Impact positif : le réemploi des emballages trace son sillon dans les supermarchés

Publié le 3 novembre 2021 à 10h03, mis à jour le 3 novembre 2021 à 10h15

Source : JT 20h Semaine

MOUVANCE - Pour limiter l’utilisation d’emballages en plastique, omniprésents dans les rayons alimentaires et de produits d’entretien, plusieurs enseignes de grandes surfaces rivalisent d’initiatives, des contenants réutilisables au recyclage des déchets des magasins.

Ils restent 500 ans dans la nature avant de se dégrader. À compter du 1er janvier, les emballages plastiques seront bannis pour la plupart des fruits et légumes. Mais pour les autres aliments et pour les produits ménagers, de grandes surfaces tentent les contenants réutilisables. Avec un objectif en tête : éviter que le plastique des sachets de gâteau ou encore le carton des paquets de yaourts finissent à la poubelle. 

Ces emballages sont pourtant omniprésents, puisque selon la fondation Heinrich Boll, 45,5 % de la consommation de matières plastiques sert à les fabriquer. Ils sont aussi peu recyclés : même triés dans le bac jaune, ils partent souvent à l’incinérateur. Seulement, 5 % des emballages en plastique ont été recyclés en 2019, contre 61 % des bouteilles et flacons, 57 % des briques, 85 % du verre, 48 % de l’aluminium et 100 % de l’acier des canettes ou boîtes de conserve, d’après Citeo, entreprise spécialisée dans le recyclage des emballages ménagers.

Le retour de la consigne : des contenants réutilisables à ramener en magasin

Pour lutter contre ce fléau, certaines enseignes misent sur le retour de la consigne au goût du jour. Dans un centre Intermarché d’Alsace, la consigne revient au goût du jour : il est possible de récupérer sa viande, sa charcuterie ou son poisson dans une boîte en verre fournie par le supermarché. "On est quatre à la maison, ce qui fait beaucoup d’emballages, alors qu’on en a désormais beaucoup moins", se réjouit une consommatrice dans le reportage en tête d'article. 

Pour chacun de ses achats, cette mère de famille paie un supplément pour le contenant, entre 2,50 et 4 euros en fonction de la taille de la boîte refermable. Mais une fois qu’elle est vide, il est possible de le ramener à une borne automatique qui offre un remboursement en bons d’achat. L’opération est donc gratuite. Charge ensuite au magasin de nettoyer les contenants récupérés, dans l’arrière-boutique du supermarché, avant réutilisation. 

L’initiative rencontre un franc succès : en deux mois, 200 plats sont déjà en circulation. Mais la consigne ne se cantonne pour l’heure qu’aux produits vendus à la coupe, alors que dans les rayons, plastique et emballages dominent encore.

L’enseigne Carrefour a toutefois peut-être trouvé la parade. Dans une quinzaine de points de vente, comme celui de Montesson, dans les Yvelines, proposent de nouveaux rayons, où il est possible de n’acheter les produits que dans des boîtes en aluminium et pots en verre réutilisables plusieurs dizaines de fois. Sont concernés bouteilles, yaourts, mais aussi produits ménagers : une cinquantaine de marques sans aucun emballage plastique, tout étant consigné. 

Des produits plus chers qu'avec un emballage classique

Là aussi, les produits sont un peu plus cher, de quelques centimes à 4 euros pour le café ou les céréales, mais la différence est remboursée dès que le client restitue à l’entrée du magasin les bocaux et boîtes vides, en scannant les emballages via une application. "À nous de le nettoyer, de le re-remplir, et de réussir à le revendre", ajoute Bertrand Swiderski, responsable RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) du groupe Carrefour. "On donne une durée de vie plus importante aux emballages, se réjouit un client. Pour l’instant, le rayon est assez petit, j’espère qu’il va s’agrandir."

Pour autant, si l’emballage est remboursé, certains produits vendus en consigne restent vendus plus chers que lorsqu’ils sont emballés dans du plastique. Par exemple, des céréales au chocolat bio présentées dans une boîte en aluminium coûtent 11,97 euros le kilo, contre 8,77 euros pour l’emballage en carton. Il faut également que les consommateurs prennent ce nouveau pli. "Je trouve ça très bien, mais il faut se réhabituer à la consigne", estime une cliente. 

Un pare-choc de voiture à partir des bacs en polystyrène du poissonnier

D’autres enseignes préfèrent davantage miser sur le recyclage. Chaque matin, plus de 500 magasins système U, tous les déchets du supermarché sont triés, des bacs en polystyrène du poissonnier jusqu’aux emballages des produits lors de la mise en rayon. Dans la réserve, chaque matière finit dans une benne spécifique. "Avant, tout était mélangé alors que maintenant, c’est quand même plus pratique", salue une salariée. 

Une fois compressés, les déchets sont acheminés à une dizaine de kilomètres, dans une usine de recyclage où les emballages sont broyés pour former ensuite des blocs. Le polystyrène peut ainsi être transformé "en pare-choc de voiture, en pot de fleurs ou en isolation du bâtiment", explique Pascal Figiel, coordinateur de la démarche U Éco Raison. L’enseigne recycle ainsi chaque année plus de 500 tonnes de polystyrène, 7000 tonnes de plastique et 100.000 tonnes de carton. 

La France s’est aussi fixé l’objectif de mettre fin au plastique à usage unique d'ici à 2040. À l’horizon 2030 déjà, 20 % des produits proposés à la vente dans les grandes et moyennes surfaces devront être vendus en vrac, contre 1 à 3 % aujourd’hui.


La rédaction de TF1info (avec AFP)

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