Notre planète

Dérèglement climatique : avec le dépassement du seuil de l'eau douce, six "limites planétaires" désormais franchies

par Maëlane LOAËC (avec AFP)
Publié le 14 septembre 2023 à 16h13, mis à jour le 14 septembre 2023 à 18h07
JT Perso
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Source : TF1 Info

Sous l'effet du dérèglement climatique, la plupart des "limites planétaires" de la Terre sont désormais franchies, selon une nouvelle étude.
Ces limites correspondent à des seuils à ne pas dépasser pour que la planète reste habitable.
Anticipé par les experts, le franchissement de la limite sur l'eau douce est maintenant confirmé.
Deux autres seuils sont par ailleurs en voie d'être transgressés.

L'un après l'autre, les seuils écologiques sont renversés. Sur les neuf "limites planétaires" qui situent les capacités de résilience de la Terre, six sont désormais franchies et deux autres sont en passe de l'être, a averti mercredi l'actualisation d'une étude de référence sur ce concept, publiée dans la revue Science Advances. Déjà anticipé l'an passé, le dépassement du seuil de l'eau douce est dorénavant confirmé par ces nouveaux travaux, qui soulignent la responsabilité de la pollution et l'exploitation des ressources naturelles par l'humanité sur l'évolution de ces capacités.

Ce document correspond à la deuxième actualisation majeure, après celle de 2015. Pour la première fois, ces neuf limites ont été "cartographiées", permettant de rendre compte du franchissement écrasant de la majorité des seuils. "Nous avançons toujours dans la mauvaise direction", et "rien n'indique que l'une ou l'autre de ces limites (...) commence à évoluer dans la bonne direction", a déploré Johan Rockström, directeur de l'Institut de recherche sur l'impact du climat de Potsdam (PIK). "Cela signifie que nous perdons en résilience, que nous mettons en péril la stabilité du système Terre", a ajouté ce cocréateur du concept, décrivant la planète comme "un patient qui ne va pas bien", soumis à une "pression qui augmente".

Jusqu'alors, les scientifiques avaient signalé que seule la limite sur "l'eau verte", absorbée par les sols et les plantes, avait été franchie. Désormais, "l'eau bleue", que l'on retrouve dans les cours d'eau comme les lacs et les rivières, est désormais aussi concernée, à l'heure où de nombreux pays, dont la France, affrontent depuis des mois une sécheresse préoccupante

En 2019, seuls trois seuils avaient été dépassés

La raréfaction de l'eau douce vient ainsi s'ajouter à cinq autres limites déjà largement dépassées : le changement climatique, la déforestation, la perte de biodiversité, la quantité de produits chimiques synthétiques (dont les plastiques) et l'équilibre du cycle de l'azote, liste l'étude menée par une équipe internationale de 29 scientifiques. Deux autres, l'acidification des océans et la concentration des particules fines polluantes dans l'atmosphère, sont quant à elles proches des seuils d'alerte. Seul l'état de la couche d'ozone reste en deçà du seuil fixé, avec une bonne marge. La bascule s'est accélérée ces dernières années : en 2019, seuls trois seuils avaient été dépassés - le réchauffement climatique, le taux d'extinction des espèces et le cycle de l'azote. 

Ces "limites planétaires" avaient été définies en 2009 par le Stockholm Resilience Centre. Elles correspondent à des seuils à ne pas outrepasser dans neuf domaines pour que les écosystèmes évoluent dans une "zone de fonctionnement sûre", de façon à garantir la possibilité d'habiter sur Terre. Cette notion est progressivement devenue une référence de la science du système de la planète. "Avec les limites planétaires, nous identifions les processus importants qui maintiennent la Terre dans les conditions de vie qui ont prévalu au cours des 10.000 dernières années, pendant laquelle l'humanité et la civilisation se sont développées", a expliqué l'autrice principale, Katherine Richardson, professeure à l'Institut du Globe de Copenhague.

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Or sous l'effet du changement climatique, ces processus sont bouleversés. Les extinctions d'espèces se produisent à notre époque dix fois plus que le seuil recommandé, tandis qu'au niveau de la température de l'atmosphère, "nous nous dirigeons vers un réchauffement de 2,5°C, 2,6°C ou 2,7°C, un niveau inconnu depuis quatre millions d'années", a mis en garde Johan Rockström. Et un cercle vicieux s'est mis en place : l'étude souligne que les différents dépassements de limites s'amplifient mutuellement, notamment à cause d'un lien clé entre la concentration croissante de CO2 et les dommages à la biosphère.

Nous ne savons pas combien de temps nous pourrons continuer à transgresser ces limites essentielles avant que ces pressions combinées n'entraînent des changements et des dommages irréversibles

Johan Rockström, directeur de l'Institut de recherche sur l'impact du climat de Potsdam (PIK)

Le franchissement d'une limite ne signe pas un changement radical du jour au lendemain, mais il aggrave les risques auxquels les populations et les écosystèmes sont soumis, explique le Stockholm Resilience Centre sur son site. "Nous pouvons considérer la Terre comme un corps humain et les limites planétaires comme la tension artérielle", a expliqué Katherine Richardson auprès du centre d'études : une tension très forte n'implique pas "une crise cardiaque certaine, mais elle augmente le risque", a-t-elle résumé. "Nous ne savons pas combien de temps nous pourrons continuer à transgresser ces limites essentielles avant que ces pressions combinées n'entraînent des changements et des dommages irréversibles", a abondé Johan Rockström, cité par le site.

Pourtant, pour les neufs domaines étudiés, la situation peut revenir en deçà des seuils d'alerte, prévient l'étude. "Il s'agit simplement de fixer des limites à la quantité de déchets que nous rejetons dans l'environnement et à la quantité de matières premières vivantes ou non que nous en extrayons", a déclaré Katherine Richardson. La limite de l'appauvrissement de la couche d'ozone avait par exemple été franchie dans les années 1990, "mais grâce à des initiatives mondiales, (...) cette limite n'est plus transgressée", a expliqué la spécialiste sur le site du Stockholm Resilience Centre.


Maëlane LOAËC (avec AFP)

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