À LA LOUPE – Des autobus vides recouverts de publicité roulent-ils dans Paris afin de faire de la publicité pour la société de paris en ligne Winamax ? C'est en tout cas ce qu'affirment plusieurs internautes. Explications.
A l'heure où les Parisiens sont invités à réduire l'utilisation de leur voiture afin de lutter contre la pollution, il est des publicités dont la capitale se passerait bien. D'après plusieurs photos partagées sur les réseaux sociaux, d'immenses autocars entièrement recouverts de publicité pour la société de paris sportifs et de poker en ligne Winamax circuleraient dans les rues de la ville.
Tout débute le 14 octobre. Fabien, un Parisien à l’œil observateur, partage sur son compte Twitter des photos d'un bus blanc, entièrement recouvert d'une publicité Winamax qui circulerait en boucle dans les quartiers de l'Opéra et de Saint-Lazare.
Tour de la place et repart !!! @egregoire @Anne_Hidalgo @C_Najdovski ce n'est pas notre première alerte sur ce sujet. Est-ce la même société qui vient polluer notre atmosphère pour faire de la pub que celle qui pollue nos murs ? Encore une autre ? pic.twitter.com/9udW1FEFW8 — Fabien Tipon and co (@FabienTipon) October 14, 2019
Les mêmes autocars publicitaires Winamax ont également été aperçus dans d'autres villes, notamment à Bordeaux et Toulouse.
Bonjour @WinamaxSport @Winamax le bilan carbone du bus vide qui circule dans #Bordeaux depuis 3 semaines est bon ? pic.twitter.com/qpnicHYDDO — 𝐌onsieur 14 (@Monsieur14_) October 28, 2019
Et c'est "fun" de faire tourner en rond depuis des jours des bus sans aucun passager dans Paris ? La pollution ça vous parle ? Pour votre info c'est illégal (Article R581-48 : "La surface totale des publicités apposées sur chaque véhicule ne peut excéder 12m²") @Parisjecoute — Baptiste G. (@BaptisteG__) October 28, 2019
Des autocars circulent-ils vides à des fins publicitaires ?
Intrigués, nous avons posé la question à Winamax, initiateur de cette étonnante campagne publicitaire. L'entreprise nous dit être surprise par les autocars employés et nous explique qu'Alternacom*, régie publicitaire en charge de cette opération, devait normalement utiliser des véhicules électriques. "Nous avons demandé la fin de cette campagne et Alternacom devra nous indiquer combien ces bus ont transporté de personnes durant la durée de l'opération."
Au total, quatre autocars circulaient dans Paris et trois autres en France : Lyon, Bordeaux et Toulouse.
En revanche, petite étrangeté : Winamax nous assure que l'opération était prévue pour durer dix jours. Or, les premières photos datent du 14 octobre. Dans le même temps, l'entreprise nous assure que la campagne a cessé grâce "à notre vigilance" le lundi 28 octobre, donc quatorze jours après.
La circulation de ces bus est tout à fait illégale
Mairie de Paris
La réponse de la ville de Paris
Contactée par LCI, la mairie de Paris nous assure que cette campagne publicitaire carbonée n'a fait l'objet d'aucune demande d'autorisation de circulation et que, dans tous les cas, une telle demande n'aurait jamais été accordée. "La Ville est actuellement en train de se renseigner afin de voir quels instruments juridiques peuvent être mobilisés pour mettre fin à ce genre de comportement contraire au règlement de la publicité et des enseignes," nous assure-t-on. "La circulation de ces bus est tout à fait illégale", affirme-t-on encore.
Selon la municipalité, la campagne de publicité de Winamax ne pose pas seulement un problème juridique :"Elle est polluante car elle fait circuler inutilement des véhicules lourds." Future ville hôte des Jeux olympiques, l'hôtel de Ville considère également que le slogan diffusé - "Ma devise dans le foot c’est l’argent" - est "contraire aux valeurs du sport que l'on souhaite partager".
