"Il y a une opportunité climat" : comment les entreprises intègrent l’urgence climatique dans leur stratégie

Publié le 16 septembre 2020 à 11h16
"Il y a une opportunité climat" : comment les entreprises intègrent l’urgence climatique dans leur stratégie
Source : JACQUES DEMARTHON / AFP

ENVIRONNEMENT - Confrontées à l’urgence du dérèglement climatique, les entreprises sont forcées de s’adapter et de prévoir sur le long terme.

"Nous vous écrivons pour vous demander, en tant que dirigeants européens, d'éviter les pires effets du climat et assurer une reprise économique durable et compétitive". Cette exhortation ne vient pas d'un collectif d'associations de défense pour le climat mais d'entreprises et investisseurs mondiaux. Signe que les temps changent, plus de 150 sociétés et investisseurs, dont EDF, Apple ou encore Google, ont appelé mardi les dirigeants européens à viser une réduction d'au moins 55% des gaz à effet de serre d'ici 2030 dans une lettre ouverte.

Une stratégie qui s'avère payante

De fait, de plus en plus de grands groupes ont intégré l’urgence climatique parmi leurs priorités. Et force est de constater que le choix de se verdir s’avère payant, comme le détaille Véronique Mariotti, d’EcoAct, une société de conseil en stratégie de réduction des émissions de CO2. Depuis le salon Produrable qui s’est tenu à Paris, elle assure que les différents acteurs économiques sont nombreux à s’y intéresser : les investisseurs d’abord, qui scrutent les notations environnementales des entreprises, mais aussi les fournisseurs, "très vulnérables aux risques liés au climat, que ce soit des inondations ou une évolution de la taxe carbone qui impacte certains matériaux”. 

Important dans la stratégie et le business mais aussi pour recruter les meilleurs profils.  La nouvelle génération  “souhaite avoir un métier qui fait sens et intégrer une société qui prend des engagements forts”, précise Véronique Mariotti. Et, en bout de chaîne, le consommateur, lui aussi, choisit de manière de plus en plus ce qu'il achète en tenant compte de critères éco-responsables. 

Présent lui aussi au salon Produrable à Paris début septembre, le PDG de Vattenfall Energies, Henri Reboullet, est revenu sur la stratégie du distributeur d’électricité pour se passer complètement des énergies fossiles d’ici 2030, et de ne plus investir dans l’énergie nucléaire. Pour ce faire, le groupe suédois qui s’est implanté dans sept pays européens, dont la France, mise sur les énergies renouvelables, en particulier les éoliennes offshores (en mer) et investit déjà 1 à 2 milliards d’euros dans ce secteur. 

Construire des bâtiments transformables dans le temps

Dans la construction en particulier, les entreprises doivent repenser leurs pratiques : isolation thermique des bâtiments, nouveaux matériaux moins polluants… Arep, l’agence d’architecture filiale de SNCF Gares et Connexions, se targue ainsi d’être "le groupe des mobilités durables". ”Il y a une opportunité climat mais aussi beaucoup de travail derrière : celui de respecter l’Accord de Paris (...) et de construire des bâtiments simples, pour les transformer dans le temps”, assure Raphaël Menard. Face à la menace du réchauffement des températures, il dit avoir “un rêve” : “que la gare devienne un refuge climatique”. Avant de citer l’exemple de la nouvelle gare de Rennes, inaugurée en juillet 2019, autour de laquelle un quartier végétalisé doit être achevé d'ici à la fin de l’année.

Voici à quoi devrait ressembler l'avenue Janvier, près de la gare de Rennes
Voici à quoi devrait ressembler l'avenue Janvier, près de la gare de Rennes - Artefacto / Rennes Métropole

Mais pour atteindre la fameuse neutralité carbone, visée par l’Union européenne d’ici 2050, il faudrait compenser son empreinte carbone mais aussi “aller au-delà”, selon Véronique Mariotti en séquestrant le carbone, avec des projets de reforestation par exemple. Pour l’experte d’EcoACt, un tournant s’est opéré dans la stratégie des entreprises en 2017 avec les recommandations du groupe de travail sur les informations financières liées au climat (TCFD pour Task force on climate-related financial disclosures), lancé lors de la COP21 deux ans plus tôt, où le sujet de l’impact du changement climatique est entré au coeur des préoccupations : "Le sujet climat a alors dépassé le simple cadre des directions développement durable ou RSE des entreprises pour intégrer les directions stratégie et le Comex des entreprises."  Signe que le sujet est au coeur des stratégies des entreprises. 


Caroline QUEVRAIN

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