Accueil Paysan : une association pour aider les agriculteurs dans la transition écologique

Publié le 6 juillet 2022 à 10h40
Accueil Paysan : une association pour aider les agriculteurs dans la transition écologique
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L’association Accueil Paysan aide maraichers, éleveurs, vignerons ou apiculteurs à produire sur leur exploitation une agriculture écologique et durable.
Le réseau propose à ses adhérents de diversifier leur activité en recevant et sensibilisant un public éloigné des territoires ruraux.

100 000 exploitations agricoles de moins en 10 ans. Sur 50 ans, le nombre de fermes a même été divisé par 4 en France. Plus d’un quart des paysans dépassent la soixantaine d’années tandis que plus de la moitié sont quinquagénaires. Cadences infernales sans vacances, revenus aléatoires, catastrophes naturelles de plus en plus nombreuses et dévastatrices, adaptation au bio contraignante, etc. Autant de défis qui ne donnent plus envie aux jeunes de s’investir dans une exploitation toujours plus grande et coûteuse.

La protection de l’environnement devient pour les paysans une nécessité. Dans une enquête menée auprès de 1 359 agriculteurs et viticulteurs en février-mars 2021, l’observatoire du groupe BPCE nous apprend que 51 % d’entre eux se disent "engagés dans une démarche agroécologique". Ils restent néanmoins nombreux à "exprimer des besoins d’accompagnement pour investir en matériel (45 %), recevoir de l’aide technique ou acquérir des connaissances (45 %)", précise l’étude. Le bio ne progresse toutefois que de 2 points en deux ans et ne concerne que 13 % des agriculteurs interrogés.

Leur première préoccupation, devant la retraite et la transmission, reste la santé. Pierre-Jean Barthèye, administrateur et en charge de la communication de l’association Accueil Paysan, ne cache pas que beaucoup de ses "copains ont chopé des cancers." Aujourd’hui retraité d’une chèvrerie dans l’Aveyron, l’ancien vice-président du réseau se montre inquiet et loue le rôle de son dispositif : "Le réseau Accueil Paysan défend une agriculture paysanne et un monde rural diversifié, solidaire, écologique et vivant. Nous accompagnons les paysans qui le souhaitent, formons et cherchons des solutions pour aider chacun à s’adapter au réchauffement climatique dans le respect de la nature."

Réseau de bonnes pratiques pour préserver la terre

Depuis 1987, Accueil paysan réfléchit aux manières de préserver la terre, la faune et la flore, informe les agriculteurs de la France entière sur les conditions et les modalités des transitions agroécologiques, développe la vitalité des territoires ruraux et prône un dialogue serein avec les citoyens alentours et lointains. "Nous n’obligeons aucun de nos adhérents à faire du bio, même si nous les y encourageons. Les démarches peuvent devenir trop lourdes. Nous leur demandons néanmoins de respecter le vivant sans se mettre en danger. Nous pouvons très bien faire adhérer un producteur pas totalement vertueux mais qui désire faire mieux", expose Pierre-Jean Barthèye. L’ancien producteur de fromage de chèvre a mis un certain temps avant de se convertir au bio : "Par méconnaissance j’utilisais notamment des insecticides pour faire fuir les mouches des bâtiments. Ces produits sont terriblement mauvais, mais ils détruisaient instantanément les larves. J’ai fini par mettre des fils collants ensuite, très efficaces et j’ai obtenu le logo AB et le label certifié agriculture biologique."

Pas de dictat au sein de l’association, mais plusieurs cahiers des charges rigoureux que les 900 partenaires doivent respecter. Les agriculteurs se visitent régulièrement pour veiller aux respects des recommandations qu’ils s’imposent entre eux. "Nous fonctionnons en réseau : notre site, des blogs, des rencontres locales ou nationales nous permettent d’échanger nos bonnes pratiques et trouver des solutions. Le changement climatique génère de très grandes contraintes", s’alarme l’ancien producteur de fromage de chèvre.

Diversifier les activités

La même enquête du groupe BPCE nous révèle également que 45 % des exploitants développent au moins une autre activité non agricole ou para-agricole. La vente directe, la plus fréquente, concerne environ un quart des exploitations, principalement en viticulture et en maraîchage. Or, les petits exploitants manquent souvent de temps pour organiser une autre activité sur leur site. Accueil Paysan les aide à survivre en diversifiant leur activité : les agriculteurs se forment notamment à l’accueil du public ou l’hébergement. Gîtes, chambres, campings, accueils groupés, woofing, les séjours prennent différentes formes. "Nous voulons faire connaître le monde du vivant et expliquer comment les produits finis arrivent sur nos tables. Rien ne sort de nulle part dans une boîte en carton. Tout vient de quelque part. Ce n’est pas anodin, je me souviens qu’il y a quelques années, un client avait déclaré qu’il se fichait de la grève du lait des éleveurs parce que lui achetait son lait au supermarché", déplore Pierre-Jean Barthèye. L’association ambitionne de renouer le contact avec les urbains qui ne connaissent plus forcément d’agriculteurs. "Nous accueillons tous les profils, des vacanciers qui ne connaissent pas le réseau à ceux qui veulent se reposer en passant par les familles actives qui veulent s’investir. Généralement la ferme plaît beaucoup aux enfants qui entraînent souvent les parents vers les animaux et la découverte des métiers de la ferme", se réjouit le porte-parole.

Dans une de ses chartes, l’association privilégie "la qualité des relations humaines et l’accès à des richesses immatérielles à préserver comme le contact avec la nature, le rythme des saisons ou la beauté d’un paysage. Le dialogue qui se crée permet l’enrichissement mutuel et l’intéressement du grand public aux problématiques agricoles et environnementales." Les agriculteurs qui reçoivent deviennent des passeurs d’histoire, de goût ou de culture et transmettent la passion de leur territoire. "On a un adhérent qui organise chez lui un festival de cinéma, d’autres qui font de la musique", se félicite Pierre-Jean Barthèye.

L’association se bat contre l’intensification de la croissance des exploitations. Elle dénonce la politique agricole actuelle dominente qui va vers une industrialisation encore plus grande de l’agriculture. Elle craint que cette politique intensive génère beaucoup de catastrophe humaine. Pour y répondre, elle encourage le rassemblement de structures collectives de plusieurs agriculteurs sur un même terrain. Cette pratique permet de libérer du temps et d’organiser le travail à plusieurs. Une structure qui commence à séduire les jeunes.


Geoffrey LOPES

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