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COP15 : face à l'urgence, un accord historique pour protéger 30% de la planète

Annick Berger avec AFP
Publié le 18 décembre 2022 à 17h46, mis à jour le 19 décembre 2022 à 10h26

Source : Sujet TF1 Info

Les pays de la COP15 se sont accordé, lundi 19 décembre à Montréal, sur un accord historique pour tenter d'enrayer la destruction de la biodiversité.
Parmi les mesures phares : protéger 30% de la planète.
Le texte est comparé à l'accord de Paris sur le climat.

C'est un "pacte avec la nature" dont la planète a cruellement besoin. Alors que la Convention sur la diversité biologique (CDB) - aussi appelée COP15 - s'est terminée ce lundi 19 décembre, les 195 pays participants se sont mis d'accord pour un accord qualifié "d'historique". Après quatre ans de négociations difficiles et une nuit de marathon diplomatique, les acteurs ont signé "l'accord Kumming-Montréal", malgré une opposition de la République démocratique du Congo. 

Le texte, feuille de route cruciale pour stopper la destruction de la nature et de ses ressources, vise à protéger les terres, les océans et les espèces de la pollution, de la dégradation et de la crise climatique. Il reprend notamment une demande forte de la communauté scientifique : protéger 30% de la planète. 

"Le plus grand engagement de l'histoire"

Cette mesure, présentée comme l'équivalent pour la biodiversité de l'objectif de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, prévoit de protéger 30% des terres et des mers de la planète d'ici à 2030. Le but est de préserver les écosystèmes en danger des activités humaines et dévastatrices pour la nature. Ces aires protégées le seront sous un niveau minimum de protection, tout en admettant au sein des aires protégées un usage des ressources "durable". Une mesure indispensable mais dont la mise en oeuvre sera surveillée avec attention : les niveaux de protection restant à l'appréciation de chaque État, certains, comme la France, deuxième domaine maritime mondial, sont régulièrement pointés du doigt pour la faible protection de leurs aires protégées, notamment d'activités issues de la pêche industrielle.

Les associations ont toutefois salué la décision, l'ONG Campaign for nature estimant qu'avec cette mesure, l'humanité prend "le plus grand engagement de l'histoire en faveur de la conservation des océans et des terres". "Les élans, les tortues de mer, les perroquets, les rhinocéros, les fougères rares font partie du million d'espèces dont les perspectives d'avenir seront considérablement améliorées" par cet accord a complété Brian O'Donnell, de l'ONG Campaign for nature. Pour Masha Kalinina de l'ONG Pew Charitable Trusts : "Protéger au moins 30% des terres et des mers d'ici 2030 est la nouvelle étoile polaire que nous utiliserons pour naviguer vers le rétablissement de la nature". D'autres défenseurs de l'environnement craignent cependant des échéances trop lointaines au vu de l'urgence actuelle.

La brûlante question financière

D'autres mesures importantes ont été adoptées et notamment celle proposant de restaurer 30% des terres dégradées et de réduire de moitié le risque lié aux pesticides, véritables garanties pour les peuples autochtones, gardiens de 80% de la biodiversité subsistante sur Terre. Les négociations ont toutefois failli échouer à cause de la brûlante question financière entre le Nord et le Sud.

Dans une mesure qui tente de faire consensus, le texte propose d'atteindre "au moins 20 milliards de dollars" d'aide internationale annuelle pour la biodiversité d'ici à 2025 et "au moins 30 milliards d'ici à 2030". Les pays en développement, Brésil, Inde et Indonésie en tête, réclamaient de leur côté d'augmenter à 100 milliards de dollars annuels l'aide versée par les pays riches pour la sauvegarde de la nature, actuellement estimée entre 7 et 10 milliards d'euros.

Les pays du Sud poussaient aussi à la création d'un nouveau fonds mondial distinct dédié à la biodiversité, à l'image de celui obtenu en novembre à la COP27 en Égypte pour les aider à affronter les dégâts climatiques. Mais le Nord, notamment la France, résiste et préfère développer le Fonds mondial pour l'environnement déjà existant, ainsi qu'augmenter les flux privés et philanthropiques vers le Sud. Sur ce point, l'accord propose un compromis : établir dès 2023 une branche dédiée à la biodiversité au sein de l'actuel Fonds mondial pour l'environnement (FEM), dont le fonctionnement actuel est jugé déficient par les pays les moins développés.

Des mesures qui, une fois adoptées, vont devoir être rapidement mises en œuvre, car les scientifiques sont formels : le temps presse. 75% des écosystèmes mondiaux sont altérés par l'activité humaine, plus d'un million d'espèces sont menacées de disparition alors que la prospérité du monde est en jeu : plus de la moitié du PIB mondial dépend de la nature et de ses services. D'autant plus que le plan décennal précédent signé au Japon en 2010 n'a atteint quasiment aucun de ses objectifs, notamment en raison de l'absence de mécanismes d'application véritables.


Annick Berger avec AFP

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