Une partie des centrales avait été mise à l'arrêt afin de réaliser des travaux d'entretien.Mais d'autres ont dû suspendre toute production d'électricité à cause d'un problème de corrosion.Cette situation fait craindre un fonctionnement au ralenti du parc nucléaire sur les prochaines années.
Cette situation ne pouvait pas plus mal tomber. Alors que le contexte international rend la question de l'énergie particulièrement sensible, la production du parc nucléaire français est fragilisée. Actuellement, sur les 56 réacteurs qui se trouvent en France, 29 sont à l'arrêt.
Les raisons sont multiples. Des suspensions d’activité étaient prévues pour les centrales les plus anciennes dans le cadre de leur visite décennale. D’autres opérations de maintenance plus légères se sont ajoutées et ont été effectuées simultanément, alors même qu’elles avaient été prévues de manière plus échelonnée dans le temps. La faute à la crise sanitaire qui a reporté ces opérations.
Des problèmes de corrosion inattendus
À ces deux facteurs, une troisième raison plus inattendue s'est ajoutée. Fin 2021, EDF effectue un contrôle pour détecter d’éventuelles fissures thermiques sur un réacteur de Civaux. L’entreprise découvre alors des problèmes de corrosion au niveau de soudure des coudes des tuyauteries d'injection de sécurité (RIS) - qui permettent de refroidir le réacteur en cas d'accident - reliées au circuit primaire. Cette corrosion dite "sous contrainte" se traduit par des petites fissures.
Revenant sur ce problème inattendu lors d'une audition devant des parlementaires mardi, le président de l'Autorité de sûreté nucléaire, Bernard Doroszczuk a expliqué qu'actuellement 12 réacteurs étaient à l'arrêt pour cette raison. 35 soudures auraient déjà été expertisées par EDF et 105 autres doivent être réalisées d’ici à fin juin. Des inspections seront en outre effectuées lors de visites décennales prévues sur certains réacteurs cette année.
Des problèmes de sûreté qui impactent la production
Mais ce sont plusieurs années qui pourraient être nécessaires pour résoudre complètement ce problème de corrosions, selon Bernard Doroszczuk. Celui-ci n'a par ailleurs pas totalement exclu un problème générique pour expliquer ce phénomène et prévoit donc l'inspection de l'ensemble des réacteurs. Or, si un problème générique se confirme, de longues mises à l'arrêt pourraient avoir lieu, ce qui pèserait sur la production d'énergie.
Ces problèmes de sûreté ont déjà fortement impacté la production du fournisseur d’électricité. En janvier, sur les 61,4 gigawatts (GW) de puissance installée, la disponibilité moyenne du parc nucléaire n'a été que de 48 GW. Depuis fin avril, ce sont moins de 30 GW qui sont disponibles, soit 10 à 15 gigawatts de moins qu'un mois de mai normal, selon Le Monde.
Face à cette baisse de production, le président de la Commission de régulation de l'énergie, Jean-François Carenco, avait même appelé l'ensemble des Français à faire des économies d'énergie fin mars, au risque de faire face à des tensions d'approvisionnement l'hiver prochain. Pour le moment, le réseau de transport d’électricité RTE n’anticipe pas de difficultés pour le printemps et l’été. Cependant, contrairement aux autres années, la France n’exporte quasiment plus d’électricité et l’hiver prochain pourrait être tendu.
D’autant qu’un autre problème pourrait se poser. À cause d'une vague de chaleur inédite, EDF a annoncé la semaine dernière avoir légèrement baissé la puissance de l'un des quatre réacteurs de la centrale du Blayais, en Gironde, afin de "respecter les limites réglementaires" concernant la température des cours d’eau. Or, si cette mesure avait déjà été prise les étés précédents, son application si précoce dans l'année est inédite. EDF a toutefois relativisé la portée de ce problème. Selon le groupe, en France, les pertes de production pour cause de températures élevées de cours d’eau ont représenté 0,3 % de la production nucléaire annuelle depuis 2000.
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