INVASION - Dans les espaces verts des grandes villes, leur plumage vert côtoie désormais celui, gris, des pigeons. Depuis plusieurs années maintenant, des perruches à collier ont colonisé les zones urbaines françaises. Une conséquence directe du réchauffement climatique ? Nous avons posé la question à Olivier Païkine, chargé d'études pour la Ligue de Protection des Oiseaux.
Avec leur plumage vert, les perruches à collier colonisent la France à vitesse grand V. Originaires d'Asie et d'Afrique, ces oiseaux originaires d'Asie et d'Afrique ont été relâchés par accident dans les années 70. Importées par avion pour être vendues dans les animaleries françaises, une centaine d'entre elles a réussi à prendre la fuite depuis l'aéroport d'Orly, alors que leurs cages étaient débarquées de l'appareil. Depuis, leur nombre ne cesse de croître dans le pays. Alors qu'elles étaient environ 1.500 en 2009 dans le bassin parisien par exemple, elles seraient aujourd'hui entre 7.000 et 8.000. D'autres foyers ont été signalés à Marseille, Toulouse, Roubaix en encore Nancy. À l'étranger, la situation est identique. Londres compterait ainsi plus de 30.000 perruches à collier.
Alors qu'on aurait pu s'attendre à voir ces oiseaux exotiques rapidement dépérir dès les premières gelées, ceux-ci semblent s'être très bien acclimatés. Faut-il y voir une conséquence du réchauffement climatique ? Olivier Païkine, chargé d'études pour la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), nous répond.
L'adoucissement des hivers, un phénomène qui favorise la multiplication des perruches à collier
"Puisqu'elles sont présentes sur le territoire depuis déjà une soixantaine d'années, il n'est pas juste de dire que la présence des perruches à collier s'explique par le réchauffement climatique. Il s'agit avant tout d'un oiseau très intelligent doté d'une grande capacité d'adaptation", explique le spécialiste. De plus, ces volatiles sont loin de faire la fine bouche en matière de régime alimentaire, ce qui augmente d'autant plus leurs chances de survie. Elles se nourrissent aussi bien d'insectes que de fruits et de graines, dont certaines ne peuvent pas forcément être consommées par les espèces locales.
Néanmoins, concède Olivier Païkine, "il est vrai qu'étant originaires des régions chaudes, ces oiseaux peuvent voir leur développement favorisé avec la hausse des températures. Plus les hivers sont doux, meilleure est la survie hivernale". D'autant qu'il en va de même pour les insectes, qui sont également plus nombreux l'hiver en raison du réchauffement. "D'autres espèces, comme les hirondelles ou les pouillots véloces qui avaient l’habitude de migrer en Afrique subsaharienne, prennent ainsi l’habitude d’hiverner en France."
Pour l’instant elles occupent une place vacante, une niche écologique encore inoccupée.
Olivier Païkine, chargé d'études pour la LPO
Si la multiplication des perruches est exponentielle, le chargé d'études se réjouit pour autant que celles-ci se cantonnent aux zones urbaines et péri-urbaines. Un stationnement qui s'explique non seulement par l'abondance de nourriture, par les températures plus élevées qui y règnent, mais aussi par la présence de nombreux platanes, abris idéal pour ces cavernicoles. "Les platanes dans les arbres les aident à s’installer puisqu’il s’y trouve des cavités, naturelles ou pouvant aussi être formées par l’élagage."
Selon lui, leur présence ne poserait actuellement pas de problème global de cohabitation avec les autres espèces. "Pour l’instant, elles occupent une place vacante, une niche écologique encore inoccupée", assure-t-il. Seuls quelques cas de conflits peuvent se produire en cas de surpopulation locale avec des espèces qui ont des ressources ou des habitats comparables, à l'instar des écureuils ou des chouettes, qui logent eux aussi dans des cavités. Ces mêmes animaux représentent d'autre part des prédateurs potentiels pour les perruches à collier, les chouettes hulottes, comme les faucons pèlerins, en faisant de temps en temps leur repas, tandis que les écureuils se nourrissent en partie d’œufs d'oiseaux. "Les principaux problèmes, à l'heure actuelle, sont ceux des nuisances sonores engendrées par leur cris perçants" fait remarquer le spécialiste des oiseaux.
Contrer l'invasion ? Il est déjà trop tard
Pour autant, la situation n'est pas encore telle que l'on doive envisager de mener des campagnes d'éradication, comme cela a pu être mené aux Seychelles, où les perruches à collier mettent en danger plusieurs espèces d'oiseaux endémiques. "En France, estime Olivier Païkine, il est a priori un peu tard pour agir. Par précaution, il aurait fallu le faire le plus tôt possible. Elles commencent à être trop nombreuses pour que l’on puisse s’en débarrasser complètement. Il faudra vivre avec et s’adapter", conclut-il, précisant que cela n'empêche cependant pas des actions locales d'être menées.
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