Biogaz : quels sont les avantages et les inconvénients de ce gaz vert ?

Publié le 29 mars 2022 à 13h30

Source : JT 20h WE

Face à une éventuelle interruption de l'approvisionnement en gaz depuis la Russie, la directrice générale de GRDF appelle le gouvernement à favoriser l'essor du biogaz.
Ce gaz vert est produit principalement à partir de déchets agricoles.
Mais est-ce réellement une énergie vertueuse ?

Devant l'éventualité d'un scénario catastrophe, comme "une interruption totale ou partielle des importations de gaz russe pour l'hiver prochain", la directrice de GRDF, Laurence Poirier-Dietz, s'est voulue rassurante, ce mardi 29 mars. Dans les colonnes des Échos, elle affirme que le groupe est prêt "à appliquer des mesures exceptionnelles de réduction de la consommation, y compris dans l'urgence", rappelant par ailleurs que la dépendance de la France au gaz russe est moins importante que la moyenne européenne. L’UE importe en effet 40% de son gaz de Russie, "en France, c’est 17%", souligne-t-elle. Néanmoins, la patronne du groupe va plus loin et assure que l’on pourrait s’en passer totalement dans les prochaines années grâce au biogaz, qui pourrait assurer 20% de notre consommation en 2030, selon elle.

Appelé aussi gaz vert, le biogaz est issu de la fermentation de déchets organiques : ordures ménagères, boues des stations d’épuration, déchets agricoles (méthanisation). Il s’agit d’une ressource renouvelable composée de méthane (CH4) et de dioxyde de carbone (CO2). Une fois extrait le biométhane du biogaz, celui-ci permet les mêmes usages que le gaz naturel. La méthanisation reste donc une alternative sérieuse pour rendre une part d’indépendance à la France dans sa consommation de gaz. En effet, l'Hexagone importe la quasi-totalité de son gaz de pays étrangers et, de ce fait, ne maîtrise pas ses prix. Sans compter que cette énergie comporte aussi des avantages environnementaux. 

10 fois moins de CO2

En premier lieu, la combustion du biogaz produit 10 fois moins de CO2 que le gaz naturel, indique Laurence Poirier-Dietz. Ce qui implique une forte réduction de la pollution atmosphérique, mais aussi une réduction des gaz à effet de serre en empêchant au méthane d’accéder à l’atmosphère. De plus, la méthanisation des déchets organiques laisse derrière elle un résidu très utile : le digestat, qui peut servir comme fertilisant dans les champs à la place des engrais chimiques.

Une énergie verte

Le biogaz est également beaucoup plus écologique que sa contrepartie, le gaz naturel. Ce dernier doit en effet être extrait du sous-sol par des procédés complexes et souvent polluants, comme la fracturation hydraulique, dont on parle beaucoup dans le domaine du pétrole. Et puis le gaz naturel n’est pas une source d’énergie renouvelable ; comme pour les autres hydrocarbures, les réserves s’épuisent à grande vitesse. Au contraire, le biogaz peut être produit indéfiniment, puisqu’il s’inscrit dans un cercle vertueux ; tant qu’il y aura de l’agriculture, il y aura des gisements de biogaz. 

Un avantage économique

Le biogaz pouvant être produit localement, cela présente un avantage économique puisque son exploitation n'implique pas de transport sur de longues distances. Par ailleurs, Laurence Poirier-Dietz estime le prix de vente entre 90 et 100 euros le mégawattheure pour le biogaz, ce qui serait "un petit peu en dessous que les prix du marché du gaz" qui a subi des fluctuations importantes du fait de la guerre en Ukraine et de la reprise économique. Enfin, cette technique permet d'assurer aux agriculteurs un revenu complémentaire dans un contexte de grande fragilité des ressources.

Le problème des nuisances

Pour autant, il existe quelques points négatifs. Le méthaniseur est une grosse installation qui nécessite des investissements conséquents. De plus, certains riverains se plaignent des paysages défigurés par ces énormes complexes. Parmi les autres nuisances souvent avancées, il y a aussi les odeurs aux alentours – d’autant que certaines installations, vétustes ou faites à la va-vite, présentent des fuites et laissent échapper jusqu’à 10% du précieux méthane. Enfin, une fois l'aspect financier de départ surmonté, les coûts de fonctionnement et d’entretien du gisement sont élevés. 

Pollution des sols

Autre argument souvent avancé par les opposants à la méthanisation : le risque de pollution des sols si le procédé est mal réalisé. Cette technique contribuerait aussi à la dégradation des sols du fait que les déchets agricoles ne sont plus utilisés pour les enrichir, mais pour produire du biogaz.

Une faible disponibilité

Enfin, le biogaz reste peu utilisé en France et n'a donc pas de quoi satisfaire les besoins de tous les Français. Avec une capacité installée de 6,4 térawattheures (THW), "c’est 1 % de la consommation française (1,5 million de logements chauffés)", avance la présidente de GRDF. Il y aurait cependant un potentiel important. Selon Laurence Poirier-Dietz, à l'horizon 2030, "nous pourrions consommer 20% de gaz renouvelable, soit l’équivalent du gaz russe", avance-t-elle, ajoutant que des usines sont en construction : "Cette année, il y 150 méthaniseurs qui sont en travaux".


Virginie FAUROUX

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