L’agroécologie, la clé de l’abondance frugale alimentaire !

par Fabrice BONNIFET Fabrice Bonnifet
Publié le 22 août 2022 à 17h19, mis à jour le 23 août 2022 à 12h20

Source : Sujet TF1 Info

Pour lutter contre les conséquences désastreuses du réchauffement climatique, mieux produire et réduire la dépendance de l’industrie alimentaire vis-à-vis des énergies fossiles, une solution existe : l'agroécologie.
e des directeurs du développement durable, nous livre son nouvel édito.

Réjouissons-nous du sinistre été 2022, le pire est à venir ! La saison estivale va se terminer dans quelques jours et le bilan est épouvantable sur le plan environnemental. Dans le monde entier, entre les méga-feux, les sécheresses chroniques, la faune et la flore qui meurent des canicules terrestres et marines, les nappes phréatiques au plus bas, les maisons qui se fissurent, les orages de grêles et les inondations catastrophiques... Les limites de la résilience des écosystèmes sont atteintes. Avec le réchauffement climatique qui s’exacerbe, ce que les observateurs inconscients considèrent encore comme de l’anormalité météorologique est en réalité la nouvelle normalité climatique. 

Certes, la capacité humaine d’adaptation aux conditions extrêmes est plus importante que pour la plupart des autres espèces vivantes, enfin surtout pour ceux qui disposent de la climatisation ! Et si les forêts qui brûlent, comme les avions qui tombent, semblent nous concerner seulement que lorsqu’on vit à côté, nous devrions commencer à nous inquiéter plus largement de l’effondrement des rendements agricoles pour deux raisons distinctes. La première est que rien ne pousse sans eau ou grillé au soleil, et la seconde est la totale dépendance de l’industrie alimentaire vis-à-vis des énergies fossiles, dont on a pourtant hautement intérêt à se sevrer rapidement.

La solution est sous nos yeux, comme l’ont rappelé récemment les jeunes ingénieurs d’AgroParisTech lors de leur cérémonie de diplomation, elle a même un nom : l’agroécologie.
Fabrice Bonnifet

 

En effet, la monoculture-mécanisée-intensive-agrochimique a permis de réduire les coûts de production, mais elle détruit les sols et émet 20% des émissions de GES mondiales, une paille si on peut dire ! Il y a 60 ans, il fallait une calorie produite avec une énergie fossile (pétrole et gaz) pour produire 2,4 calories alimentaires. En 2022, il faut 8 calories pour produire une seule calorie alimentaire ! Ce que les promoteurs de l’agriculture 4.0 dopée aux pesticides et aux engrais de synthèse appellent le "progrès" est une division par 20 de l’efficacité énergétique du secteur alimentaire, une augmentation sans précédent des cas de cancer et une destruction "industrielle" de la biodiversité ! Du grand art, sans parler de la qualité nutritionnelle des fruits et des légumes, qui elle aussi a été divisée par 3 en moyenne dans la même période. À ce stade arrive rapidement la question de la démographie. Rendez-vous compte "ma bonne dame", 8 milliards de bouches à nourrir, ce n’est pas avec du "bio de bobo" qu’on va y arriver ! En pourtant, il est largement possible de produire du bon sans "blabla" de lobbyistes englués dans leurs certitudes. 

 

La solution est sous nos yeux, comme l’ont rappelé récemment les jeunes ingénieurs d’AgroParisTech lors de leur cérémonie de diplomation, elle a même un nom : l’agroécologie. Cette technique, dont le GIEC vante les mérites dans son troisième volet de son sixième rapport, est inspirée du fonctionnement des écosystèmes naturels. Elle propose une approche systémique qui recherche à la fois la durabilité écologique, la responsabilité sociale et la viabilité économique des systèmes agricoles et alimentaires. Elle utilise les ressources de la nature comme source de production en maintenant ses capacités de renouvellement. Elle ne requiert pas d’autre chimie que celle du sol, de l’eau en faible quantité, de l’air et des bio déchets qui remplissent 35% de nos poubelles en France. En outre, l’agroécologie contribue à restaurer les sols, à séquestrer du carbone et s’appuie sur la biodiversité, les insectes, oiseaux, animaux de toute taille et végétaux qui les accueillent et les nourrissent étant multiples. Enfin, elle est productive, nutritive et viable, et apte à fournir une alimentation de qualité accessible à tous en permettant aux paysans de vivre dignement.

 

Pourquoi diable le bon sens ne l’emporte t-il pas ? Alors que les réserves d’énergies fossiles s’épuisent et quand bien même il y en aurait assez, il est impératif d’apprendre à s’en passer immédiatement pour limiter la dérive climatique. Est-il éthiquement acceptable qu’en 2022, une poignée d’acteurs confisque la chaine du vivant en détenant près de 80% de toutes les semences mondiales ? Est-il moral que les graines soient modifiées et stérilisées pour maintenir le marché captif et maitrisé ? Est-il équitable que les paysans ne puissent pas ressemer leur récolte et se suicident par centaines tous les ans, pendant que d’autres ne parviennent à survivre qu’avec des subventions ? Non tout cela n’est pas juste, mais heureusement nos élus ont chevillé au corps l’intérêt général….à moins que cela ne soit que le leur !


Fabrice BONNIFET Fabrice Bonnifet

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