La Commission européenne a proposé, mercredi, de renouveler pour dix ans l'autorisation du glyphosate dans l'Union européenne.Cette annonce intervient quelques semaines après un rapport d'un régulateur, estimant que le niveau de risque ne justifiait pas d'interdire cet herbicide controversé.Une étude qui avait provoqué l'indignation de nombreuses ONG environnementales.
C'est un herbicide largement controversé, mais dont Bruxelles n'est pas prêt à se passer. La Commission européenne a proposé, mercredi 20 septembre aux États membres, de renouveler pour dix ans l'autorisation du glyphosate dans l'UE. Cette disposition sera examinée vendredi par les Vingt-Sept, qui devront ensuite la valider courant octobre. Selon le texte présenté par l'exécutif européen, l'usage de l'herbicide controversé devra s'accompagner de "mesures d'atténuation des risques" aux alentours des zones pulvérisées, en "apportant une attention particulière" aux effets indirects sur l'environnement.
Cette proposition intervient après la publication, en juillet dernier, d'une étude contestée remise à la Commission européenne par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Dans son rapport, cette dernière n'avait "pas identifié de domaine de préoccupation critique" du glyphosate chez les humains, les animaux et l'environnement. Dans la méthodologie scientifique de l'agence, une préoccupation est définie comme "critique" lorsqu'elle affecte tous les usages proposés de la substance active évaluée, empêchant donc son autorisation.
Un "cancérogène probable" pour l'OMS
L'EFSA avait toutefois relevé un "risque élevé à long terme chez les mammifères" pour la moitié des usages proposés du glyphosate et reconnu que le manque de données empêchait toute analyse. Des conclusions qui avaient provoqué un tollé chez les associations de défense de l'environnement, déplorant que le principe de précaution ne soit pas appliqué. En effet, dans son rapport reposant sur 2400 études analysées par 90 experts des États membres, l'Autorité avait admis ne pas avoir pu finaliser certains aspects de son évaluation, concernant notamment les risques pour les plantes aquatiques, les risques liés à la consommation alimentaire ou encore l'impact de l'herbicide sur la biodiversité.
Le glyphosate, présent dans de nombreux herbicides dont le célèbre Roundup de Monsanto, avait été classé comme "cancérogène probable" pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la Santé. À l'inverse, l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a jugé l'an dernier que les preuves scientifiques disponibles ne permettaient pas de classer cet herbicide comme cancérogène.
En France, Emmanuel Macron s'était engagé en 2017 à sortir du glyphosate "au plus tard" début 2021, avant de revenir sur cette promesse. Des organisations agricoles s'opposent à cette interdiction, estimant que le désherbant reste largement incontournable, notamment pour faire place nette à une nouvelle culture sans labourer (la pratique, millénaire, relâche du carbone et altère la fertilité des sols).