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Fleury Michon, Volkswagen, Crédit Mutuel... 200 entreprises épinglées pour leur inaction contre la déforestation

par Annick BERGER avec AFP
Publié le 15 février 2023 à 16h00
JT Perso

Source : Les MATINS LCI

Dans son rapport annuel, Global Canopy pointe du doigt les grandes entreprises contribuant, directement ou indirectement, à la déforestation.
Selon l'ONG, 40% des 500 entreprises pouvant être les plus à risque d'accélérer le phénomène n'ont aucune politique efficace.
Parmi ces sociétés : Fleury Michon, le Crédit Mutuel ou encore le groupe BPCE.

Le "pacte de la paix avec la nature" signé à l'occasion de la COP15 en décembre dernier au Canada semble encore loin d'être appliqué. Alors que l'accord de Kunming-Montréal, signé par plus de 190 États sous l'égide de l'ONU, vise à protéger 30% de la planète d'ici 2030 et que la Commission européenne a proposé en juin une loi imposant à chaque État membre des objectifs de restauration des écosystèmes abîmés par la pollution ou l'exploitation intensive, les grandes sociétés sont loin de participer à l'effort. C'est ce que pointe l'ONG Global Canopy dans sa dernière étude publiée mercredi 15 février. 

Dans son rapport annuel, l'association estime que 40% des 500 entreprises sélectionnées pour être "les plus à risques d'accélérer la déforestation" n'ont "aucune politique" dans ce domaine, le secteur financier affichant même un "terrible" retard en la matière. Pourtant, le temps presse : "Nous avons dépassé de trois ans l'échéance de 2020 que de nombreuses organisations s'étaient fixée pour mettre fin à la déforestation, et nous ne sommes plus qu'à deux ans de l'échéance de 2025 fixée par les Nations unies pour que les entreprises et les institutions financières éliminent les produits issus de la déforestation", détaille l'association dans un communiqué.

200 grandes entreprises et 92 institutions financières pointées du doigt

Pour parvenir à ce constat, Global Canopy a étudié le comportement de 350 entreprises consommatrices de matières premières liées à la déforestation comme le bois, l'huile de palme, le boeuf, le cuir ou encore le papier et des 150 banques qui les financent le plus. Et les résultats sont là : 200 grandes entreprises n'ont aucune stratégie claire sur la déforestation et 92 institutions financières n'ont aucune politique précise. 

Parmi les grandes sociétés pointées du doigt : le mastodonte de l'automobile Volkswagen, le géant allemand des chaussures Deichmann, et les groupes agroalimentaires français Savencia et Fleury Michon. Le premier, épinglé pour son utilisation du soja et de l'huile de palme, a assuré à l'AFP n'acheter que des produits durables et "s'engager à favoriser les actions collectives menées contre la déforestation liée à la production de soja en Amérique du Sud". De son côté, Fleury Michon n'a pas souhaité commenter l'étude. 

Chez les banques, les plus grands fonds du monde sont mis en cause, et en France, le Crédit Mutuel et le groupe BPCE font partie des plus problématiques. Le premier a toutefois assuré en décembre dernier qu'il allait "adopter une politique sectorielle de lutte contre la déforestation" avec des règles de financement publiées à la fin du premier semestre 2023. La banque, qui rassemble 14 des 18 fédérations régionales du groupe Crédit Mutuel ainsi que le réseau CIC, assure que "tous les financements qui pourraient participer, directement ou indirectement, à la destruction des forêts, notamment des forêts tropicales irremplaçables", seront exclus.

527 milliards de dollars investis

Au total, les institutions financières scrutées par Global Canopy ont financé à hauteur de 527 milliards de dollars des entreprises sans aucune politique concernant la déforestation. Mais l'ONG pointe également de bonnes nouvelles : une centaine d'entreprises, dont Danone, LVMH et Unilever, ont de leur côté défini des politiques pour endiguer la déforestation pour l'ensemble des matières premières à risque. Reste désormais pour ces sociétés à les mettre réellement en place puisque, selon l'association, "seulement la moitié surveille activement" les fournisseurs et les régions concernés, l'ONG, relevant toutefois "l'espoir de progrès".

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"Les entreprises n'ont jamais eu de meilleures données, d'outils et de lignes directrices pour les aider à éliminer la déforestation", note enfin Global Canopy. "2023 est vraiment la meilleure année pour agir sur la déforestation", a, de son côté, expliqué à l'AFP Emma Thomson, autrice principale de l'étude. "Si les entreprises et institutions financières agissent, cela pourrait avoir un grand impact sur la crise climatique et naturelle." Selon Niki Mardas, directeur exécutif de l'ONG, "en finir avec la déforestation" est "crucial pour atteindre les objectifs mondiaux" de protection du climat et de la nature.


Annick BERGER avec AFP

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