverture du sommet. Il devrait s'exprimer dans l'après-midi.
Le respect des objectifs climatiques
Une délégation française, menée par l'ambassadeur du climat Stéphane Crouzat, sera également présente tout le long des deux semaines que va durer la conférence et plusieurs ministres s'y rendront. L'occasion pour la France de réaffirmer la nécessité de continuer à respecter les objectifs climatiques fixés précédemment, et ce, malgré la guerre en Ukraine initiée par la Russie.
Car avec la hausse des prix de l'énergie provoquée par ce conflit, plusieurs pays européens, dont la France, ont à nouveau recours au charbon ou sont à la recherche de nouveaux approvisionnements en gaz, laissant penser à une régression par rapport aux engagements climatiques. Selon l'Élysée néanmoins, il s'agit seulement de solutions transitoires. Face au conflit qui a mis en avant la nécessité d'une indépendance énergétique, la France espère même pouvoir faire avancer plus rapidement la transition. Tous les États européens ne partagent pas ce point de vue, l'Allemagne a déjà annoncé devoir réduire ses objectifs climatiques à court terme.
Trois priorités
Dans la lignée de la COP26, la France espère malgré tout pouvoir faire avancer la question de la réduction de l'utilisation du charbon, avec notamment des approches ciblées avec l'Afrique du Sud, le Vietnam, l'Inde ou l'Indonésie. La question de la biodiversité, avec un plan global sur les forêts, devrait être abordée lors de ce sommet par la France, le chef de l'État devrait même participer à un événement consacré à ce sujet. Enfin, des annonces sont attendues dans le domaine agricole, particulièrement autour de "la grande muraille verte au Sahel", alors que l'Élysée souhaite soutenir de "vrais projets sur le terrain" afin que les systèmes agricoles des pays les plus vulnérables soient plus résilients.
La question des "pertes et dommages"
La France est cependant surtout attendue sur la question de la finance climatique, problématique que la présidence égyptienne compte mettre en avant lors de cette COP. Dans le même sens, le Groupe des 77 et de la Chine (qui comprend essentiellement tous les pays en développement) a demandé que soit inscrit à l'agenda de la COP27 la question des "pertes et dommages" déjà subis par les pays pauvres en raison du changement climatique.
"La France a une position ouverte sur ce sujet", a assuré vendredi la présidence française. Un conseiller du chef de l'État a néanmoins précisé qu'aux yeux de Paris, la création d'un nouveau fonds n'était pas la réponse la "plus efficace", souhaitant plutôt travailler sur des solutions concrètes. Sur ce point, le pays souhaite soutenir dans tous les pays la mise en place de systèmes de prévention face aux risques d'épisodes météorologiques extrêmes.
La France assure être "en première ligne" dans la "solidarité avec les pays pauvres et les pays émergents", dans le cadre du "contrat Nord-Sud" proposé par Emmanuel Macron à l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, promettant de nouvelles annonces d'aides lors de la COP27. Elle va aussi plaider auprès des autres États membres du G7, et notamment auprès des États-Unis, pour qu'ils tiennent leurs propres engagements financiers sur la solidarité.
Le scepticisme des ONG
Mais en amont de la COP27, les ONG engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique se montrent sceptiques sur l'action future de la France lors de cet événement. Pour Clément Sénéchal, chargé de campagne climat à Greenpeace, le pays serait "en perte de vitesse dans ces négociations internationales, faute d'exemplarité", évoquant notamment une réduction des émissions de gaz à effet de serre trop lente.
En juillet dernier, le Haut Conseil pour le Climat avait effectivement jugé que les efforts sur la question insuffisants par rapport à l'objectif de la France de baisser de 40% ses émissions d'ici 2030, par rapport à 1990. L'implantation au Havre d'un nouveau terminal méthanier par lequel doit transiter d'importantes quantités de gaz de schiste américain fait également débat.
Ces contradictions entre discours et actes "minent la confiance entre les États développés et les États en voie de développement", juge Clément Sénéchal auprès de TF1info, "pour les pays en développement, croire à la sincérité de la parole des pays développés dans ces négociations passe par une crédibilité qui dépend des résultats et des efforts qui sont effectivement fournis par une nation comme la France".
L'action menée dans les prochains jours lors de la COP27, mais aussi les annonces qui concerneront directement l'action climatique française, seront donc scrutés de près. Dans le cadre de ce sommet, l'Élysée devrait recevoir mardi les cinquante entreprises françaises les plus polluantes afin de les inciter à réduire leur empreinte carbone.
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