L'accident nucléaire de Fukushima

Les eaux de la centrale de Fukushima vont être rejetées dans l'océan, douze ans après la catastrophe nucléaire

par Annick BERGER avec AFP
Publié le 4 juillet 2023 à 16h07

Source : TF1 Info

L'Agence internationale de l'énergie atomique a validé le plan du gouvernement japonais de rejeter dans l'océan l'eau traitée de la centrale nucléaire accidentée.
Un processus qui "satisfait aux normes internationales de sûreté".
Cette éventualité inquiète toutefois les voisins du Japon et les ONG de défense de l'environnement.

Pour l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) tous les voyants sont au vert. L'agence onusienne a validé, mardi 4 juillet, le plan du gouvernement japonais de rejeter dans l'océan de l'eau traitée de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, confirmant son avis favorable donné en 2022. Un plan qui "satisfait aux normes internationales de sûreté" et aura un impact "négligeable", selon Rafael Grossi, le chef de l'AIEA, présent au Japon pour réaliser son évaluation.

"L’AIEA a conclu que la démarche et les activités de rejet de l’eau traitée (...) satisfont aux normes de sûreté internationale pertinentes", selon son rapport. "Les rejets contrôlés et progressifs de l’eau traitée dans la mer (...)  auraient un impact radiologique négligeable sur la population et l'environnement", a-t-il ajouté.

Un projet contesté

La triple catastrophe séisme-tsunami-accident nucléaire de Fukushima, survenu le 11 mars 2011, avait provoqué la fusion de trois réacteurs de la centrale, dans l'accident nucléaire le plus grave depuis Tchernobyl, contaminant une vaste zone autour du site. Si les travaux de décontamination et de démantèlement de la centrale vont encore durer plusieurs décennies, le Japon est confronté à un important problème de stockage de quelque 1,33 million de tonnes d'eau issues de la pluie, des nappes souterraines ou des injections nécessaires pour refroidir le cœur des réacteurs nucléaires sur le site de la centrale.

Les zones de stockage arrivant bientôt à saturation, le gouvernement japonais cherche à rejeter ces eaux dans l'océan Pacifique afin de pouvoir poursuivre les travaux sur place. Une eau qui sera, au préalable, décontaminée via un système éliminant les éléments radioactifs - à l'exception du tritium - et diluée. 

Mais le projet est largement contesté par la Chine, alors qu'en Corée du Sud l'inquiétude est de mise. Séoul a vu ces dernières semaines les prix du sel fortement grimper, sur fond de crainte de contamination après le rejet dans l'océan de l'eau de Fukushima. Par ailleurs, les communautés de pêcheurs de la région craignent que les clients ne boycottent leurs prises, malgré les protocoles de test stricts pour les aliments provenant de la zone. Il faut dire que l'eau rejetée, bien que diluée, sera toujours contaminée au tritium, impossible à éliminer par les technologies à la disposition de l'Homme.

Un processus pas nouveau

Pour tenter de rassurer, Rafael Grossi a assuré que l'accord pour le rejet des eaux de Fukushima dans l'océan était le fruit de deux ans de travaux menés par une équipe de spécialistes. Il a également assuré que le processus de filtration et de dilution qui sera utilisé "n'est pas nouveau". "C'est quelque chose qui existe dans l'industrie", a-t-il ajouté, prenant les exemples de rejets similaires par des centrales en Chine ou même en France. Les quantités réinjectées par le Japon seraient toutefois sans commune mesure. 

Greenpeace s'est d'ailleurs inquiétée de la situation, non seulement pour la contamination de l'eau au tritium, mais aussi pour la présence d'autres radionucléides "encore plus dangereux, qui résistent au système de filtrage" utilisé par le Japon, avait alerté l'ONG sur la RTBF en février dernier. "Certes, il y a un effet de dilution dans l’océan, mais avec le courant et les différents niveaux, il y a un risque d’avoir des 'hot spots', des zones où la concentration est plus élevée et donc dangereuse pour l’environnement", avait ainsi expliqué Jan Vande Putte.

De son côté, l'AIEA a annoncé qu'elle allait ouvrir un bureau permanent sur le site de Fukushima pour surveiller le processus en continu. Le Japon, lui, a indiqué que les premiers rejets auraient lieu cet été, sans donner plus de détails.


Annick BERGER avec AFP

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