Un tiers de l'eau potable en France contaminée par un pesticide interdit

Publié le 6 avril 2023 à 10h56, mis à jour le 6 avril 2023 à 15h00

Source : TF1 Info

Un tiers de l'eau potable de l'Hexagone est polluée par des pesticides, selon un rapport qui doit être rendu public ce jeudi.
Celui-ci fait état de traces de résidus de chlorothalonil, une substance interdite depuis 2019 en France.
Les filières de traitement conventionnelles ne parviennent pas à s’en débarrasser.

Boire de l'eau du robinet est-il toujours sans risque ? Selon un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) rendu public ce jeudi, de très nombreux Français seraient exposés à une eau potable non conforme à la réglementation. 

En cause ? La présence quasi généralisée sur le territoire de résidus de chlorothalonil, un pesticide commercialisé par Syngenta interdit dès 2019 en Europe et classé "cancérigène probable" depuis 2018 par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), détaille Ouest-France qui a pu consulter le rapport.

Un pesticide recherché depuis peu

Plus en détail, des traces importantes de métabolites ont été détectées dans les eaux de surface et souterraines de métropole. Or, les filières de traitement conventionnelles ne parviennent pas à s’en débarrasser. Comment expliquer cette soudaine découverte ? Le métabolite en question, le R471811, n’était tout simplement pas recherché jusqu’à tout récemment et n'est pas encore intégré aux plans de surveillance de toutes les agences régionales de santé (ARS), les laboratoires agréés n’étant pas tous capables de le mesurer. 

S'il est donc impossible, pour l’heure, de déterminer précisément le pourcentage de la population concernée, 34% de l'eau potable de l'Hexagone serait au total concernée, selon l'Anses. À noter toutefois que cette estimation est non exhaustive puisqu'elle découle des choix d’échantillons opérés par les experts de l’agence. "Plus de la moitié de la population française est concernée", a estimé de son côté responsable technique d’un gros opérateur public, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, auprès du Monde.

Impossible de s'en débarrasser ?

Dans quelles proportions l'eau potable est-elle polluée à ce stade ? Pour rappel, en janvier 2022, l’Anses a classé le R471811 "pertinent" (à savoir, potentiellement problématique), ce qui impose son maintient sous le seuil prévue par la réglementation de 0,1 microgramme par litre (µg/l) au même titre que sa molécule-mère. Or, à partir du moment ou cette dernière est considérée comme non conforme aux critères réglementaires de qualité, c'est que la concentration de la molécule visée dépasse cette limite. 

Toujours selon Le Monde, la facture de cette catastrophe d'une ampleur sans doute inédite pour les producteurs d’eau potable pourrait se chiffrer en milliards d’euros. 


Audrey LE GUELLEC

Tout
TF1 Info