Certains affirment que les incendies dévastateurs qui ont frappé la Gironde seraient liés à un projet de centrale solaire dans les Landes.Une rumeur née sur les réseaux sociaux, notamment par l'intermédiaire d'une vidéo devenue virale.Cette accusation infondée ne tient pas debout face à la réalité des faits.
"Le hasard n'existe pas." Ce commentaire, lancé ce vendredi 23 juillet sur Twitter, représente à lui seul l'esprit complotiste. Selon ses adeptes, chaque fait d'actualité cache en réalité un plan machiavélique. Et les deux incendies qui ont touché la Gironde n'y échappent pas. Depuis quelques jours, une accusation des plus graves enfle sur les réseaux sociaux : les flammes qui ont dévasté près de 21.000 hectares de forêt cacheraient un énorme projet de centrale solaire.
Une accusation qui part d'une simple coïncidence
L'un des principaux promoteurs de cette idée est un internaute amateur de vidéos farfelues sur la 5G et le Covid-19. Sur TikTok, l'homme a publié une vidéo devenue virale ce samedi, récoltant plus de 760.000 vues. Il s'y interroge sur la coïncidence entre un article publié il y a un an et le déplacement d'Emmanuel Macron après les incendies.
Capture d'écran à l'appui, il relaie un article de 20 Minutes intitulé "Gironde : un milliard d'euros d'investissement, 1000 hectares de forêt rasés… Le tentaculaire projet de ferme solaire Horizeo va faire débat". Avant d'instiller le doute auprès de ses quelque 20.000 abonnés : "C'est moi, où il y a un lien entre ces deux événements ?" Une rumeur qui, depuis, a pris de l'ampleur, en étant notamment partagée par les principaux influenceurs de cette sphère sceptique. Mais est-elle fondée ?
Comme le relatait la presse il y a moins d'un an, la Commission nationale du débat public (CNDP) a annoncé en septembre le lancement d'un "débat public de quatre mois" autour d'un projet, baptisé "Horizeo". Derrière ce nom, un parc solaire gigantesque, le plus grand du pays, voire d'Europe. Porté par les entreprises Engie, Neoen et RTE, il doit voir le jour en Gironde, "au cœur de la forêt landaise". Pour ce faire, la construction nécessitera le défrichement d'environ 1000 hectares de forêt d'un secteur très précis, dans la commune de Saucats, à 20 km au sud de Bordeaux.
S'il se trouve bel et bien en Gironde, l'endroit n'en demeure pas moins éloigné du périmètre où les deux incendies ont éclaté. Comme le montre la carte ci-dessous, la zone brûlée de la Teste-de-Buch se situe à plus de 50 kilomètres de Saucats, celle de Landiras à une vingtaine de kilomètres. Rien à voir, donc, avec le projet de parc photovoltaïque.
Alors, les industriels auraient-ils cherché à s'implanter sur un autre secteur ? Confrontée à ces accusations, ni Engie ni Neoen n'ont répondu dans l'immédiat. Mais l'hypothèse semble irréaliste. Et même "impossible à croire", souligne Philippe Barbedienne, directeur de la Sepanso Gironde, branche locale de cette fédération de protection de la nature et de l'environnement. Pourtant fervent opposant au projet, il décrit lui-même cette théorie comme un "fantasme de complotistes", la zone ne présentant selon lui "aucun intérêt" pour les maîtres d'ouvrage.
De fait, dans le compte rendu de la CNDP, on découvre que la zone sélectionnée à Saucats bénéficie de "la proximité d'un poste électrique de RTE disposant d'une capacité suffisamment importante pour recevoir la production du parc photovoltaïque". Ce qui évite de tirer des câbles sur une trop longue distance. Une qualité que les espaces incendiés ne possèdent pas. "La Teste-de-Buch et Landiras en sont beaucoup trop éloignés, les promoteurs n'auraient plus aucun intérêt à s'implanter dans la forêt des Landes", confirme Philippe Barbedienne.
La Teste-de-Buch et Landiras sont sans intérêt pour les promoteurs
Philippe Barbedienne, président de la Sepanso Gironde
Il est par ailleurs trompeur de laisser penser que la disponibilité du terrain pose un problème aux promoteurs. "Ils ont déjà l'accord d'un propriétaire de 2000 hectares d'un sol tenant", rappelle Philippe Barbedienne. Or, sur les zones parties en fumée, "il n'existe aucun propriétaire avec cette amplitude de terrain".
Autant de contre-arguments qui rendent "ce fantasme" strictement impossible aux yeux de cet ancien pompier forestier. La seule "crainte" que Philippe Barbedienne nous confie ? Voir les promoteurs d'Horizeo utiliser la tragédie girondine comme "alibi". "Le risque, c'est qu'ils compensent la déforestation de la zone à Saucats en replantant des pins dans les zones brûlées."
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