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L'agriculture et le dérèglement climatique, deux grands responsables de l'effondrement du nombre d'oiseaux

par I.N
Publié le 16 mai 2023 à 9h56
JT Perso

Source : JT 13h Semaine

D'après une étude, les oiseaux disparaissent à grande vitesse en Europe.
Le Vieux continent en compte 800 millions de moins qu'il y a 40 ans.
Principale cause de cet effondrement : l'intensification de l'agriculture.

Le déclin des oiseaux en Europe est spectaculaire. D'après une étude publiée lundi 15 mai, 20 millions d'oiseaux disparaissent chaque année sur le Vieux continent. Sur plusieurs décennies, le chiffre est encore plus impressionnant. Selon les chercheurs, l'Europe compte actuellement 800 millions d'oiseaux de moins qu'il y a 40 ans. "Une baisse systémique, profonde, de l'avifaune européenne", commente à l'AFP Vincent Devictor, chercheur au CNRS et coordinateur de l'étude.

Pour expliquer cette chute, les scientifiques ont regroupé les données de 37 années d'observations provenant de 20.000 sites de suivi écologique dans 28 pays européens, pour 170 espèces. D'après eux, l'intensification de l'agriculture apparaît comme la principale cause du phénomène. "Nous concluons que l'intensification de l'agriculture, en particulier l'usage des pesticides et des engrais, représente la pression principale pour la plupart des déclins de populations d'oiseaux, notamment ceux qui se nourrissent d'invertébrés", écrivent-ils dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences.

Baisse de 75% de certaines espèces en France

Les invertébrés représentent "une part importante du régime alimentaire pour de nombreux oiseaux, au moins durant certaines étapes de leur développement", poursuivent les chercheurs. Ils sont ainsi cruciaux pour 143 espèces parmi les 170 étudiées pendant la période de reproduction. Une réduction de la nourriture disponible a ainsi un effet négatif sur le succès de la reproduction, en modifiant le comportement des parents et en affectant la survie des oisillons.

Certains écosystèmes sont plus durement touchés que d'autres : le nombre d'oiseaux forestiers a diminué de 18% depuis 1980, baisse qui atteint 28% pour les oiseaux urbains et même 57% pour les oiseaux des milieux agricoles. Le déclin est marqué chez des espèces comme le gobemouche gris (-63%) ou le célèbre moineau domestique (-64%). La France ne fait pas exception : la population de certaines espèces y a chuté de 75%, selon le CNRS.

La disparition des oiseaux met en péril l'ensemble des écosystèmes

CNRS

Pour enrayer cet effondrement, les chercheurs indiquent qu'un changement de modèle d'agriculture est nécessaire. Or, "nous continuons à être dans une vision industrielle du monde agricole", associant recours massifs à la mécanisation et à la chimie, regrette Vincent Devictor. "Nous ne sommes toujours pas sortis de ce paradigme de l'après deuxième Guerre mondiale", souligne le chercheur, citant l'augmentation de mégafermes en France au détriment des petites surfaces. 

L'agriculture n'est toutefois pas la seule cause mise en avant pour expliquer l'effondrement des populations d'oiseaux. D'autres facteurs liés à l'activité humaine sont aussi pointés du doigt, à commencer par le changement climatique. Logiquement, celui-ci touche durement les espèces préférant le froid (40% de déclin), comme la mésange boréale, mais n'épargne pas non plus les espèces amatrices de chaleur (18% de déclin).

En outre, la progression de l'urbanisation fait aussi des victimes parmi les martinets ou encore les hirondelles. "Les territoires sont de plus en plus hostiles, y compris l'intérieur du milieu urbain", souligne Vincent Devictor. "Des espèces aimaient bien être dans des endroits où il y a encore des insectes dans les milieux urbains. Avec les modes de bétonisation aujourd'hui, couplés à la disparition des insectes, cela devient hostile même pour eux."

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Les conséquences de cet effondrement sont larges. "Les oiseaux sont impliqués dans des interactions fondamentales dans les écosystèmes : prédation et régulation d'autres espèces, dissémination des graines, ressources pour d'autres espèces prédatrices", liste le CNRS. "Leur disparition met ainsi en péril l'ensemble des écosystèmes."


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