A @Paris les bus sont fait pour le transport de passagers, non pour les campagnes publicitaires illégales de @Winamax , qui polluent l'air et l'espace public des Parisiennes et des Parisiens. La Ville de @Paris porte plainte contre cette violation du règlement local de publicité. https://t.co/F8frnI3xTW — Emmanuel GREGOIRE (@egregoire) October 29, 2019
Sur Twitter, Emmanuel Grégoire, premier adjoint en charge du Budget annonce le 29 octobre que la mairie de Paris a l'intention de déposer une plainte pour "violation du règlement local de publicité". De son côté, Christophe Najdovski, adjoint aux Transports et à la Gestion de l'espace public, se dit n'être "pas du tout amusé par (cette) campagne publicitaire polluante irresponsable."
. @Winamax Votre devise est l'argent on l'a bien compris. Pas du tout amusé par votre campagne publicitaire polluante irresponsable et bien sûr illégale. https://t.co/UEiiWxu4KP — Christophe Najdovski (@C_Najdovski) October 28, 2019
D'après la mairie de Paris, la circulation de ces autocars publicitaires Winamax serait contraire au Règlement local de la publicité, des enseignes et de préenseignes. L'article P.5.1 dispose que "la publicité apposée sur les véhicules terrestres équipés ou utilisés à des fins essentiellement publicitaires est interdite." Egalement, "la surface totale de la publicité ne peut excéder une surface de 16 m² pour les véhicules de transport public" et "le recouvrement des vitres des véhicules par un film adhésif est interdit."
Les autocars étaient-ils vides ?
Winamax nous renvoie vers Alternacom* Régie publicitaire, l'entreprise qui a assuré cette campagne. Cette dernière explique à LCI qu'il s'agit d' "un malentendu qui sera vite dissipé, c'est une non-affaire". La régie nous l'assure, "il s'agit uniquement d'autocars destinés au transport de touristes en visite à Paris d'un site à un autre." Alors pourquoi ces images de bus entièrement vides ? Selon l'entreprise, ils peuvent être vides lorsqu'ils rallient deux endroits ou dans l'attente de leurs passagers.
Malgré les photographies partagées sur les réseaux sociaux, Alternacom Régie publicitaire nie donc les accusations de tours en ville effectués en boucle et sans aucun passager à bord. Concernant le modèle des bus et contrairement à ce que soutient Winamax à LCI, Alternacom nous assure que rien ne prévoyait qu'ils soient électriques, mais qu'il s'agissait d'autocars de "dernières génération" et "peu polluants".
Des précédents
Winamax s'est déjà fait remarquer récemment pour des affichages publicitaires sauvages. Le 23 octobre, des Parisiens vigilants avaient directement interpellé la municipalité via Twitter.
Au 1 rue papillon, #Paris9 une société de jeux d’argents colle sa publicité en toute impunité. Signalé sur #DansMaRue cc @Parisjecoute pic.twitter.com/4HygA2Kokz — Gregor Pardalis (@GregorPardalis) October 23, 2019
D'après nos informations, ce sont en tout deux constats de recouvrement d’affiches qui ont été effectuées par les agents de la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection à l’encontre de Winamax. La première dans la rue des Boulangers (5e arrondissement) et la seconde au 37 Boulevard de la Chapelle (18e arrondissement). Quant à cette troisième affiche aperçue rue Papillon (9e arrondissement), elle a été décollée depuis, assure la mairie, qui nous dit "condamner ce genre de pratiques anti-écologiques."
Le Respect est où chez @Winamax ? 😠 Détruire notre fresque ( @eddiecolla / @Jeanjerome_jj ) pour de l'affichage publicitaire, c'est sérieux. • Respect is where at @Winamax ? 😠 Destroying our Wall for advertising display is serious. @Anne_Hidalgo @afpfr @Reuter #StreetArt pic.twitter.com/ZZdBK9NUPl — Jeanjerome (@Jeanjerome_jj) October 24, 2019
*Il existe deux entreprises homonymes Alternacom : la régie publicitaire mentionnée dans cet article, ainsi qu'une agence de communication événementielle qui n'a aucun lien avec la campagne Winamax. Nous avons donc remplacé les termes "société de communication" par "régie publicitaire" afin d'éviter toute confusion entre ces entreprises.
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