D'importants feux de forêts ravagent l'Hexagone depuis plusieurs jours.Des incendies qui touchent le sud de la France, mais aussi, fait plus rare, la moitié nord, dans le Finistère notamment.Une nouvelle donne à laquelle les pompiers vont devoir s'adapter.
Alors que la France est touchée par la canicule et par une sécheresse d'ampleur, les incendies se multiplient à travers le pays. En Gironde, deux feux dévastateurs ont brûlé près de 20.000 hectares de forêts. Des incendies parmi les plus importants qu'ait connu l'Hexagone ces dernières années et qui mobilisent près de 1700 pompiers venus en renfort de différents départements.
En parallèle de ce front, les soldats du feu doivent lutter contre un incendie en Bretagne où près de 1400 hectares sont partis en fumée aux Monts d'Arrée, dans le Finistère. Des territoires dans lesquels ce genre d'événement est pourtant plutôt rare. Mais les feux de forêts dans le centre et le nord de la France pourraient se multiplier dans les années à venir. Une nouvelle donne due au changement climatique à laquelle les territoires et les secouristes vont devoir s'adapter. Le Colonel Éric Belgioïno, directeur départemental du Service départemental d'incendie et de secours (Sdis) des Pyrénées-Orientales et représentant de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, fait le point pour TF1info.
Des feux plus fréquents
Cet été, on observe un phénomène auquel nous étions peu habitués : les feux de forêts ne touchent pas seulement le sud de la France, mais également les régions du centre et du nord, comme la Bretagne. Comment l'expliquer ?
Avec le dérèglement climatique, c'est une situation qui s'accentue depuis 2019, date de la dernière canicule importante qui a sévi dans le pays. Par exemple, dans le département de l'Indre, en 2019, 1000 hectares de forêt et de végétation ont été détruits. Depuis ce temps, il y a une prise de conscience des différents Sdis situés dans le centre et le nord de la France face à ces risques.
La canicule provoque une sécheresse avancée des végétaux, et dès lors que vous avez des températures qui dépassent les 30°C et des taux d'humidité inférieurs à 30% avec des vents supérieurs à 30 km/h, toutes les conditions sont réunies pour qu'avec une source d'ignition cela engendre des feux importants et complexes à traiter. Et c'est ce qu'on observe de plus en plus dans ces territoires qui, jusqu'à présent, étaient plutôt habitués à ce qu'on appelle des feux de chaume, qui touchaient les récoltes. Les feux de forêts sont aujourd'hui plus fréquents dans ces zones.
La Fédération des sapeurs-pompiers de France appelle à éduquer plus efficacement aux risques qui augmentent en lien avec des événements climatiques
Les feux de forêts dans le centre et le nord de la France vont-ils devenir la norme en France ?
Cette année est vraiment particulière, avec des températures qui nous rappellent la situation que nous avons vécue en 2003 (première grande canicule ayant touché la France, ndlr). Pour autant, le dérèglement climatique est une réalité et il va falloir que l'on s'habitue à avoir des saisons de cette nature de manière plus fréquente. Et si les épisodes ne seront peut-être pas aussi intenses, ils seront plus longs. On le voit déjà dans le sud, la saison des feux s'étend désormais d'avril/mai à septembre/octobre alors qu'il y a une dizaine d'années, elle se limitait aux mois de juillet et d'août.
Au 19 juillet, dans l'Hexagone, sur les 29 feux qui sont en cours d'être maîtrisés ou sous surveillance, 25% se situent au-delà de la zone sud et de la zone sud-ouest. Si les surfaces brûlées sont plus faibles, avec environ 1700 hectares touchés contre les 19.000 de l'incendie de Landiras, il est plus difficile de lutter contre ces incendies en raison des moyens moins importants et des effectifs moins habitués au risque de feu de forêt.
C'est pour cela que la Fédération des sapeurs-pompiers de France appelle à la création d'un secrétariat d'État à la protection civile, pour les feux de forêts, mais également plus largement pour éduquer plus efficacement aux risques qui augmentent en lien avec des événements climatiques.
Rendre les massifs plus accessibles
Qu'est-ce que cela change pour les pompiers en France ? Et comment faire face à ces nouveaux risques ?
Il va falloir que les départements qui ne sont pas situés dans ces zones du sud et du sud-ouest s'organisent pour préparer et anticiper ces risques. Cela demande une phase de planification avec la mise en place de plans de prévention des feux de forêts, ce que certains départements ont déjà lancé. Il faut également identifier les zones dites "à risque" en termes d'incendies, analyser les équipements à disposition des sapeurs-pompiers et notamment les pistes DFCI, des pistes que les soldats du feu empruntent pour aller au cœur des feux. C'est un sujet primordial puisque ces pistes existent dans les zones sud et sud-ouest, mais assez peu au-delà, ce qui rend l'accès aux feux de forêt dans le nord ou le centre plus difficiles pour nous.
C'est ce qu'il se passe dans le Finistère aujourd'hui, avec de gros massifs peu accessibles, ce qui complexifie le travail pour réduire la surface brûlée et permet à l'intensité de l'incendie de s'accentuer. Il faut par ailleurs réfléchir au déploiement de citernes d'eau, citernes DFCI, au cœur des massifs qui nous servent pour lutter contre les flammes et de réduire les rotations de nos véhicules pour se ravitailler.
Enfin, il y a tout ce qui est règlementaire et qui ne s'applique pas en dehors des zones sud et sud-ouest, notamment l'obligation pour les particuliers de débroussailler leur terrain en espaçant les arbres de 50 à 100 mètres ou travailler sur l'entretien des forêts privées, qui représentent la majorité des massifs en France. Il faut faire tout un travail pour rendre plus accessibles les massifs forestiers aux secours pour leur permettre de traiter plus rapidement un feu naissant. Ce sont des règles qu'il va falloir adapter à ces territoires qui sont désormais confrontés à un double risque d'incendies : ceux de chaume et ceux de forêt.
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