POLITIQUE - Emmanuel Macron rencontre lundi 14 décembre les membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), échaudés par ses dernières prises de position.
Les discussions promettent d'être animées. Emmanuel Macron rencontre lundi 14 décembre à partir de 17h et ce pendant trois heures les membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) dans un climat pour le moins tendu, au Conseil économique, social et environnemental à Paris ou en visioconférence.
Échaudés par les dernières prises de position du chef de l'État, ces derniers redoutent un possible "détricotage" de leurs propositions pour lutter contre le réchauffement climatique avant la présentation prévue fin janvier du projet de loi climat qui doit traduire une bonne partie de leurs propositions.
Parmi les citoyens de la Convention pour le climat, 130 citoyens sur les 150 tirés au sort seront au Conseil économique, social et environnemental (Cese) ou en visioconférence pour une discussion qui sera, selon l’entourage du chef de l’État "franche et directe". Pour ce faire, le président de la République sera accompagné de plusieurs ministres - notamment Barbara Pompili (Ecologie), Julien Denormandie (Agriculture), Emmanuelle Wargon (Logement) ou Jean-Baptiste Djebbari (Transports).
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Quels seront les enjeux ?
La portée, voire même la mise en application, de certaines mesures emblématiques sont encore dans la balance, comme la rénovation énergétique des bâtiments ou une limitation de la publicité. Le président pourrait également préciser ses intentions sur un éventuel référendum, dont il avait dit en juin en recevant les propositions de la CCC qu'il était "sur la table".
Le député Matthieu Orphelin, co-président du groupe EDS à l’Assemblée, a dressé la liste des arbitrages qu’il attend lors de cette réunion, parmi lesquels l’obligation de rénovation des passoires thermiques ou la régulation de la publicité sur les produits polluants.
Le Président @EmmanuelMacron rencontrera donc lundi prochain @les150ccc pour présenter la loi @Conv_Citoyenne . Pour qu'elle soit ambitieuse, il faudra des arbitrages forts, en particulier sur les 10 mesures ci-dessous. Alors, 0/10 ou 10/10 ? RV lundi 17h ! #Climat pic.twitter.com/s0OmPQjYQK — Matthieu ORPHELIN (@M_Orphelin) December 9, 2020
Autre point soulevé : la crise née du Covid ayant frappé des pans entiers de l'économie de plein fouet. Dont certains secteurs gros pollueurs, comme l'aérien ou l'automobile, qui ont bénéficié de milliards d'euros de plans de soutien, sans assez de contreparties environnementales selon les "Conventionnels", soutenus en cela par les militants écologistes.
Un manque d'"ambition générale" et de "soutien clair" de l'exécutif déploré
Les membres de la CCC, tirés au sort, ont travaillé pendant neuf mois pour présenter 149 propositions visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France de 40%, "dans un esprit de justice sociale". Inquiets, ils avaient publiquement interpellé le président sur le manque d'"ambition générale" et de "soutien clair" de l'exécutif. Et mi-novembre, un des premiers promoteurs et "garant" de la Convention, le réalisateur Cyril Dion, a lancé une pétition en ligne pour "sauver la CCC", qui a dépassé les 415.000 signatures, suscitant la colère du chef de l'État. Par ailleurs, certaines déclarations du chef de l'État n'ont pas aidé, comme la comparaison ironique avec un "retour à la lampe à huile" de la proposition de la CCC d'un moratoire sur le déploiement de la 5G.
Ni le "comité de gouvernance" de la CCC, ni les "garants" ne seront présents à la réunion de lundi. La rencontre, à l'initiative de l'Élysée, n'entre en effet pas dans le processus prévu de la convention, qui tiendra une dernière session après la traduction de ses mesures, pour évaluer la réponse concrète de l'exécutif. Des mesures d'autant plus importantes que la France ne tient déjà pas ses engagements de réduction d'émissions de gaz à effet de serre, que le Conseil d'État l'a mis en demeure de prouver sous trois mois l'efficacité de son action, alors même que l'Union européenne vient d'en adopter de plus strictes à l'occasion du cinquième anniversaire de l'accord de Paris.
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Cinq ans après la sortie de son livre « Comment tout peut s’effondrer », Pablo Servigne se justifie encore : « L’objectif n’a jamais été de faire peur à tout le monde ou de prouver que tout est foutu, bien au contraire », écrit-il dans son dernier opus, publié aux Liens qui Libèrent avec la revue Imagine Demain Le Monde. Il a également répondu aux reproches qui lui avaient été faits, dont celui de ne pas parler des causes des effondrements.