Dauphins échoués sur les plages de l'Atlantique : le gouvernement sommé de revoir sa copie

par V. F
Publié le 24 février 2023 à 18h54

Source : TF1 Info

La rapporteure publique du Conseil d'État s'est prononcée ce vendredi en faveur de la mise en place d'ici à six mois de fermetures spatio-temporelles de certaines pêches.
Elles sont en effet jugées responsables du décès de nombreux dauphins sur les côtes alantiques.

"Des milliers de dauphins sont massacrés chaque année en France pour que vous mangiez du poisson". Sea Sheperd France alerte régulièrement sur la menace qui pèse sur les dauphins de l'Atlantique. Et pour mieux sensibiliser la population, l'ONG avait organisé, ce vendredi, une action à Nantes en exposant dans le centre-ville deux carcasses de dauphins récupérés dans la nuit dans des filets au large des Sables d'Olonne. "En 17 sorties en mer depuis début février, nous avons filmé 14 dauphins capturés et tués !", a-t-elle lancé sur Twitter, pour mieux appuyer son propos.

Mais le combat de Sea Sheperd France va peut-être finir par payer. Les pêcheurs pourraient en effet devoir ranger leurs filets plusieurs semaines, voire plusieurs mois par an pour préserver ces mammifères. La rapporteure publique du Conseil d'État a enjoint vendredi le gouvernement à prendre des mesures en ce sens dans les six mois. "Compte tenu des insuffisances relevées et du risque que cela représente pour la pérennité de ces espèces protégées (...) nous vous invitons à enjoindre le gouvernement à (...) combiner le recours à des dispositifs de dissuasion acoustique à des mesures de fermetures spatio-temporelles (...) dans un délai de six mois", a-t-elle déclaré.

La rapporteure publique reconnait qu'on a un taux de mortalité des dauphins intenable pour la survie de la population
Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France

La décision de la plus haute juridiction administrative française, qui suit généralement l'avis de la rapporteure, est attendue dans les trois semaines. Les associations à l'origine de recours déposés en 2021, FNE (France Nature environnement), Sea Sheperd France et l'association de défense des milieux aquatiques (DMA) - qui réclamaient des suspensions de la pêche dans l'Atlantique pour une durée de trois mois l'hiver et d'un mois en été - ont d'ores et déjà exprimé leur satisfaction. 

"La rapporteure publique reconnaît qu'on a un taux de mortalité des dauphins intenable pour la survie de la population et que les mesures prises par l'État sont insuffisantes, c'est une bonne chose", s'est ainsi félicité Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France à l'issue de l'audience, réclamant "un scénario exigeant" sur le temps des fermetures. "Aujourd'hui la situation est gravissime, on ne doit pas remettre à plus tard les décisions", a souligné de son côté Jérôme Graefe, juriste de la FNE. 

Les dauphins de l'Atlantique "pourraient s'éteindre d'ici 40 à 50 ans"

Selon l'observatoire Pelagis, qui recense depuis 1970 les échouages de cétacés sur la façade atlantique, 395 petits cétacés ont été retrouvés morts sur les côtes atlantiques françaises entre le 1er décembre et le 15 février, dont 60% en Vendée et en Charente-Maritime. Quarante dauphins ont par ailleurs été retrouvés sur le littoral de la Manche. L'immense partie (90%) concerne des dauphins communs et une "grande majorité" présentaient "des traces de capture dans un engin de pêche".

Pour le seul mois de janvier, 173 se sont échoués, soit 100 de plus qu'à la même période l'an dernier. Les défenseurs de l'environnement pointent du doigt la responsabilité des chaluts pélagiques et des fileyeurs. Dans un rapport publié début février, Pelagis souligne que la population de dauphins de l'Atlantique nord-est, estimée autour de 200.000 individus en 2011/12, décroît depuis plusieurs années et "pourrait s'éteindre d'ici 40 à 50 ans" si rien n'est fait.

Jusqu'à maintenant, le gouvernement français a orienté son action sur des mesures de documentation du phénomène et la mise en place de solutions techniques comme des caméras embarquées ou des répulsifs sur les bateaux. Autant d'actions jugées insuffisantes par les ONG et l'Europe. En juillet 2022, la Commission européenne avait adressé à la France un avis motivé lui demandant d'empêcher les prises accessoires de dauphins communs par les navires de pêche, menaçant de saisir la Cour de justice de l'UE.


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