Fruits et légumes : des résidus de pesticides dans les deux tiers des produits non bio

Publié le 30 mars 2022 à 17h52

Source : JT 20h WE

Générations futures déplore l'existence de résidus de pesticides dans près de deux tiers des fruits, légumes et céréales non bio.
L'ONG, qui scrute la présence de tels produits toxiques dans les végétaux destinés à la consommation, s'appuie sur les données de la DGCCRF.

Encore un long processus avant d'arriver à une alimentation plus saine. Près des deux tiers des fruits, légumes et céréales non bio contiennent des résidus de pesticides, alerte mercredi Générations futures. Pour son rapport, l'ONG base son rapport sur les données fournies par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). À noter que l'instance fait la distinction entre les résidus supérieurs à la "limite de quantification" - c'est-à-dire dont les laboratoires peuvent donner la concentration - mais aussi ceux supérieurs à la "limite de détection, mais non quantifiés". Ces deux limites se trouvent sous le seuil légal autorisé. "Cela permet maintenant de voir plus complètement la présence des résidus de pesticides dans les aliments d'origine végétale, qui était jusque-là sous-estimée", analyse l'ONG. 

Des résidus sur 63% des produits non-bio

Concrètement, 45,9% de l'ensemble des échantillons, bio et non bio, révèlent des résidus de pesticides supérieurs à la limite de quantification. Le pourcentage passe à 54,5% en ne considérant que les produits non bio où sont détectés des résidus supérieurs à la limite de quantification. C'est encore plus élevé - à 63,1% - pour les résidus, supérieurs à la limite de détection, dans les produits non bio. 

"Le rapport n'est pas sur l'évaluation du risque", temporise François Veillerette, un processus complexe, qui nécessiterait de connaître l'exposition des consommateurs. Mais "les gens veulent manger des aliments qui ne contiennent pas de produits chimiques dangereux", ajoute-t-il. 

Un "plan d'urgence" pour réduire l'usage des pesticides ?

Conséquence directe, Générations futures réclame un "plan d'urgence de réduction de l'usage des pesticides" et "un soutien accru à l'agriculture biologique". L'association déplore, au passage, le report par la Commission européenne de la publication du nouveau règlement "sur l'utilisation durable des pesticides". Cette décision aurait été prise sous la "pression de syndicats agricoles comme la FNSEA et la position d’États comme la France", fustige-t-elle. En revanche, l'ONG se réjouit de la mise à disposition de données supplémentaires. "Cela permet maintenant de voir plus complètement la présence des résidus de pesticides dans les aliments d'origine végétale, qui était jusque-là sous-estimée", souligne-t-elle. Le seul chiffre communiqué était, en effet, celui portant sur l'ensemble des échantillons, bio et non-bio. 

En parallèle, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a publié mercredi son rapport annuel sur les résidus de pesticides dans les aliments, qui porte sur plus de 88.000 échantillons récoltés dans toute l'Union européenne, d'origines variées (végétaux, viande, noix, laits...). Près de 95% se trouvaient sous le seuil légal autorisé. Parmi ceux-ci, plus de la moitié ne contenait pas de résidus quantifiables, affirme-t-elle. Malgré tout, l'instance adresse aux États-membres quelques mises en garde comme la nécessité d'un suivi très poussé des aliments identifiés, avec un seuil supérieur à la limite. 


Maxence GEVIN

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