Environnement : le siège de la métropole de Rouen, un bâtiment à énergie positive

Publié le 22 avril 2022 à 9h15
Environnement : le siège de la métropole de Rouen, un bâtiment à énergie positive
Source : Métropole Rouen Normandie.

Le hangar 108, siège de la métropole Rouen Normandie, consomme l’énergie qu’il produit.
Le bâtiment, cerné de technologies environnementales, offre beaucoup de confort et s’adapte aux besoins de travail.

En France, les logements émettent environ 90 tonnes d’équivalent dioxyde de carbone (CO2) par an. Avec une production de 20 % des gaz à effet de serre du pays, il s’agit du deuxième secteur le plus polluant derrière les transports. Chauffer, rafraîchir, aérer, alimenter en électricité, etc., demandent une mobilisation énergétique de tous les instants. En cas de fortes tensions sur les réseaux électriques, le gestionnaire de distribution demande d’ailleurs aux utilisateurs privés de diminuer temporairement leur consommation. Nos appareils connectés, le télétravail, nos divertissements tendent davantage les réseaux dont certains peuvent se retrouver en surtension (notamment en Bretagne ou en Provence-Alpes-Côte d’Azur).

En Haute-Normandie, la métropole de Rouen a pris conscience de ce problème au début des années 2010. La collectivité locale, forte de 500 000 habitants, a décidé de se doter d’un siège innovant capable de produire l’énergie qu’il consomme. Les élus ont chargé l’architecte Jacques Ferrier de faire du hangar 108 un bâtiment à énergie positive. Quai Jean de Béthencourt, sur la rive gauche entre le hangar 106 des musiques actuelles et le pont Flaubert, les Rouennais voient se dresser un immeuble aux couleurs douces, inspiré par les tableaux de l’impressionniste Claude Monet. Ses panneaux solaires, inclinés en trompe l’œil, font penser aux ailes d’un oiseau à l’envol sans dénaturer les anciennes activités fluviales. La métropole fait de ce lieu un instrument de reconquête urbaine incarnant ce nouvel écoquartier exemplaire de Flaubert.

Nicolas Rouly, Vice-président de la Métropole Rouen Normandie en charge des Finances, des Ressources et de l’Administration générale se réjouit : "Il s’agit de transformer ces 90 hectares de friche industrielle et portuaire en un véritable lieu de vie écologique et responsable." Le siège, inauguré en 2019, incarne cette réhabilitation. Après presque 4 ans de fonctionnement, les 350 employés de la métropole semblent ravis.

Circulation optimale de l’air

Certifié BEPOS et Passivhaus PLUS, des normes particulièrement exigeantes, cette enceinte de 6 400 m² de surface utile reste le plus grand bâtiment public passif construit en France à ce jour. Édifié sur un ancien hangar du port de Rouen, le bâtiment utilise un maximum de ressources pour limiter ses émissions de gaz à effet de serre. Sur son toit, 2 000 m² de panneaux solaires photovoltaïques captent l’énergie des rayons du soleil et les transforment en électricité. Une GTB (Gestion Technique du bâtiment) régit le confort thermique : elle supervise toute l’année le chauffage et la climatisation des bureaux. Une pompe à chaleur sur sondes géothermiques puise de la chaleur l’hiver et rafraîchit les lieux l’été.

Avec fierté, Nicolas Rouly affirme que le bâtiment tient ses promesses : "Nous atteignons nos objectifs. Nous consommons presque 2 fois moins d’énergie qu’un bâtiment certifié RT2012. Si l’hiver nous tirons encore un peu sur le réseau, au printemps et l’été nous lui redistribuons le surplus d’énergie que nous produisons." Les ouvertures des fenêtres triple vitrage, motorisées et automatisées, gèrent les apports solaires passifs et l’arrivée d’air frais l’été. "Lorsqu’il fait lourd, elles s’ouvrent automatiquement pendant la nuit pour faire circuler de l’air plus frais. On ne mesure pas tous les enjeux, surtout lorsqu’on regarde le bâtiment de l’extérieur, mais c’est un incroyable outil de maîtrise énergétique", ajoute Nicolas Rouly. L’élu reconnaît que la métropole doit faire des efforts : "Nous enregistrons une légère surconsommation que nous n’avions pas anticipée, liée aux bornes de recharge de véhicules électriques. Nous devons encore progresser pour réduire notre consommation."

Bureaux et salles modulables

En arrivant dans le hall, le visiteur expérimente une impression d’espace infini. Des terrasses intérieures laissent la lumière naturelle se diffuser dans les pièces. Un air doux, été comme hiver, enveloppe l’atmosphère. "J’aime fréquenter ce bâtiment", assure Nicolas Rouly qui ne se souvient pas avoir connu de fortes amplitudes de températures dans les locaux. "Nous avons une chance rare de profiter d’autant de lumières partout, elle nous offre un confort de travail optimal".

Dans le cahier des charges, les architectes devaient envisager l’accessibilité des lieux. Résultat, de longs et larges couloirs facilitent les déplacements, les nettoyages et l’organisation. "Mieux on mécanise l’entretien, plus on parvient à éliminer la pénibilité à l’usage", commente l’élu. Plus fort, le bâtiment dispose de cloisons amovibles modulables à souhait. En fonction des besoins (petits bureaux de travail, grandes pièces de réunions), les cloisons s’adaptent aux volumes nécessaires et aux personnes présentes pour transformer les salles. "L’acoustique y gagne", juge Nicolas Rouly.

La métropole Rouen Normandie ne s’en cache pas : pour mettre sur pied une telle prouesse environnementale, elle a dû mettre sur la table un surcoût de construction de 7 à 8 %. Mais Nicolas Rouly promet : "Tout ce que le bâtiment ne consomme pas en climatisation ou en chauffage représente une économie considérable dans la durée. Il faut aussi savoir que ce bâtiment demeure plus facile à entretenir". À Rouen, la métropole ne compte pas s’arrêter là, même si elle reconnaît toute la difficulté de projeter de tels niveaux d’exigences environnementales sur d’autres immeubles. Elle espère faire du stade de football ou de l’usine de papeterie Chapelle Darblay de nouveaux modèles économes en énergie.


Geoffrey LOPES

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