Des scientifiques dressent un parallèle entre réchauffement climatique, sous-alimentation et... obésité

Publié le 28 janvier 2019 à 11h49
Des scientifiques dressent un parallèle entre réchauffement climatique, sous-alimentation et... obésité

ALERTE - Des spécialistes, réunis en collectif par la prestigieuse revue médicale The Lancet, alertent sur les dérives du système alimentaire mondial. Selon eux, les multinationales du milieu - la "Big Food" - aggravent le réchauffement climatique, la sous-alimentation et l'obésité dans le monde. Ils appellent à un encadrement du milieu, comme c'est le cas avec les multinationales du tabac.

The Lancet s'engage pour un meilleur encadrement du système alimentaire mondiale. Après trois ans d'enquête, un collectif de la revue scientifique britannique dresse un parallèle entre changement climatique, sous-alimentation et obésité et accuse les multinationales de l'alimentaire d'aggraver la situation.

"Ces trois phénomènes interagissent", soulignent les scientifiques, venus de l'université d'Auckland (Nouvelle-Zélande), de l'université George Washington (Etats-Unis) et de l'ONG World Obesity Federation. "Le système alimentaire est non seulement responsable des pandémies d'obésité et de dénutrition, mais génère aussi 25 à 30% des émissions de gaz à effet de serre". L'élevage de bétail est particulièrement pointé du doigt.

Autre interaction : "sous-alimentation et obésité vont sans doute être considérablement aggravés par le changement climatique", prédisent les experts. Les phénomènes climatiques extrêmes, comme les sécheresses, pourraient à la fois priver certaines populations de nourriture et faire monter le prix des fruits et légumes, ce qui augmenterait la consommation d'aliments industriels.

Les accusations se portent sur les "multinationales de la nourriture et de la boisson focalisées sur les profits" - appelées la "Big Food"-, et plus globalement sur notre choix de modèle de société. Car ces trois maux "ont des moteurs communs", selon ces 43 experts issus de 14 pays : "de puissants intérêts commerciaux", mais aussi "une réponse politique insuffisante et un manque de mobilisation de la société civile".

La nécessité d'une réponse politique globale

"Ces 20 dernières années, obésité, dénutrition et changement climatique ont été considérés séparément et la lenteur des réponses politiques est inacceptable", dénonce le rapport. Il appelle à une réponse globale qui combinerait politiques de santé publique (recommandations en faveur de régimes alimentaires sains, promotion de l'activité physique...) et des politiques budgétaires et fiscales (financement de modes de production durables, taxes pour faire baisser la consommation de viande rouge ou favoriser le transport non-motorisé...).

Pourquoi s'attaquer ici à la voiture ? "Nos systèmes de transport dominés par (elle) favorisent un mode de vie sédentaire (avec trop peu d'activité physique, ndlr) tout en générant de 14 à 25% des émissions de gaz à effet de serre", répondent les scientifiques.

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Un encadrement de "Big Food" sur le modèle de la lutte antitabac

Pour les auteurs du rapport, les multinationales de l'alimentaire doivent être encadrées de la même manière que celles du tabac. Ils proposent la création d'une "Convention-cadre sur les systèmes alimentaires", calquée sur la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLA). Ce texte, adopté en 2003 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), vise à réduire la consommation de tabac mais aussi à lutter contre le lobbying de cette industrie pour limiter son influence sur les politiques publiques.

"En 2016-17, le secteur des boissons sucrées aux Etats-Unis a dépensé 50 millions de dollars en lobbying pour contrer des mesures destinées à diminuer la consommation de soda", estime le rapport. "La nourriture est évidemment différente du tabac, puisqu'elle est indispensable à la vie, mais ce n'est pas le cas des aliments mauvais pour la santé", fait valoir l'un des auteurs, le professeur William H. Dietz. "Les points communs (entre l'industrie de la malbouffe et celle du tabac) sont les dégâts qu'elles provoquent et le comportement des entreprises qui en tirent profit", ajoute-t-il.

Dans une première étude consacrée au lien entre alimentation et environnement, parue le 17 janvier, The Lancet préconisait également de diviser par deux la consommation mondiale de viande rouge et de sucre ainsi que de doubler celle de fruits, légumes et noix.

   

Selon l'OMS, 1,9 milliard d'adultes dans le monde sont en surpoids, dont 650 millions sont obèses, ce qui est un facteur de risque pour le diabète, les maladies cardio-vasculaires et le cancer. Dans le même temps, 462 millions d'adultes souffrent de maigreur. 


La rédaction de TF1info

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