Les bouleversements climatiques affectent directement les entreprises. Dans le même temps, les canicules et autres catastrophes naturelles accroissent les inégalités sociales.Les pouvoirs publics doivent s’adapter pour protéger les populations les plus fragiles.Partenaire du Prix Jeunes pour l’Environnement avec EpE, TF1 INFO vous éclaire pendant un mois autour de la thématique : "Relever le défi de l’adaptation au changement climatique : quelles solutions sobres et durables ?"
Femmes et enfants ont 14 fois plus de chances de mourir lors d’une catastrophe climatique, affirme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ces classes sociales restent davantage précarisées : pas suffisamment accès à l’éducation, pas assez de moyens physiques pour fuir, grimper aux arbres ou résister à une quelconque pression. Sécheresses, inondations, canicules, incendies… De 3,3 à 3,6 milliards de personnes (près de la moitié de l’humanité) demeurent "très vulnérables" au réchauffement climatique. Oxfam, l’ONG de lutte contre la famine, démontre que les populations des pays pauvres ont en moyenne cinq fois plus de risque de se retrouver déplacées après des catastrophes climatiques extrêmes et soudaines (comme les tempêtes ou les inondations) que les habitants des pays riches. La raréfaction de l’eau potable augmente par exemple les risques de maladie, tandis que les chaleurs extrêmes empêchent les personnes les plus pauvres de se nourrir.
Le réchauffement climatique devient le pire ennemi de la lutte contre la famine. En 2017, pour la première fois depuis 10 ans, les Nations unies annonçaient une recrudescence des personnes souffrant de malnutrition dans le monde. L’ONU rappelle ainsi que les événements climatiques extrêmes jouent un rôle important sur la sécurité alimentaire des populations des pays les plus pauvres. Les sécheresses, inondations et autres aléas climatiques imprévisibles perturbent les cycles des cultures et entraînent des pertes de récoltes. Pire, la majorité des revenus de ces populations repose sur le secteur primaire. En conséquence, s’adapter au réchauffement va coûter cher dans les pays en développement. Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), chiffre ce coût à plusieurs centaines de milliards de dollars d'ici à 2050.
Les pays les plus pauvres, mais également les groupes précarisés des régions plus riches, subissent de manière disproportionnée les conséquences des phénomènes climatiques extrêmes. Comment s’adapter pour limiter les impacts ?
Moduler le temps de travail
Les fortes chaleurs mettent sérieusement à l’épreuve nos organismes. Les canicules, températures supérieures à 37° sur trois jours au moins sans descendre en dessous de 20° la nuit, affectent la capacité de notre corps à régler notre température interne. Elles nous empêchent de bien dormir, provoquent des déshydratations, des malaises et fragilisent les enfants, personnes âgées et personnes souffrant de maladies chroniques. Le risque s’aggrave pour les citadins lorsque la canicule s’accompagne d’humidité, d’une absence de vent et d’une pollution atmosphérique. Les professionnels travaillant à l’extérieur (maçons ou couvreurs par exemple) s’exposent aux insolations. Les entreprises doivent donc adapter les horaires de travail pour éviter le moment de la journée où les rayons du soleil tapent le plus fort. La Sécurité sociale rappelle également que ceux qui exercent leur métier dans des espaces fermés restent vulnérables si la température des lieux demeure élevée. "Les personnes vulnérables doivent accéder à des espaces frais ou climatisés", ajoute Ameli sur son site. Les professionnels sont ainsi contraints d'adapter leurs activités pour tenir compte des évolutions du climat : limiter les déplacements ou privilégier le télétravail si les salariés profitent d’un meilleur confort chez eux.
La plus grande fréquence de vagues de chaleur chambarde aussi l’offre de travail et la productivité. Une étude américaine affirme que pour les secteurs les plus exposés (agriculture, construction, etc.), des températures maximales au-dessus de 30 °C réduisent le temps de travail journalier d’une heure en moyenne (-14 % de travail effectif). Les industriels sont invités à travailler sur du long terme en intégrant les risques climatiques dans les chaînes d’approvisionnement. Le tourisme, très touché par l’érosion des côtes, la fermeture de stations de ski en montagne, la protection de lieux en danger, doit proposer de nouvelles activités moins dépendantes des ressources naturelles. Le parc naturel des Calanques à Marseille, par exemple, a choisi de restreindre la venue de touristes, y compris pendant la saison haute. Adrien Delahais, Doctorant en économie du changement climatique, prévient l’État et les collectivités locales : "Certaines régions dépendantes tirent les conséquences du changement climatique et doivent faire des choix. En montagne, des stations ne fonctionnent plus à la neige naturelle. Or, la neige de culture entre en compétition avec l’agriculture et les restrictions d’eau pourront y mettre un sérieux coup de frein. Des questions de gouvernance vont se poser et il faudra se demander à partir de quel moment on met un stop à certaines activités."
Accélérer l’isolation des bâtiments
Un deuxième aspect accroît les inégalités climatiques. Le logement peut devenir un dôme de chaleur insupportable : si vous habitez sous les toits, à plusieurs, dans des pièces étroites ou exposés aux rayons du soleil, la température peut dépasser les 50°. "Aider les personnes qui ne peuvent pas se permettre d’isoler devient un enjeu fondamental", reconnaît Adrien Delahais. Les chèques énergies, distribués aux ménages modestes, ne font pas disparaître les inégalités sur ce plan : certains logements restent très chers à chauffer. Les chercheurs conseillent les pouvoirs publics d’accélérer les rénovations énergétiques. De leur côté, les habitants des outre-mer font face à de plus en plus de tempêtes tropicales destructrices. La Guadeloupe, par exemple, a déjà subi des vents à 230 km/h. Préserver le front de mer de constructions, améliorer la solidité des bâtiments et perfectionner les systèmes d’alerte deviennent une nécessité.
Des métiers, à l’instar des sylviculteurs ou des agriculteurs, peuvent se retrouver dans certaines régions en difficulté. D’autres manquent de ressources à exploiter. Faut-il inciter à s’adapter ou obliger les acteurs ? La question se pose déjà dans beaucoup de secteurs sans que les pouvoirs publics aient tranché.
Appel à projets !
Comme chaque année, Entreprises pour l’Environnement (EpE), TF1/LCI et les sponsors du Prix lancent leur appel à projets pour le Prix Jeunes pour l’Environnement doté de 19 000 €. Cette année, les moins de 30 ans sont invités à formuler des idées concrètes et inédites en répondant à la problématique suivante : "Relever le défi de l’adaptation au changement climatique : quelles solutions sobres et durables". Visant à limiter les impacts du changement climatique et les dommages associés, l’adaptation doit être sobre et durable, afin de répondre aux enjeux climat, ressources et biodiversité. Entre l’autonomie ou la transformation d’un système, les avis de toutes les parties prenantes sont nombreux et diversifiés. Et vous, qu’en pensez-vous ? Envoyez vos idées inédites ou solutions concrètes pour concilier transition écologique et technologies : prix.epe-lci@epe-asso.org. Dépôt des dossiers jusqu’au 20 mars 2022.
Pour plus de précisions, rendez-vous sur le site dédié.
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