Des messages aux accents climatosceptiques remettent en doute l'influence du changement climatique dans la fonte des glaciers alpins.Selon leurs auteurs, ils auraient connu leur période la plus intense de fonte durant la deuxième moitié du 19e siècle, soit avant les premiers effets de nos émissions de gaz à effet de serre.Si leur taille a bien été réduite durant cette période, gare à ne pas nier l'impact des activités humaines depuis 120 ans.
Et si l'activité humaine n'était qu'un ingrédient mineur du changement climatique ? Cet argument, fréquent au sein des sphères climatosceptiques, se trouve régulièrement exposé sur les réseaux sociaux, à travers des publications qui cherchent à montrer que le climat a de tout temps connu d'importantes variations. Dernier exemple en date : un message posté sur X (ex-Twitter) se focalisant sur la fonte des glaciers dans les Alpes. La période où ils "ont le plus reculé" est située "1850-1900, et de loin", peut-on lire. Une affirmation que TF1info a confrontée à l'expertise d'un glaciologue.
La fin d'un "petit âge glaciaire"
Spécialiste des glaciers et de l'impact du changement climatique sur leur évolution, Etienne Berthier reconnaît sans mal qu'il y a "pas mal de vrai" dans cette publication en ligne. Et pour cause : "Les glaciers ont reculé à un rythme assez rapide" dans les Alpes sur cette période 1850-1900, alors que nous nous trouvions au sortir "d'une période froide que l'on nomme le petit âge glaciaire".
Le directeur de recherche au CNRS indique que pendant plusieurs siècles, les glaciers ont progressé et gagné en masse, un mouvement qui s'est inversé à l'orée de la seconde moitié du 19e siècle. Le petit âge glaciaire, qui s'est étiré sur environ cinq siècles, s'est caractérisé par "une réduction de l'activité solaire et des périodes d'éruptions volcaniques plus intenses", note Etienne Berthier. Un volcanisme synonyme de rejets massifs de particules dans l'air, "qui peuvent rester durablement dans l'atmosphère et engendrer une sorte d'effet parasol". Les rayons solaires ont ainsi été en partie filtrés, ce qui a favorisé un climat plus froid.
"Nous n'avons pas de problèmes, nous autres glaciologues, à décrire les variations de la masse des glaciers", y compris quand ceux-ci sont aujourd'hui plus avancés que par le passé, glisse le chercheur. "Pour autant, ce que l'on voit aujourd'hui, c'est que partout sur Terre, les glaciers perdent de la masse. Il s'agit d'un mouvement généralisé." Le représentant du CNRS évoque par ailleurs une étude récente portant sur le glacier d'Argentière, dans le massif du Mont-Blanc. Les conclusions sont sans appel : "Quand on regarde les pertes de masse de ce glacier depuis 1850, deux tiers s'expliquent par des facteurs anthropiques", c'est-à-dire liés à l'activité humaine. Et "un tiers seulement par les changements du climat". Un constat qui peut être étendu à une majorité des glaciers alpins.
En ce début de 21e siècle, on constate une "évidence de l'impact global des gaz à effet de serre", qui se répartissent de manière générale à travers le globe. Des travaux faisant référence chez les glaciologues, datés de 2014, ont tenté de mettre en lumière l'impact des activités humaines sur les glaciers, tout en les distinguant des modifications apportées par les évolutions naturelles du climat. Il en ressort que sur la période 1990-2010, la diminution de la masse des glaciers s'explique "à 70% par des facteurs humains".
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