Électricité : la sécheresse met-elle en péril la production hydraulique en France ?

par Sébastie MASTRANDREAS
Publié le 12 août 2022 à 19h38

Source : JT 20h WE

L'assèchement des cours d'eau et l'abaissement des réservoirs perturbent le fonctionnement des barrages hydroélectriques en France.
Le niveau de remplissage des réservoirs exploités est au dessous de la moyenne cet été.
La production hydroélectrique en est forcément impactée.

Cours d'eau à sec, fleuves et lacs à des niveaux historiquement bas... Aux quatre coins de la France, les marqueurs de la sécheresse se multiplient. A l'image du lac artificiel de Serre-Ponçon, château d'eau des Hautes-Alpes, dont le niveau a baissé spectaculairement de 13 mètres cet été, faute de pluie et de fonte des glaces. 

Outre les conséquences économiques - sur le tourisme notamment - et agricoles, ce déficit de volume d'eau du lac affecte son barrage hydroélectrique, le troisième de France, qui fonctionne grâce aux retenues d'eau, et qui ne tire plus d'eau cet été. Des aléas de fonctionnement - les décisions sur la répartition de l'eau, bien commun, sont prises par arrêté préfectoral - qui sont observées ailleurs dans l'Hexagone, dans plusieurs autres centrales hydroélectriques. De quoi interroger sur l'impact de la sécheresse sur la production hydroélectrique, deuxième source d'approvisionnement en électricité des Français derrière le nucléaire, qui représentait en 2021 pas moins de 12% du mix énergétique.  

Un taux de remplissage des réservoirs d'eau "15 points au-dessous de la moyenne historique"

"En France, le premier trimestre 2022 a été particulièrement sec", confirme EDF à TF1info. L'entreprise explique ce phénomène par un "cumul des précipitations de janvier à mai 2022 déficitaire sur l'ensemble de la France (excepté le Sud-Ouest)", ainsi qu'un "déficit d'enneigement", en particulier dans les Alpes, et des "précipitations historiquement basses sur de nombreux bassins", conduisant à "creuser le déficit pluviométrique". "Seules des séquences orageuses ont conduit à une pluviométrie excédentaire sur le bassin de la Loire en juin", note EDF. Une situation aggravée par les fortes chaleurs, qui ont "contribué à accentuer le déficit hydrologique", ajoute l'entreprise. 

Ainsi, au 11 août 2022, les réservoirs exploités par EDF atteignent un taux de remplissage de "64,4%, soit 15 points en-dessous de la moyenne historique", apprend-on. Pas une région n'est épargnée : à commencer par les Alpes du Sud, où le niveau des réservoirs est de 29 points en-dessous de la moyenne historique, en passant par les Alpes du Nord (13 points), les Pyrénées (21 points) et le Massif Central (7 points). En résulte une production hydraulique affaiblie : "la production hydraulique en France s’élève à 18,9 TWh à fin juin, en baisse de 5,7 TWh par rapport au premier semestre 2021 (-23,1% par rapport au premier semestre 2021)", explique encore EDF. 

Une situation qui se confirme à l'échelle nationale, tous producteurs d'hydroélectricité confondus. En témoigne le site Transparency Entsoe, qui répertorie les niveau de remplissage des réservoirs hydroélectriques et leur capacité de production. Les derniers relevés effectués la première semaine d'août font état d'un stockage d'eau en baisse depuis le début de l'été : la production totale hydraulique en France représentait alors 2,27 TWh. L'an dernier à la même époque, alors que le pays ne traversait pas un tel épisode de sécheresse, ce niveau s'élevait à 2,6 Twh. 


Sébastie MASTRANDREAS

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