ENVIRONNEMENT - Ce vendredi, un collectif d'étudiants appelle à faire grève pour le climat, et à se rassembler devant le ministère de la Transition écologique à 14 heures. Pourquoi ? Quels messages souhaitent-ils porter ? LCI a interrogé Léna Lazare, étudiante en physique à Sorbonne Université et membre de Désobéissance écolo Paris.
Vendredi 15 février, un collectif d'étudiants d'Ile-de-France, dont Désobéissance écolo Paris, appelle à faire grève et à manifester devant le ministère de la Transition écologique pour que "cesse l'inaction politique face au dérèglement climatique". Chaque semaine, ces militants comptent présenter une nouvelle "revendication" au gouvernement.
Cette initiative prend exemple sur Greta Thunberg, Suédoise de 16 ans devenue célèbre après avoir commencé à manifester, seule, devant le Parlement de son pays, et aujourd'hui en grève de l'école ; mais aussi sur les étudiants belges, néerlandais ou allemands qui ces dernières semaines sont descendus dans la rue pour le climat. Les étudiants français comptent-ils mener différemment leur action ? Quelles sont leurs revendications ? LCI a interrogé Léna Lazare, étudiante en licence de physique à Sorbonne Université, et membre de Désobéissance écolo Paris.
Avec les étudiants, étudiantes mobilisé.e.s pour le climat. On n'arrête de parler. On agit. Maintenant !!! #GrevePourLeClimat #strikeforclimate #climatestrike pic.twitter.com/gTL0giYUNf — Groupe écolo Paris (@ecoloParis) 15 février 2019
LCI : En quoi consiste votre action du 15 février ?
Léna Lazare : La journée de grève va se dérouler en deux temps. Le matin, des étudiants proposeront dans leurs établissements des ateliers pour parler de la grève, de pourquoi ils sont en grève. L'après-midi, nous nous retrouverons devant le ministère de la Transition écologique et solidaire, où nous annoncerons notre deuxième revendication et lirons notre ultimatum.
LCI : Quelle revendication portez-vous ?
Léna Lazare : Pour la première revendication, nous avons choisi de demander quelque chose d’un peu symbolique : que l’Etat déclare l’état d’urgence écologique et social, et qu’il s’engage à traiter les thématiques de la transition écologique comme une priorité. Ensuite, nous demandons quelque chose de beaucoup plus concret : que l’Accord de Paris soit inscrit dans la loi de manière contraignante en proposant une baisse de 4% des émissions de gaz à effet de serre par an. C’est ce qu’il faudrait faire pour rester en-dessous de la barre des 2 degrés d’augmentation.
LCI : Les semaines suivantes, quelles revendications allez-vous formuler ?
Léna Lazare : Nous avons réfléchi à des revendications sur l’énergie - s’engager à baisser fortement notre consommation, atteindre un objectif de 100% d'énergies renouvelables produites de la manière la plus écologique possible… -, les transports avec la problématique de l'aérien, beaucoup trop polluant. Nous avons aussi des revendications sur la finance, la réglementation des paradis fiscaux…. Ça parait moins lié à l'écologie, mais pour nous, écologie rime aussi avec social.
« Je suis heureuse de votre mobilisation, ça veut dire que l’on a franchi un cap. Derrière les portes de ce ministère vous n’avez que des alliés, pas des adversaires. Je suis d’accord avec beaucoup de vos revendications. » #ClimateStrike #grevepourleclimat pic.twitter.com/odEASbyHXC — Brune Poirson (@brunepoirson) 15 février 2019
Nous suivons la démarche de Greta Thunberg mais elle n’est pas la seule à nous avoir inspiré."
Léna Lazare
LCI : Greta Thunberg est-elle un exemple pour vous ?
Léna Lazare : Nous suivons la démarche de Greta Thunberg mais elle n’est pas la seule à nous avoir inspiré. Voir les Belges descendre dans la rue, juste à côté de chez nous, nous a fait penser que ce mode d’action était peut-être une bonne idée. En tout cas, nous n’avons pas envie de surfer sur la surmédiatisation de Greta Thunberg. C'est intéressant et inspirant mais nous avons aussi décidé de nous organiser d’une manière un peu différente et nous allons voir ce que ça donne.
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LCI : De nombreuses associations et collectifs appellent à une grève générale pour le climat le 15 mars prochain. Serez-vous également de la partie ?
Léna Lazare : Oui, bien sûr. Je sais que d’autres villes ont préféré se concentrer sur le 15 mars, mais nous espérons qu’en faisant grève tout de suite, le mouvement montera en puissance jusque-là.
LCI : Qu'est-ce qui pourrait vous faire arrêter votre mouvement ?
Léna Lazare : Pour l’instant, nous n’attendons rien du gouvernement, lequel, niveau écologie, ne fait pas grand chose. S’il acceptait notre revendication et proposait un projet de loi contraignant pour respecter l’Accord de Paris, ce serait incroyable. Mais ça nous paraît irréaliste que le gouvernement nous réponde. Si nous avons décidé d’avoir des revendications hyper ambitieuses plutôt que de demander des trucs vraiment faisables, c’est aussi pour que les gens réfléchissent à ce qu'est vraiment l’écologie, à comment on pourrait vivre dans une société dans laquelle on respecterait la nature et ne détruirait pas l’environnement. Ça va bien au-delà de la question climatique.