Incendies en Australie : les climatosceptiques derrière une grande campagne de désinformation

Publié le 13 janvier 2020 à 11h50, mis à jour le 13 janvier 2020 à 11h56

Source : JT 13h Semaine

FEUX - Depuis le mois de septembre, des centaines d'incendies ravagent l'Australie. Et alors que de nombreux scientifiques attribuent ce drame au changement climatique, des climatosceptiques lancent une large campagne de désinformation sur les réseaux sociaux.

Les pompiers australiens ont crié victoire ce lundi. Ils ont annoncé avoir réussi à maîtriser le plus important brasier du pays, dans la zone montagneuse de Gospers, au nord-ouest de la banlieue de Sydney. Il était hors de contrôle depuis presque trois mois. Depuis début septembre, l'Australie fait face à des feux de brousse sans précédent, ravageant tout sur leur passage. 10,3 millions d’hectares sont déjà partis en fumée, tandis que 28 personnes et 1,25 milliard d’animaux, dont des milliers de koalas et de kangourous rapporte WWF, ont péri.

Liés à une sécheresse particulièrement importante et à des températures extrêmes en Australie, ces incendies sont sans aucun doute, pour les scientifiques, aggravés par le réchauffement climatique. Sur son site internet, le Bureau météorologique australien affirme que "le changement climatique influence la fréquence et la sévérité des conditions de feux de forêt dangereux". Pourtant, certains doutent encore et tentent d'influencer la population. Des chercheurs ont ainsi observé que la crise actuelle avait donné lieu à une  campagne de désinformation "sans précédent" dans l'histoire du pays, avec des  "bots" (programmes informatiques qui envoient automatiquement des messages) déployés pour défendre l'idée que les feux ne sont pas liés au réchauffement climatique.

Des "bots" pour orienter l'opinion publique

Alors que des médias, des sites et des hommes politiques conservateurs du monde entier défendent l'idée que les feux seraient en fait criminels, le hashtag #arsonemergency ("urgence incendie criminel") est notamment utilisé en force sur les réseaux sociaux.

Timothy Graham, expert des médias numériques à l'Université de technologie du Queensland, explique à l'AFP que, selon ses recherches, la moitié des comptes Twitter utilisant ce hashtag semblent se comporter comme des "bots" ou des "trolls", ces internautes publiant des messages intentionnellement provocateurs. "Nos conclusions révèlent un effort concerté pour désinformer le public sur les causes des feux de forêt", indique-t-il. "Cette campagne est sans comparaison dans son ampleur avec ce qu'on a pu voir dans d'autres pays, comme lors de la présidentielle américaine de 2016, mais ce niveau de désinformation en Australie est sans précédent."

87% sont causés par l'homme. Pas par le changement climatique.
Un utilisateur de Twitter

"Il y a, en moyenne, 62.000 feux de brousse en Australie CHAQUE année. Une analyse satellite de 113.000 incendies de 1997 à 2009 indique que 40% des incendies sont délibérément allumés, et que 47% le sont accidentellement. Combiné, 87% sont causés par l'homme. Pas par le changement climatique", soutient par exemple un utilisateur de Twitter. 

"J'ai fait la liste des 10 plus gros incendies à partir des données fournies par les pompiers de Nouvelle-Galles du Sud pour essayer de découvrir comment ils ont débuté. Tous ceux que j'ai trouvé ont été allumés par l'homme", croit savoir un autre.

Le Premier ministre australien pas vraiment convaincu de l'influence du changement climatique

Grand défenseur de l'industrie du charbon, le Premier ministre conservateur Scott Morrison n'a fini par reconnaître que le 12 décembre, après une manifestation qui avait rassemblé près de 20.000 personnes à Sydney, que le changement climatique était l'un des "facteurs" à l'origine des incendies. Il reste malgré tout le plus possible sur la réserve à ce sujet. Ainsi, interviewé le 10 janvier dernier par des journalistes lui demandant si la gravité de ces feux deviendrait la norme du fait du réchauffement climatique, il a tenté d'esquiver la question. "Écoutez, nous en avons déjà parlé nombre de fois", a-t-il balayé.


La rédaction de TF1info

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