La commissaire-enquêtrice a finalement rendu un avis favorable, rendant théoriquement possible le début des opérations.La société canadienne Vermilion a obtenu l'autorisation pour huit forages pétroliers supplémentaires, sur le site de Cazaux, à la Teste-de-Buch.L'enquête publique a écarté les protestations des associations écologiques et les inquiétudes des riverains.
Deux mois après la clôture de l'enquête publique, menée entre août et septembre dernier, l'avis de la commissaire-enquêtrice a été rendu public ce lundi. Ce seront bien huit nouveaux puits de pétrole qui devraient être creusés sur le champ pétrolifère de Cazaux, sur la commune de la Teste-de-Buch (Gironde).
Carole Ancla assure avoir pris en compte "les inquiétudes légitimes du public", mais autorise la compagnie canadienne Vermilion à agrandir son site d'exploitation, qui comprend déjà 93 puits, dont 50 encore actifs. "L’objectif de ces travaux est d’atteindre des réserves pétrolières jusque-là non exploitées de la concession (...), afin de stabiliser la production et de viser à l’atteinte du rendement maximum du gisement imposé par le Code minier", précise le rapport d'enquête publique.
Une contradiction avec la loi Hulot ?
Les deux campagnes de travaux proposées par Vermilion, prévoyant le forage de quatre puits chacune, devraient durer une dizaine d'années sur la concession de Cazaux, active depuis 1964. La loi sur les hydrocarbures, portée par Nicolas Hulot en 2017, prévoit pourtant un arrêt progressif de la recherche et de l'exploitation des hydrocarbures en France d'ici à 2040. Vital Baude, conseiller régional écologiste de Nouvelle-Aquitaine, déplore auprès du Figaro le fait d'aller "chercher les dernières gouttes de pétrole dans le sous-sol". L'esprit de la loi Hulot s'inscrivait dans les préconisations du 5ᵉ rapport du GIEC, qui recommandait de renoncer à l'exploitation de 80% des hydrocarbures d'ici à 2050.
"Inquiétudes légitimes"
Le rapport de la commissaire-enquêtrice Carole Ancla rend compte de la centaine de contributions du public, qui était appelé à s'exprimer pendant la durée de l'enquête publique, du 28 août au 26 septembre 2023. Elle estime que celles-ci "sont essentiellement le reflet des inquiétudes légitimes du public face aux grands enjeux liés aux émissions de gaz à effet de serre (GES) et au réchauffement climatique. Inquiétudes certainement exacerbées suite aux incendies de l’été 2022 qui ont très fortement touché la forêt environnante".
Pour justifier son avis favorable, la commissaire estime cependant que "les forages pétroliers en exploitation pour la plupart depuis les années 1960 n’ont pas empêché le classement de la forêt de La Teste en site Natura 2000, ni le développement touristique du Bassin d’Arcachon", et que "l'activité pétrolière en France est strictement règlementée et contrôlée par les services de l’État".
Il appartient désormais à la préfecture de la Gironde, qui avait prescrit l'enquête publique en juillet dernier, de rendre ou non à son avis favorable. Selon les termes de la loi sur les hydrocarbures, la société Vermilion devra avoir cessé son exploitation en 2040, quel que soit l'état du gisement à cette date. Soixante-quatre gisements pétroliers et gaziers sont actuellement exploités sur le territoire français, principalement dans les bassins aquitain et parisien, selon le ministère de la Transition écologique. La production était en 2015 de 0,8 million de tonnes de pétrole et 0,16 milliard de m3 de gaz.