Environnement : La Rochelle ne veut plus consommer de carbone

Publié le 29 avril 2022 à 9h57
Environnement : La Rochelle ne veut plus consommer de carbone
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L’agglomération de La Rochelle ambitionne de ne plus consommer de dioxyde de carbone en 2040.
Un objectif soutenu par 130 organismes, publics, associatifs et privés, concentré sur une multiplicité d’actions concrètes.

Son aquarium monumental, son musée maritime, ses plages et son port, etc. La Rochelle ne manque pas d’atouts pour séduire touristes, étudiants et autres citoyens dynamiques en quête d’une forme de quiétude. Mais pour attirer cette diversité de profils, la préfecture de Charente-Maritime consomme beaucoup de dioxyde de carbone (CO2). Chaque année, la ville en émet l’équivalent de 2 millions de tonnes. Une bonne partie provient du secteur du transport dont le port, le seul en eaux profondes de la façade atlantique française, en assume l’immense majorité.

Les 28 communes de l’agglomération de La Rochelle, fortes de leurs 170 000 habitants, cherchent à diminuer leur impact carbone. En 2019, elles ont répondu à l’appel à projet "Territoires d’Innovation" lancé par l’état avec l’initiative "Territoire Zéro Carbone". Parmi les 24 projets retenus, elle rassemble aujourd’hui un consortium fourni d’associations (Echo-Mer, LPO, Altantech…), des laboratoires de recherches (CNRS, INRA, Universités…), des centres de formation, des entreprises (Alstom, Léa Nature…), des collectivités locales (Région, département, ville de La Rochelle, communauté d’agglomération) ou encore des organismes publics.

Ensemble, ces partenaires ambitionnent de "créer une dynamique inédite capable de faire émerger des solutions innovantes et duplicables", peut-on lire sur la page web du projet. Objectif : réduire les émissions de gaz à effet de serre, développer les énergies renouvelables, renforcer l’efficacité énergétique des bâtiments et redonner du souffle aux puits de carbone. Gérard Blanchard, Vice-président de la communauté d’agglomération de La Rochelle et chargé de la coordination des actions du projet Zéro Carbone ajoute : "Il faut diminuer par 4 les émissions de gaz à effet de serre et multiplier par 3 les capacités de captation de CO2 pour y arriver. Cela implique plus de sobriété dans toutes nos activités et plus de solidarité en luttant par exemple contre la précarité énergétique."

5 axes d’effort

Pour ce faire, le consortium s’applique particulièrement dans 5 domaines :

- Renforcer les mobilités douces : développer les pistes cyclables et décarboner les transports publics

- Accélérer les rénovations énergétiques des bâtiments : une plateforme s’adresse aux propriétaires pour leur proposer un audit gratuit de l’efficacité énergétique de leur logement, mobiliser les artisans reconnus garant de l’environnement et recenser les aides publiques existantes. "Il faut simplifier ce parcours du combattant et inciter les propriétaires à se lancer pour arriver à 2 000 rénovations par an", estime Gérard Blanchard.

- Produire de l’énergie renouvelable et locale : par l’intermédiaire d’une boucle d’autoconsommation collective, un démonstrateur d’hydrogène stocke et permet au transport public de réutiliser de l’énergie non consommée. Le projet prévoit que le port soit entièrement doté de panneaux solaires pour devenir autosuffisant.

- Développer l’économie circulaire : l’initiative charge des associations de coordonner, mettre en rapport les offres et les demandes et trouver des solutions techniques pour limiter le gaspillage et la consommation de produits jetables.

- Restaurer des puits de carbone : optimiser la séquestration en milieu humide et dans les forêts alentours.

Gérard Blanchard insiste sur la gouvernance partagée du projet et assure que la société civile y reste pleinement associée : "Les citoyens participent aux prises de décisions. 30 citoyens représentatifs du territoire (classe d’âge, lieux d’habitation et catégories socioprofessionnelles) ont été tirés au sort parmi 260 inscrits. Ils peuvent s’autosaisir de questions importantes, interpeller le comité de pilotage auquel deux d’entre eux participent et réfléchir à des sujets en fonction de nos demandes."

Budget en recherche de fonds

Le consortium avait initialement estimé le budget à 82 millions d’euros sur dix ans. L’État partenaire a été sollicité à hauteur de 25 millions, les collectivités locales (la région Aquitaine en tête) apportent la même somme tandis que des sociétés privées (laboratoires ou entreprises de recherche) se chargent des 32 millions complémentaires. "C’est très insuffisant", reconnaît Gérard Blanchard. "Rien que la plateforme de rénovation énergétique nous coûte 1 million d’euros en 3 ans. Cette somme ne nous permet pas non plus de renouveler notre flotte de bus, toujours alimentée au gazole."

L’initiative rencontre des difficultés et Gérard Blanchard regrette que des axes se mettent plus facilement en place que d’autres. "Les projets ne vont jamais assez vite. Notre rôle avant tout, c’est de tester des solutions et de les généraliser dans la politique publique dès qu’elles fonctionnent." Gérard Blanchard fait de la transition énergétique le problème numéro 1 de l’humanité et en appel à la responsabilité de tous : "Élus et citoyens doivent comprendre que la société qui arrive n’a rien à voir avec ce qu’on a vécu. Les réglementations doivent pouvoir répondre aux inerties et aux recours à répétition notamment contre les éoliennes."


Geoffrey LOPES

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