26 jours sans pluie en France : "Le mois de mars est le dernier pour recharger les nappes phréatiques"

Elle est la grande absente de cet hiver, et elle inquiète. Ce 16 février, la pluie n'est pas tombée sur l'Hexagone depuis 26 jours et le 21 janvier dernier, battant le dernier record hivernal de 1989, (22 jours sans pluie). Une situation qui ne semble pas prête de s'améliorer, Météo-France ne prévoyant pas de précipitations significatives dans les jours à venir. 

Résultat : les sols s'assèchent, et les nappes phréatiques, aux niveaux déjà affaiblis par la sécheresse de l'été dernier, ne se remplissent pas. Une situation inquiétante avant l'arrivée du printemps, à un moment-clé dans le remplissage de nos réserves souterraines en eaux. Éclairage avec Simon Mittelberger, climatologue à Météo-France. 

Quelle est la situation actuelle ? 

D’un point de vue pluviométrique, nous sommes, depuis le mois de septembre, sur un déficit de 14%, qui concerne principalement la moitié sud et surtout l’ex-région Languedoc-Roussillon. À cela s'ajoute un mois de février extrêmement sec sur l'ensemble du territoire, avec une série de 26 jours sans précipitations, qui devrait durer dans les jours à venir ! 

On a enregistré seulement deux séries plus importantes sans pluies consécutives : une de 28 jours entre octobre et novembre 1978, et une autre de 31 jours, entre mars et avril 2020. L'état des sols, qui sont plus secs que la normale et qui commencent à s’assécher, est inquiétant. On est aujourd’hui dans une situation que l'on devrait rencontrer normalement au milieu du mois d’avril, ce qui veut dire que l’on a deux mois d’avance.

Pourquoi est-il important qu'il pleuve à cette période ?

Dans les prochains jours, on n'a toujours pas de prévisions de précipitations significatives en vue.  Sur la semaine prochaine et à dix jours, on a des incertitudes trop fortes pour avancer des prévisions. À long terme, sur les prochains mois et notamment au printemps, on n'a pas de scénario prédominant.

La situation pourra évoluer surtout en mars, mois jusqu'à la fin duquel on considère que les nappes phréatiques se rechargent en eau. Passé cette date, avec l’arrivée du printemps au mois d’avril, les nappes se rechargent très peu. Les températures sont en effet plus élevées, provoquant l'évaporation des précipitations, et la végétation repart à cette saison, puisant de l’eau. Le mois de mars est, en quelque sorte, le dernier mois qu’il va nous rester pour recharger les nappes phréatiques.

Les nappes phréatiques peuvent-elles encore se remplir d'ici à l'été ?

Le risque, à court terme, sera principalement une moins bonne alimentation des nappes phréatiques, dont les niveaux étaient déjà nettement inférieurs à la normale avant l'automne, qui n'ont pas pu être rattrapés par les quelques pluies de novembre. Si l'on venait à avoir des précipitations dans les prochains jours, il faudrait tout d’abord que celles-ci humidifient les sols, qui agissent comme une éponge, avant que les nappes ne se remplissent. L'idéal, ce serait donc d'avoir des pluies régulières dans le temps, sur plusieurs jours, plutôt que des précipitations très intenses, comme les orages.

Tout peut changer si on a un printemps pluvieux ou au contraire très sec. D'autant qu'en termes de réserves d’eau disponibles pour les mois à venir, l’état d’enneigement des massifs, dans les Pyrénées comme dans les Alpes, est, lui aussi, nettement déficitaire par rapport à la normale. Un faible enneigement qui se traduira, au printemps, lors de la fonte des neiges, par une alimentation en eau des rivières nettement plus faible que la normale, si le mois de mars n’est pas marqué par de fortes précipitations neigeuses.