Recyclage, zéro déchet, sobriété énergétique… le FC Lyon entend devenir le premier club de football amateur écologique de France.La stratégie de jouer sur un maximum de tableaux commence à porter ses fruits.
Entre Rhône et Saône, le sport tient une place importante dans la vie économique et sociale de la capitale des Gaules. En tête, le football déchaîne les passions. À Décines-Charpieu, jusqu’à 59 000 spectateurs se rassemblent au Parc OL derrière l’Olympique lyonnais. Dans l’ombre du septuple champion de France, difficile d’exister. Pourtant, fondé plus d’un demi-siècle avant son concurrent urbain, le FC Lyon avance ses pions. Pour se faire un nom dans le populaire 8e arrondissement, le club à damier rouge et blanc choisit de défendre l’environnement.
Créé en 1893 par des membres du lycée Ampère, le FC Lyon compte aujourd’hui près de 1 400 licenciés répartis dans 77 équipes. Reconnu dans la région, le club cumule les distinctions : meilleur club de jeunes du département du Rhône pour la 7e année consécutive, label école de foot féminin "Or", label qualité des sections sportives du Rhône "5 étoiles" ou encore récemment lauréat "Or" du Challenge PEF du district du Rhône.
Engagement économique et social
Au-delà de ces performances sportives, le club évoluant en régional 1 (au 6e échelon français) a choisi de transformer l’essai sportif en engagement social et environnemental. Soutien scolaire, accompagnement de la recherche d’emploi des jeunes, solidarité, formations diplômantes. Jordan Lucidi, responsable commercial du FC Lyon, assume cette stratégie : "Nous avons de plus en plus d’entreprises partenaires pour permettre aux jeunes de grandir avec et grâce au club. C’est important de proposer aux jeunes des projets hors foot, beaucoup viennent s’entraîner sur nos terrains, mais très peu arriveront à devenir professionnels. Nous devons leur offrir les meilleures conditions pour devenir de bons citoyens."
Concrètement, le club organise pêle-mêle des collectes de fonds pour les jeunes filles en précarité menstruelle, des ateliers lettre de motivation et CV, des rencontres entre des enfants malades du cancer et des joueurs de l’Olympique lyonnais, des dons de nourriture ou encore des dons d’anciennes tenues de football à une académie sénégalaise.
Sensibiliser et protéger la planète
Mais l’originalité du club reste l’écologie à tout prix. Le FC Lyon utilise une fresque écologique du football : à l’image de la fresque du climat, elle distingue toutes les thématiques autour d’un match de foot, recherche tous les éléments polluants qui y sont associés et trouve des solutions pour les éliminer. "Typiquement, nous sensibilisons les supporters à leur déplacement vers le stade et nous les incitons à prendre le vélo, les transports en commun ou à faire du covoiturage", décrit Jordan Lucidi. Le responsable du projet se réjouit : "Les jeunes sont très réceptifs, ils aiment apprendre, ça leur plaît. On essaie de leur faire comprendre que le football pollue et qu’il faut trouver des comportements pour que la planète aille mieux."
Grâce au concours de l’association Football Écologie France, le FC Lyon a réalisé en 2021 son propre diagnostic écologique. Divisé en sept critères (infrastructures, déchets, alimentation, consommation, mobilité, fournitures et matériels sportifs et communication ou sensibilisation), le score obtenu de 33 % montre l’étendue du travail encore à accomplir.
En pratique, le club se démène déjà : opération stade propre avec un recyclage des mégots de cigarette déposés dans des bornes, des minibus à disposition des joueurs, des éclairages LED sur 50 % des terrains ou encore des visites dans un centre de tri. La priorité, pour ce club au budget de 675 000 € par an, demeure en effet de réduire au maximum sa production de déchets et de promouvoir la consommation raisonnée. Achat d’éco-cups pour remplacer les gobelets en plastique, de gourdes à la place de bouteilles d’eau, de couverts en amidon de maïs, de vaisselle en dur, processus d’inscription entièrement digitalisé, etc. Ces petits gestes permettent non seulement de limiter l’impact du club et de faire des économies (l’administration n’utilise plus des dizaines de milliers de feuilles de papier en moins par an, par exemple). "Le club ne se sert plus de plastique à usage unique et nous négocions avec la métropole pour organiser notre propre tri", commente Jordan Lucidi.
Refonte des infrastructures
Le club omnisports, de l’illustre tennisman membre des mousquetaires Henri Cochet dans les années 1930, entend aller plus loin encore en modernisant ses infrastructures. Installation de bornes de recharge électrique, de panneaux photovoltaïques et de systèmes de récupération d’eau de pluie, ouverture du stade sur l’extérieur avec des jardins partagés, végétalisation et édification de bâtiments en bois respectueux de l’environnement. "Nous avons chiffré le projet entre 1,5 et 2,5 millions d’euros, une facture que nous pourrons réduire de moitié avec l’aide de nos partenaires", commente le responsable du projet. La mairie n’en fait pas une priorité même si les élus restent à l’écoute : "Ils sont étonnés qu’un club de sport leur parle d’écologie", sourit Jordan Lucidi. Le projet reste en haut de la pile des décideurs écologistes qui ne se sont pas encore prononcés sur leur éventuel soutien.
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